SYNOPSIS: Sylvain Marot, super flic parisien et pilote d’exception, est muté contre son gré à la Police Municipale de Marseille. L’ex-commissaire Gibert, devenu Maire de la ville et au plus bas dans les sondages, va alors lui confier la mission de stopper le redoutable « Gang des Italiens », qui écume des bijouteries à l’aide de puissantes Ferrari. Mais pour y parvenir, Marot n’aura pas d’autre choix que de collaborer avec le petit-neveu du célèbre Daniel, Eddy Maklouf, le pire chauffeur VTC de Marseille, mais le seul à pouvoir récupérer le légendaire TAXI blanc.
Avec un premier film sorti en 1998, porté et écrit par l’enfant terrible du cinéma français qui occupé à préparer Le Cinquième élément avait alors confié les clés du véhicule à l’un de ses hommes de confiance, Gérard Pires, un solide faiseur capable de maîtriser la puissance de l’engin, la franchise Taxi avait démarré par un grand succès populaire, touchant notamment un public adolescent qui tournait de plus en plus le dos aux productions hexagonales pour se jeter dans les bras des grosses machines américaines. L’ambition de Luc Besson était louable et ce premier film porté par un duo d’acteurs alors inconnus du grand public mais dont l’alchimie crevait l’écran, proposait un sympathique et indéniablement efficace cocktail d’action très spectaculaire et de comédie, sur une bande originale composée par I AM. Le film ne cherchait rien d’autre que la satisfaction du public, sans voler bien haut mais sans creuser aussi bas que le font tant de comédies actuelles. Raillé pour son écriture caricaturale, parfois même attaqué avec virulence pour son racisme latent dans sa façon de caractériser ses antagonistes, l’image de la franchise Taxi s’est ensuite énormément dépréciée de film en film même si le succès populaire a toujours été plus ou moins au rendez-vous, l’épisode le plus populaire (le 2ème) ayant culminé à plus de 10 millions d’entrées, quand le moins populaire (le 4eme) a plafonné à 4.5 millions d’entrées. De fait, si la marque Taxi reste forte pour ceux qui, comme Franck Gastambide et Malik Bentalah, l’ont connu à ses débuts, elle avait besoin d’un sérieux lifting pour retourner les à priori très négatifs de ceux qui l’associent à des produits discounts de basse qualité.
Seul blockbuster d’action du cinéma français, ce nouveau Taxi a vu le jour sous l’impulsion de deux fans déclarés de la franchise et a donc déjà pour lui de ne pas être né de la seule volonté d’un col blanc cherchant à relancer une juteuse franchise pour faire tourner sa boutique. Cela transpire de ce Taxi 5 mais n’en gomme malheureusement pas les défauts, pour certains assez rédhibitoires vu l’ADN de la franchise. Si on pourra discuter du niveau des gags dont on peut être client mais qui, sur la longueur, finissent par être répétitifs et pour tout dire franchement embarrassants, c’est sur la mise en scène des courses poursuites dans les rues de Marseille que ce taxi piloté au sens propre comme au sens figuré par Franck Gastambide déçoit d’emblée. On peut s’en désoler mais au fil des années, Gastambide a constitué et imposé autour de lui une bande qui fait aujourd’hui partie, avec la bande de Philippe Lacheau et Tarek Boudalhi, des nouveaux visages de la comédie française qui enchaînent les succès de films en films. Lui confier les clés du Taxi pour y faire monter un jeune public qui n’a pas connu les premiers films est cohérent et ceux qui ont ri aux gags des Kaïra et de Pattaya ne devraient à priori pas vivre la séance comme un enfer sans fin. Ce qu’il nous semble en revanche difficilement discutable c’est qu’il aurait probablement mieux valu que Gastambide se contente de la double casquette de scénariste et héros du film et passe la casquette de metteur en scène à quelqu’un d’autre.
On peut railler, caricaturer autant que l’on veut la franchise, la ramener au rang de comédie beauf, il faudrait être de mauvaise foi pour nier l’efficacité des scènes de poursuite en voiture, mettant en valeur le savoir faire de l’équipe de Rémy Julienne en terme de réglage des cascades, procurant une sensation de vitesse et un sentiment de réalité, donc de danger, assez bluffant. Pires et Krawczyk avaient une compétence et un œil pour ces scènes que n’a clairement pas Gastambide qui essaye tant bien que mal, par son découpage, par des artifices datés de mise en scène ou par un montage alterné avec une autre scène, de cacher la misère. Aucune des trop rares poursuites à bord de ce Taxi légendaire que pilotait autre fois Daniel (Samy Naceri) ne parvient à imprimer et procurer le moindre frisson. Le fait est qu’une partie de l’ADN de la franchise s’est donc perdu en route, laissant ce Taxi 5 essayer d’exister avec ce qui est la grande faiblesse de la franchise depuis au moins le 3ème épisode: l’histoire, les personnages et l’humour.
A défaut d’avoir bien préparé le moteur de son taxi, loin d’être aussi puissant que ce à quoi on s’attendait légitimement, Franck Gastambide l’a fait passer au tuning pour le faire ressembler à un nouveau véhicule de son écurie composée de ses fidèles acolytes Malik Bentalha, Sabrina Ouazani, Ramzy Bedia et Anouar Toubali. On retrouve en effet l’humour potache, souvent scatologique, rarement au dessus de la ceinture qui a fait le succès des Kaïra et de Pattaya. Dire cela ressemble à une condamnation du film mais l’auteur de ses lignes de vous avouer, toute honte bue, ne pas avoir jusque là eu de choc anaphylactique devant les précédents films de la « Gastambide academy » et avoir même ri à plusieurs de leurs gags. C’est sûrement une question de dosage mais à l’image d’un gag récurrent du film, l’humour est ici tellement gras et bas de gamme que l’on est pas loin de frôler l’indigestion, malgré le capital sympathie d’un Malik Bentalha qui interprète le neveu de Daniel Morales, le légendaire pilote des 4 premiers taxis dont l’ombre pèse sur tout le film. Faire reposer tous ses gags sur la stupidité de ses personnages est un parti pris d’écriture d’une paresse assez navrante et on se demande encore comment Monsieur Poulpe a pu se laisser convaincre d’interpréter un des demeurés qui composent la brigade que Sylvain (Franck Gastambide) est chargé de diriger après sa mutation.
De même, vouloir mettre un grand coup de pied dans les valseuses à la bien-pensance actuelle n’est à priori pas pour nous déplaire mais on touche clairement le fond quand cela se limite à se moquer ouvertement des gros, des nains, à flirter avec un humour franchouillard dont les effluves de racisme et d’homophobie finissent par indisposer. On est dans la comédie d’humeur, de vannes faciles qui n’a rien à raconter, aucun personnage consistant ou attachant à proposer, seul comptant le clin d’œil complice, la référence facile et le rythme. Bernard Farcy est ainsi condamné à rejouer son personnage avec tous ses gimmicks, comme un vieux comique à la retraite qui arrondit ses fins de mois en tournant avec ses vieux sketchs dans des fins de banquets, des communions ou des mariages. Face à un tel spectacle, on finit par se mettre en pilote automatique, s’asseoir à l’arrière de ce taxi pour regarder les paysages et scruter avec angoisse le nombre de kilomètres qu’il reste jusqu’à l’arrivée.
Titre Original : TAXI 5
Réalisé par: Franck Gastambide
Casting: Franck Gastambide, Malik Bentalha, Anouar Toubaly,
Ramzy Bedia, Sabrina Ouazani, Bernard Farcy …
Genre: Action,Comédie
Sortie le: 11 avril 2018
Distribué par: EuropaCorp Distribution / ARP Sélection
ASSEZ MAUVAIS
Catégories :Critiques Cinéma