Critiques Cinéma

JSA (JOINT SECURITY AREA) (Critique)

SYNOPSIS: A la suite d’une fusillade dans la Zone Commune de Sécurité (Joint Security Area) séparant les deux Corée : deux soldats de l’armée nord-coréenne sont retrouvés morts. Cette affaire donne lieu a un incident diplomatique majeur entre les deux pays. Afin que la situation ne dégénère pas, une jeune enquêtrice suisse est chargée de mener les auditions des soldats qui étaient en poste… Elle se rend très vite compte que les divers témoignages rendent l’enquête complètement indémêlable… Que s’est-il vraiment passé, ce soir-là, entre les soldats des deux Corée, dans la Zone Commune de Sécurité ? 

La sortie totalement inédite en salles en France pour la première fois en version restaurée 4K du troisième film de Park-Chan Wook, réalisateur du culte Old Boy et du très sous-estimé Mademoiselle, permet de nous plonger dans le conflit coréen qui dure maintenant depuis 70 ans. C’est au commencement de la Guerre Froide en 1950 que le conflit débuta. Avec un peu plus de 1 million et demi de morts sur 3 années le conflit se termina avec une séparation territoriale qui perdure depuis tout ce temps : d’un côté, une Corée du nord sous le joug communiste protégé par la Chine et de l’autre une Corée du Sud capitaliste avec toujours une forte présence militaire américaine. Le film reprend tous ses éléments mais contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, il mise sur une réconciliation possible entre les deux frères ennemis à travers la rencontre entre deux militaires rattrapés par l’Histoire. Hasard du calendrier, cette ressortie rime avec la rencontre historique entre le président Donald Trump et le dictateur Kim Jong-Un lors d’un sommet. Ce geste aurait tendance à réchauffer les liens entre les deux Corées.

Réalisé en 2000, le film de Park-Chan Wook interroge comme à son habitude la condition humaine dans des situations extrêmes. Le film est découpé en plusieurs temps bien distincts comme souvent chez le metteur en scène avec des fréquents flashbacks. Dans un premier temps, on suit une femme suisse d’origine coréenne qui a été envoyé sur le terrain afin de résoudre cette affaire de meurtres de deux soldats nord-coréens. Elle comprend très vite que l’histoire racontée par le soldat sud- coréen n’est pas aussi évidente qu’il n’y parait. On sent que Wook cherche encore son style puisqu’on ressent une certaine lourdeur dans le traitement de cette enquête. Malgré certains plans iconiques très forts, on ne ressent pas la fluidité qui traversera Sympathy for Mr Vengeance, son film suivant. L’histoire est néanmoins assez prenante, le réalisateur ne perdant jamais le fil de son sujet. C’est dans la seconde partie lorsque il fait ressortir le côté absurde de cette histoire que Wook est à son meilleur. L’amitié qui se créé entre les protagonistes est ainsi basée sur une simplicité primaire qui fonctionne parfaitement. Malgré le thème traité et au regard de sa filmographie, JSA est un des films les moins froids et glaçants du réalisateur qui, à l’instar de ces collègues coréens, a recours pour ce film à l’humour pour dédramatiser l’histoire et accentuer l’ineptie de cette situation.

Il est bien aidé par la qualité de l’interprétation de ses deux acteurs. Tout d’abord, Lee Byung-hun vu dans les excellents A Bittersweet Life, le Bon, la Brute et le cinglé et J’ai rencontré le diable, tous les trois réalisés par Kim Jee-Woon. Il possède une palette de sentiments assez incroyable et il le prouve à chaque plan dans ce rôle de militaire contrarié. Malheureusement, ce formidable acteur répondit aux sirènes hollywoodiennes et enchaina les blockbusters dévitalisés comme GI : Joe 1 et 2, Red 2 ou encore le honteux Terminator : Genisys. Song Kang-ho est, quant à lui, un des acteurs fétiches de Wook. Il le retrouvera pour Sympathy for Mr. Vengeance et Thirst. On peut également le retrouver chez Bong Joon-ho dans Memories of Murder et Snowpiercer. Il arrive parfaitement à mélanger à la fois la dérision mais également l’autorité qui sied à son personnage. A l’aube de leur carrière, les deux acteurs jouent pour beaucoup dans la réussite du film. La dernière partie reprend là aussi les codes du cinéma coréen à venir des années 2000 avec une violence à la fois physique et morale. A travers de multiples rebondissements, les personnages trouveront tour à tour le sens de leurs vies respectives. Cela nous évoque évidemment le cinéma américain du nouvel Hollywood qui prenaient des personnages ordinaires pour interroger la société civile américaine et les instances politiques de l’époque. En ça, JSA est un formidable descendant du Nouvel Hollywood.

Titre Original: GONGDONG GYEONGBI GUYEOK JSA

Réalisé par: Park-Chan Wook

Casting : Song Kang-Ho, Byung-Hun Lee, Yeong-ae Lee …

Genre: Drame, Thriller

Sortie le : 27 juin 2018

Distribué par: Les Bookmakers / La Rabbia

EXCELLENT

1 réponse »

  1. Excellent film, l’un des meilleurs d’un grand réalisateur qu’est Park Chan-wook. Après ça il faut voir Old Boy. Impérativement!

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