Critiques Cinéma

MIRAÏ, MA PETITE SOEUR (Critique)

SYNOPSIS: Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse jusqu’à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents, il se replie peu à peu sur lui-même. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre généalo-ma-gique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantastique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son arrière grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente ! A travers ces aventures, Kun va découvrir sa propre histoire. 

La conjugalité, le deuil, l’apprentissage de la maternité, l’amour d’une mère pour ses enfants et l’espoir caressé de les laisser libres de grandir et de choisir ce qu’ils souhaitent accomplir, la séparation et l’individuation des enfants face aux idéaux de leurs parents, la transmission et l’héritage, l’ode à la tolérance (des différences), le respect de la Nature et de ses inépuisables ressources. Tels étaient les jolis thèmes et beaux messages des Enfants Loups, Ame & Yuki, un chef-d’œuvre de Mamoru Hosoda dont nous nous sommes jamais véritablement remis en 2012. Et si Le Garçon et la Bête, son opus suivant, nous avait laissés sur une note légèrement moins enthousiaste en 2015, c’est peu dire que nous attendions Miraï, ma petite sœur, son nouveau film projeté en présence de son auteur en avant-première mondiale à la Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes 2018. Verdict ?

Avec ce pitch faisant communiquer avec limpidité et cohérence l’imaginaire et le réel, à l’instar de tous ses précédents travaux (de La Traversée du Temps en 2006 jusqu’au Garçon et la Bête en 2015), Mamoru Hosoda dessine une nouvelle fable tout simplement bouleversante, à la fois kawaï, drôle et tragique – parfois même au sein d’un même élan – articulée autour d’un récit d’apprentissage humble et déchirant. Celui d’un enfant de 4 ans qui doit composer avec l’arrivée d’un nouveau membre de la famille, vécue comme un événement exceptionnel avec tout ce que cela implique (le fait de devenir l’ainé, la jalousie maladive au sein d’une relation frère/sœur contrariée, l’impression d’être privé de l’affection de ses parents, l’acceptation de Soi et de l’Autre), et qui, au fil d’extravagantes aventures vécues aux côtés de cette petite sœur du futur qui a grandi, voit son cœur progressivement se transformer, finissant ainsi par trouver son identité propre, accepter l’irruption de cette intruse et devenir pour elle et ses proches un soutien indéfectible.

Porté par ses thèmes de cœur et un périple toujours instructif sur le motif de la famille, composée ici de parents aimants et d’un enfant immédiatement attachant, le cinéaste nippon touche ainsi à l’universalité d’un propos tout à fait juste, éclairant et honorable sur la question des liens noués dans l’épreuve. Étudiant en effet avec intimité mais surtout une grande acuité les rapports d’amour et de haine des enfants envers leurs parents, mais aussi de rivalité et de solidarité qui peuvent exister au sein d’une fraternité, Hosoda se révèle aussi précieux que la perle Pixarienne Coco lorsqu’il aborde avec tact et délicatesse les notions de filiation, d’héritage, de transmission et de mémoire des ancêtres, avec, à la clé, une réflexion respectueuse et passionnante, via l’utilisation pertinente de symboles (le jardin avec son arbre métaphorique du passage des saisons, de la généalogie et du temps qui passe) et de la figure des aïeux, sur ce qui se transmet de génération en génération, de nos parents à nous, puis de nous à nos enfants. Sans jamais oublier au passage de divertir (quelques passages situés dans les morceaux fantastiques sont vraiment très cocasses) et de respecter la nature comme terreau de l’imagination fertile du petit Kun, Miraï, ma petite sœur se demande alors en toute humilité d’où nous venons et comment encourager la nouvelle génération à grandir ensemble, dans nos sociétés contemporaines.

Modèle d’écriture puisant ses indénombrables ressources dans la propre histoire familiale d’Hosoda et, de manière un peu meta, dans les précédents travaux du réalisateur (sans jamais tomber toutefois dans la redite bête et paresseuse), Miraï, ma petite sœur parvient à produire une sorte de magie grâce aux atouts de sa mise en scène. Comme d’habitude avec le cinéaste japonais, la réalisation est parfaitement maîtrisée, à la fois charmante, moderne et avant-gardiste. L’animation est, de son côté, splendide, à la fois modeste et experte en la matière. Ravissement de tous les instants avec son mélange renversant d’aquarelles et d’effets plus récents, celle-ci se trouve mise au service du récit pour nous cueillir, confinant même à l’extase au détour d’une scène, située dans une gare, où la caméra virevoltante d’Hosoda n’est alors pas sans rappeler, celle, tout aussi généreuse et sans entrave, de Scorsese planant au milieu des locomotives dans Hugo Cabret. Mature et vivifiant, Miraï, ma petite sœur est une pépite, une parabole émouvante, précise et universelle sur la famille qui s’agrandit, la jalousie infantile et le respect du patrimoine.

Titre Original: MIRAI

Réalisé par: Mamoru Hosoda

Casting :  Haru Kuroki, Koji Yakusho, Kumiko Aso…

Genre: Animation, Drame, Fantastique

Sortie le: 26 décembre 2018

Distribué par: Wild Bunch Distribution

EXCELLENT

 

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