SYNOPSIS: La riche et puissante famille Roy, composée du patriarche Logan et de ses quatres enfants, contrôle l’un des plus gros conglomérats de médias du monde. Alors que leur père vieillissant se retire peu à peu de la compagnie, Connor, Kendall Roman et Siobhan contemplent le futur de l’entreprise sans lui…
Selon Tolstoï : “toutes les familles heureuses se ressemblent mais les familles malheureuses le sont chacune à leur manière”. Bien décidées à démontrer toute la véracité de cet adage, les productions Gary Sanchez ont donc donné le feu vert à Succession, une série créée par Jesse Armstrong (Back, Fleabag) et écrite par Armstrong, Susan Soon He Stanton (We Are the Interns), Jonathan Glatzer (Better Call Saul) et Tony Roche (Veep, Fresh Meat). Une équipe composée principalement de scénaristes assez jeunes donc, pour la nouvelle série de HBO qui se penche sur les hauts et les bas de la haute société new-yorkaise. Les Roy sont riches, très riches. Issus d’une famille anglo-saxonne à la tête d’un empire médiatique qui ferait envie aux Murdoch, ils en veulent plus, encore plus, toujours plus. Seulement voilà, tragédie familiale oblige, les pauvres vont se retrouver face à des tas d’obstacles en tous genres qui vont les empêcher de devenir aussi riches qu’ils en ont envie. Sortez vos mouchoirs, parce ces malheureux millionnaires seront forcés de se contenter de chèques à six zéros alors qu’ils en veulent neuf. La vie est trop injuste.
Après des années passées dans l’ombre de son père Logan (Brian Cox), Kendall Roy (Jeremy Strong) est enfin prêt à assumer son rôle d’héritier de la compagnie, un poste que ses frères Connor (Alan Ruck) et Roman (Kieran Culkin) et sa sœur Siobhan, dite “Shiv” (Sarah Snook) ne peuvent pas lui retirer puisqu’il a l’appui du conseil d’administration de l’entreprise. Sauf que patriarche de la famille Roy, avec un orgueil léonin auquel on s’attendait tout à fait, décide de ne pas prendre sa retraite et de léguer la compagnie à sa femme Marcia (Hiam Abbass). Le pauvre Kendall n’en croit pas ses oreilles, et son cœur se brise quand il se rend compte que son paternel a réussi en douce à lui faire signer un papier donnant les pleins pouvoirs à sa belle-mère. Et comme si ce genre de tragédie digne des Atrides ne suffisait pas, voilà que débarque Greg Hirsch (Nicholas Braun que certains reconnaîtront comme le Cameron de la version télévisée de 10 Things I Hate About You), un cousin éloigné qui a besoin d’un coup de pouce pour trouver un job et qui est bien plus malin qu’on ne le croirait à première vue. Tout ce petit monde va donc se faire des coups bas, et tour à tour s’enfermer dans leurs chambres d’hôtels cinq étoiles ou partir faire de longs trajets en voiture de sports ou en hélicoptère pour se calmer les nerfs. Conçue au départ comme une parodie du “dysfunctional American family drama”, une formule chère au cœur aux Américains depuis les beaux jours d’Eugène O’Neill, la série se prend vite les pieds dans le tapis persan à plusieurs millions de dollars qu’elle a placé dans le vestibule d’entrée, parce que ce n’est pas tout d’avoir un concept, il faut aussi savoir trouver le bon ton.
Même si on s’éloigne du domaine de la satire pour tomber, plutôt lourdement, dans la sentimentalité et le sérieux, Succession bénéficie tout de même de quelques points forts : Jeremy Strong et Kieran Culkin sont investis à fond dans leurs rôles respectifs, le premier défendant l’honnêteté des sentiments de Kendall, et le second prenant un malin plaisir à jouer les agents du chaos. Matthew McFayden est à mourir de rire dans la peau de Tom, le pleutre fiancé de Shiv et Nicholaus Braun a droit aussi à quelques bons moments. En général, si on en vient à citer Brian Cox en cinquième position, c’est que la distribution est des plus solides. Mais si les acteurs sont de merveilleuses créatures capables de donner vie à des personnages manquant franchement de profondeur, ils ne peuvent pas sauver le ton du scénario, qui bascule dans le risible et se dilue en longueurs, en silences et en pseudo-psychologie qui donne envie de bailler. On s’ennuie vite à regarder ces gens riches et puissants contempler leur image dans le miroir en se demandant comment diable ils vont pouvoir devenir encore plus riches et encore plus puissants. Si vous voulez une série du même genre mais plus à l’aise avec le concept d’autodérision, on vous recommande plutôt de voir Arrested Development. Même principe, et le script est bien meilleur.
Crédits : HBO / OCS