J'ai quelque chose à vous dire...

J’ai quelque chose à vous dire… Jean-Paul Rappeneau

Cher Jean-Paul Rappeneau,

© Fred Teper

Si je me décide à vous écrire aujourd’hui c’est que la rétrospective organisée en votre honneur par La Cinémathèque Française me rappelle avec acuité à quel point vous êtes un cinéaste cher à mon cœur, l’un de ceux qui a créé chez moi le plaisir cinéphile dans ce qu’il a de plus organique, de plus sensitif et cette prouesse vous l’avez réussie en seulement huit films. Je me devais de vous le dire, de vous remercier pour ces moments qui constituent encore des pépites dont je ne me lasse jamais. Vous avez donné à tous vos longs métrages des couleurs différentes mais ils ont en commun votre sens inégalé du rythme et du mouvement virevoltant, de l’ivresse qui vous étreint quand la beauté du cadre répond à l’élégance du déplacement des comédiens dans une symphonie dont le crescendo est la récompense suprême. C’était là dès vos débuts, dès La vie de Château votre premier long métrage, à croire que ce don immense pour faire danser les histoires par votre folle élégance était inné.

C’est du bonheur en bouquet que vous nous offrez depuis 1966 cher Jean-Paul Rappeneau mais notre histoire commune n’a pas démarré si tôt. Mon coup de foudre artistique pour votre travail eut lieu en deux temps, le premier en découvrant enfant à la télévision dans la fameuse case du Film du Dimanche soir, votre deuxième film, Les Mariés de l’an Deux où vous dirigiez mon héros, Jean-Paul Belmondo et où je fus instantanément emporté par la comédie et cette manière si caractéristique qu’ont vos personnages de bouger dans un cadre jamais figé. J’étais trop ignorant du cinéma à l’époque pour en saisir les nuances, ni pour comprendre votre faculté maîtresse de réussir un cinéma qui soit tout à la fois populaire et exigeant, mais je me souviens de ce plaisir si vif toujours présent aujourd’hui en regardant ce film, de cette joie enfantine lorsque retentissaient les notes de Michel Legrand pour donner naissance à cet air entêtant. Et entre Belmondo mon héros et les tâches de rousseur de Marlène Jobert j’étais sous le charme et la séance d’hypnose n’a jamais pris fin.

Mon second coup de foudre artistique pour votre travail ce fut en découvrant Cyrano De Bergerac sur grand écran le jour de sa sortie, le 28 mars 1990. Si être impressionné au cinéma signifie quelque chose, devant votre merveille, je fus estomaqué, subjugué, renversé, captivé, bouleversé comme rarement. J’ai tout aimé de votre film, de la manière enchanteresse avec laquelle vous parveniez à nous faire aimer une pièce du répertoire classique en la modernisant tout en y restant d’une fidélité extrême dans l’esprit. Votre audace, votre jubilation palpable à faire tournoyer les héros d’Edmond Rostand devant votre caméra, la virtuosité dont les alexandrins se répondaient entre eux sans que jamais ils ne soient récités de manière appuyée, l’émotion qui transperçait l’écran ainsi que la prestation stratosphérique de Gérard  Depardieu, je ne pouvais que sécher mes larmes de bonheur en comprenant enfin que je vous aimerais pour la vie.

J’ai bien évidemment dévoré votre œuvre par la suite car si j’avais vu La vie de Château, Le Sauvage ou Tout Feu, Tout  Flamme, je n’en avais pas saisi la densité, ni la cohérence et ce ne qu’à partir de Cyrano que se positionnèrent tout en haut de mon échelle personnelle les curseurs de ma passion pour votre travail. En 25 ans depuis Cyrano De Bergerac, vous n’êtes revenu que trois fois livrer à nos cœurs en manque le fruit de votre perfectionnisme. Le Hussard sur le toit, Bon Voyage et Belles Familles furent trois nouvelles magnifiques manières de voir votre science du rythme et du mouvement faire des merveilles. Nous ne nous lassons pas de vous attendre, cher Jean-Paul Rappeneau. Vous nous avez appris l’une des vertus rares et précieuses dans la vie d’un cinéphile pour que le plaisir des retrouvailles en soit décuplé: La patience. On patientera le temps qu’il faudra et comme vous le dit La Cinémathèque Française avec cette rétrospective, cher Jean-Paul Rappeneau, on vous aime infiniment, suffisamment pour que dès le générique retentisse on soit tout simplement Tout Feu, Tout Flamme.

Votre dévoué Fred Teper.

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Bonus Inédit : Le cinéma en alexandrins, l’aventure de Cyrano de Bergerac – un film de Jérôme Wybon (35 min)

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Bonus : Quand Jean-Paul rencontre Isabelle (36 min) Entretien inédit avec Jean-Paul Rappeneau (25 min)

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La Vie de château ; Les Mariés de l’an deux ; Le Sauvage ; Tout feu tout flamme ; Cyrano de Bergerac ; Le Hussard sur le toit

Bonus inédit : Dans les pas de Jean-Paul Rappeneau, un film de Jérôme Wybon (70 min)

Sortie au cinéma de Cyrano de Bergerac en version restaurée 4K le 26 octobre 2018 (Carlotta Films).

Rétrospective Jean-Paul Rappeneau au cinéma à partir du 7 novembre 2018 (Carlotta Films), avec La Vie de château, Le Sauvage, Tout feu tout flamme, Cyrano de Bergerac et Le Hussard sur le toit

Rétrospective Jean-Paul Rappeneau à La Cinémathèque Française du 24 octobre au 3 novembre 2018

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