Critiques Cinéma

ARCTIC (Critique)

SYNOPSIS: En Arctique, la température peut descendre jusqu’à moins –70°C. Dans ce désert hostile, glacial et loin de tout, un homme lutte pour sa survie. Autour de lui, l’immensité blanche, et une carcasse d’avion dans laquelle il s’est réfugié, signe d’un accident déjà lointain. Avec le temps, l’homme a appris à combattre le froid et les tempêtes, à se méfier des ours polaires, à chasser pour se nourrir… Un événement inattendu va l’obliger à partir pour une longue et périlleuse expédition pour sa survie. Mais sur ces terres gelées, aucune erreur n’est permise…

Arctic est le premier long-métrage de Joe Penna, vidéaste brésilien ayant connu la gloire dans son pays natal (et rapidement après dans le reste du monde) grâce à YouTube et sa chaîne MysteryGuitarMan, mêlant musique et formats courts. Film islandais (!) appartenant au genre du survival et reposant en grande partie sur le charisme naturel du comédien danois Mads Mikkelsen, Arctic met en scène ce dernier dans la peau d’un homme dont on ne sait rien si ce n’est qu’il est l’unique rescapé d’un crash d’avion survenu au pôle Arctique et qui se voit, de fait, obliger de lutter pour (sur)vivre en territoire hostile, glacial et situé aux confins du monde, où la température peut avoisiner les -70°C et les ours polaires surgir de nulle part. On devine aisément à la vision d’Arctic où peuvent se situer les potentielles influences de Joe Penna. Le Territoire des Loups (pour le récit simple, mûr et réaliste de survival dans la neige), All Is Lost (pour la survie en solitaire d’un personnage sans backstory) et 127 heures (pour l’élément perturbateur entraînant le blocage d’un membre du protagoniste sous une pierre). Sans jamais parvenir à se hisser à hauteur de ces trois fleurons du genre, Arctic s’avère néanmoins appréciable pour diverses raisons.

Commençons toutefois par le négatif. Primo, Arctic ne révolutionnera pas le genre. Les ficelles sont trop grosses pour ça, les péripéties s’enchaînent trop aléatoirement sur la banquise, paraissant souvent grossières, comme cet événement inespéré au début suivi de l’arrivée d’un personnage secondaire passant le reste du film allongé, semi-vigilant, à se remettre de ses blessures, ou encore la scène de l’ours (anticipée à des kilomètres) mais surtout cet « accident » survenant au deux tiers du parcours (le fameux passage rappelant 127 heures) et relançant l’intrigue de manière complètement artificielle (la résolution de cette séquence étant archi prévisible), un peu comme si Joe Penna cherchait simplement à étirer son récit sur une durée (trop longue) prédéfinie. Dans le fond, Arctic est aussi un peu avare, regorgeant de thématiques possibles (le sentiment de détresse, les conséquences de l’isolement, les rapports humains entre rescapés) mais jamais véritablement ou convenablement exploitées, même si on se console aisément de certaines facilités évitées par Penna (par exemple, une romance entre Mads et l’autre survivante). Secundo, la mise en scène de Penna, bien que soignée pour un premier film, n’est pas suffisamment prononcée pour démarquer Arctic des habituelles productions du genre, à l’inverse par exemple d’un Joe Carnahan sur Le Territoire des Loups ou d’un Danny Boyle sur 127 heures. Organisée et cohérente, la mise en images de Penna, à l’instar de la bande originale manque toutefois d’idées et de relief dans la manière de filmer les mésaventures du héros pour rester immédiatement en mémoire. Passé ces petits défauts, Arctic reste néanmoins appréciable pour diverses raisons.

La première étant évidemment Mads Mikkelsen, parfaitement dirigé et tenant peut-être là l’un de ses plus beaux rôles à ce jour. Faisant face aux différentes menaces avec comme atout dans ses manches sa simple volonté de vivre, le comédien danois, à travers une composition fonctionnant essentiellement en intériorité (et donc via le regard, les mimiques, le comportement du corps et une préparation physique bluffante), s’avère une nouvelle fois impérial en Robinson Crusoé moderne. On le savait depuis longtemps (depuis Le guerrier silencieux de Nicolas Winding Refn?), il suffit d’un plan « magnétique » au comédien, à l’instar d’un Tom Hanks dans le final de Capitaine Phillips, pour transmettre mille et une émotions avec une intensité délirante, et ainsi provoquer un attachement instantané au personnage, sans même qu’on ait besoin de connaître sa biographie.

Pour lui donner vie et humanité, les éléments du décor (carcasses d’avion et d’hélicoptère au milieu de nulle part et servant de base au protagoniste, dispositifs mis en place pour pêcher, récupérer des vivres ou cartographier, balises actionnées en journée pour espérer être repéré, igloos fabriqués à l’improviste au piolet pour se reposer) participent grandement à l’expérience, jouant un rôle facilitateur à l’identification, tout comme les gestes appliqués de l’acteur qui valident entièrement l’approche réaliste souhaitée par Joe Penna. C’est d’ailleurs là que réside la grande force du film. Dans son minimalisme, son humilité et sa modestie. A l’image de cette bonne idée d’introduction – on est directement dans le bain et on ne s’embarrasse pas de flash-backs révélant un passé superflu – et cette superbe scène où Mads tente désespérément et sans jamais y arriver de franchir un obstacle avec sa luge surchargée. Arctic est un premier long-métrage prometteur pour Joe Penna. Un projet simple, qui ne s’imposera sans doute pas comme une référence, mais qui reste néanmoins efficace et abouti.

Titre Original: ARCTIC

Réalisé par: Joe Penna

Casting: Mads Mikkelsen, Maria Thelma Smáradóttir

Genre: Aventure, Thriller

Sortie le: 06 février 2019

Distribué par: The Jokers

BIEN

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