Critiques Cinéma

QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT ? (Critique)

4 STARS EXCELLENT

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SYNOPSIS: Roger Rabbit est au trente-sixième dessous. Autrefois sacré star du cinéma d’animation, le lapin blanc est fortement préoccupé pendant les tournages depuis qu’il soupçonne sa femme, la sublime Jessica Rabbit, de le tromper. Le studio qui emploie Roger décide d’engager un privé, Eddie Valliant, pour découvrir ce qui se cache derrière cette histoire bien plus complexe qu’il n’y parait

Tout au long de sa filmographie, Robert Zemeckis n’aura jamais cessé d’innover et de réinventer sa mise en scène à travers de nouvelles formes de cinéma, de cultiver un enthousiasme juvénile et inépuisable, enfonçant d’abord la porte ouverte par ses confrères du nouvel Hollywood pour devenir l’un des plus grands « entertainer » de son époque. Refusant de s’installer dans le confort que lui offrait ce statut, il se lança à corps/fonds perdu dans de nouvelles aventures technologiques, telle que la motion capture (Le Pole Express, La Légende de Beowulf, Le drôle de Noël de Scrooge) dont il fut le premier grand maître. Qui Veut La Peau de Roger Rabbit ? n’est pas le moindre de ses accomplissements et sa sortie en 1988 peut être vue comme l’une des dates importantes de l’histoire récente du cinéma, tant ce que nous avons alors découvert en salle a représenté une petite révolution dans les mondes jusque là assez hermétiques du cinéma traditionnel et du cinéma d’animation. Film hybride qui pourrait n’être qu’un film concept sans l’incroyable énergie qui s’en dégage à chaque minute, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit? est à la fois un film d’animation, une comédie et un film noir, vibrant hommage au cinéma américain des années 40 (on pense en particulier au Faucon Maltais).

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Robert Zemeckis mixe les genres et des ingrédients connus (un détective usé, une femme fatale, une enquête sur un meurtre passionnel qui va révéler une machination) pour créer un cocktail jamais vu et totalement enthousiasmant, abolissant aussi bien les frontières des genres que les frontières cinématographiques, la comédie s’invitant dans le film noir et l’animation dans la prise de vue réelle. Adapté du roman de Gary K.Wolf  (Who Censored Roger Rabbit) Qui Veut la Peau de Roger Rabbit? est un projet initié par les studios Disney, qui sembla longtemps destiné à terminer au cimetière des films victimes du « Developement Hell » et c’est en 1985 que fut enfin lancée la production du film, en co-production avec Steven Spielberg et les studios Amblin. Pour le mettre en scène, Robert Zemeckis fut le premier nom coché par Disney dès 1982 (le film fut ensuite proposé à Terry Gilliam). Son rappel et sa confirmation en 1985, alors auréolé du succès de A la Poursuite du Diamant Vert (1984) et surtout du premier Retour Vers le Futur (1985), était tout à fait logique, au vu de son incroyable talent d’entertainer, de son intérêt pour la technique et de ses liens avec Steven Spielberg. Ce n’est toutefois pas minorer son apport essentiel dans la réussite du film, que de souligner l’importance du deux autres hommes: Steven Spielberg qui parvint à convaincre plusieurs studios d’autoriser l’exploitation de leurs personnages animés pour les besoins du film et Richard Williams. Qui Veut la Peau de Roger Rabbit est en effet la rencontre de deux grands techniciens, deux maîtres dans leur art : Zemeckis pour les prises de vue réelles et Richard Williams oscarisé pour son court métrage d’animation à Christmas Carol (1971), remarqué aussi pour la réalisation du générique de La Panthère Rose s’emmêle (Blake Edwards, 1977)  qui se chargera de toutes les parties animées et de leur incroyable intégration.

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Si Mary Poppins (Robert Stevenson, 1964) et Peter et Elliot le Dragon (Don Chaffey, 1977) intégraient déjà des scènes d’animation dans des prises de vues réelles et que le résultat semblait alors convaincant, l’interaction entre les décors/objets/personnages animés et réels était quasiment nulle, les deux « mondes » cohabitant à l’écran et ne fusionnant pas comme dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit ?. La suspension d’incrédulité fonctionne totalement et les interactions entre les toons et les humains, en plus d’être techniquement bluffantes, paraissent naturelles. Qu’Eddie Valiant se retrouve en tête à tête avec la très entreprenante Jessica, la femme de Roger Rabbit, dessinée comme une pin-up, ou qu’il monte puis conduise une voiture animée, la technique ne vient jamais entraver la narration et l’immersion dans le récit.

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Si Harrison Ford fut longtemps envisagé pour tenir le rôle du détective Eddie Valiant, le choix de Bob Hoskins emmène le film exactement là où il souhaitait être, tant il est absolument parfait pour incarner ce détective roué, en fin de parcours, que l’on croirait tout droit sorti d’un film noir des années 40. Son duo avec Roger Rabbit est aussi une forme d’hommage aux films de slapstick. Il y a entre ce personnage réel et ce personnage animé une dynamique digne des grands duos de cette époque, rendue possible par l’accomplissement technique du film mais aussi par le travail de Charles Fleischer, l’interprète de Roger Rabbit, à l’abattage comique impressionnant, dont on sait qu’il tenait à venir sur le tournage dans le costume de son personnage, ce qui a grandement facilité l’interaction avec Bob Hoskins. Portée par cet épatant duo, l’histoire ne connaît aucun temps mort et révèle, comme dans un film noir, la véritable nature de ses personnages et ce qui se cachait derrière l’apparente évidence du crime dont Roger Rabbit était le coupable désigné.

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Une autre des clés de la réussite du film réside dans le fait que les toons, comme les personnages réels évoluent dans la même énergie, Bob Hoskins et Christopher Lloyd en tête qui sont sur la même fréquence que leurs homologues toons. Qui Veut la Peau de Roger Rabbit? peut ainsi enchaîner les gags et situations rocambolesques sans que cela paraisse forcé et que le fil narratif ne se rompe. Tout le talent de Robert Zemeckis est d’avoir pu insuffler une énergie folle et créer une grande empathie avec une histoire pourtant très simple et des personnages qui sont des archétypes assumés Que l’on parle de grand divertissement populaire ou de « game changer » pour l’incroyable accomplissement technique qu’il représente, Qui Veut La Peau de Roger Rabbit? fait figure de référence qui, 30 ans après sa sortie, n’a toujours pas pris une ride.

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Titre Original: WHO FRAMED ROGER RABBIT

Réalisé par: Robert Zemeckis

Casting : Bob Hoskins, Christopher Lloyd, Joanna Cassidy …

Genre: Film Noir, Comédie, Animation

Date de sortie:

Distribué par: Warner Bros France

4 STARS EXCELLENT

EXCELLENT

 

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