SYNOPSIS: Kenny Wells est un explorateur des temps modernes, magouilleur et rêveur, attendant désespérément que la roue tourne. Dos au mur, Wells fait équipe avec un géologue tout aussi malchanceux pour tenter un dernier coup de poker : trouver de l’or au fin fond de la forêt vierge indonésienne.
En 2014, Matthew McConaughey décrochait un Oscar mérité pour Dallas Buyers Club pour sa plus grande performance depuis la claque True Detective. A cette époque, personne ne pouvait lui contester le statut de meilleur acteur du moment mais depuis on a le sentiment qu’il cherche vainement à retrouver les faveurs de l’Académie. Dans Nos Souvenirs, Free State of Jones ou même Interstellar en 2015, il semblait pousser soit son interprétation, soit son inclinaison vers un certain type de personnages, de ceux qui séduisent en général les votants et ce sans même parler des artifices autour de ce type de rôles: les larmes, les relations familiales complexes, les sujets patriotiques… Rien d’étonnant donc à retrouver l’acteur dans Gold, qui s’avère être un mix entre deux prétendants aux Oscars de ces dernières années, Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese (dans lequel McConaughey jouait un personnage secondaire) et American Bluff de David O’Russell. Du premier, on prendra le personnage sans aucune limite et l’ambiance « conquête de Wall Street » tandis que du second, on retiendra le mauvais goût pour la métamorphose capillaire et bedonnante ainsi que le costume en tweed marron puis… un scénario qui ne prend pas.
Le principal problème de Gold, c’est que l’on ne parvient pas à croire aux personnages. Tout va trop vite dans un scénario qui à force de trop vouloir en dire passe au final à côté de ce qui aurait pu faire sa force centrifuge : son casting. Lâchés en pleine nature, des acteurs aux CV extrêmement respectables ne peuvent rien faire que de se débattre face à un McConaughey en roue libre à qui personne ne semble avoir expliqué la différence entre performance habitée et caricature. Résultat : on ne croit pas une seconde à la sincérité des relations qui lient amoureux ou collègues, tout étant aspiré dans le vortex chauve, cabotinant et bedonnant créé par l’acteur principal.
La première victime de ce mauvais calcul, c’est Bryce Dallas Howard. L’actrice de Jurassic World se retrouve dans la peau d’un personnage haut en couleurs, mal écrit et transparent, simple faire-valoir à la grandiloquence supposée du personnage de Matthew McConaughey, et qui ne s’avère absolument pas crédible. L’actrice est bien plus talentueuse que ce qu’on lui donne à jouer ces dernières années mais ce n’est pas encore ici qu’elle pourra montrer l’étendue de son talent. Deux choses viennent sauver Gold de la catastrophe industrielle totale. Edgar Ramirez d’abord, impérial en Indiana Jones capitaliste mais bien seul à garder son calme à l’écran. Et la dernière partie du scénario, maligne, mais dont on ne sait pas trop si on doit en admirer l’audace ou se demander pourquoi s’être donné tant de mal pour si peu au final.
Gold propose donc à ses spectateurs une overdose de Matthew McConaughey, dans un rôle caricature de tous ses tics de jeu empilés au cours des années. Faire reposer tout un film sur les épaules d’un acteur au sommet de son art impose aussi que l’interprétation déjantée du comédien s’appuie sur un scénario en béton armé ce qu’avait parfaitement réussi Martin Scorsese avec Le Loup de Wall Street, un écrin idéal pour la folie de Leonardo Di Caprio, film vers lequel Gold lorgne clairement. Peut-être que confier la mise en scène et un scénario aussi dense et complexe que celui-ci au quasi novice Stephen Gaghan, qui avait pourtant signé la mise en scène de l’impressionnant Syriana il y a quelques années, était une erreur mais dans tous les cas, souhaitons que Matthew McConaughey se rattrapera prochainement avec des rôles à sa (dé)mesure.
Titre Original: GOLD
Réalisé par: Stephen Gaghan
Casting : Matthew McConaughey, Bryce Dallas Howard, Édgar Ramírez …
Genre: Drame, Aventure, Thriller
Date de sortie: 19 avril 2017
Distribué par: StudioCanal
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Catégories :Critiques Cinéma