Critiques Cinéma

LA FINALE (Critique)

SYNOPSIS: Toute la famille Verdi est aux petits soins pour s’occuper de Roland, le grand-père, qui perd un peu la boule ces derniers temps. Tous sauf JB, l’ado de la famille, qui n’a qu’un seul but : monter à Paris pour disputer sa finale de basket. Mais ses parents, bloqués ce week-end-là, lui demandent d’y renoncer pour surveiller son grand-père. JB décide alors de l’embarquer avec lui… Pendant ce voyage, rien ne se passera comme prévu…

Auréolé du Grand Prix du Festival de l’Alpe D’Huez et du Prix d’Interprétation pour Thierry Lhermitte, La Finale, premier long métrage de Robin Sykes n’avait pas spécialement le profil de la belle surprise. Avec son attelage hybride de comédie touchante à fort potentiel lacrymal, son duo à priori antinomique, on était curieux de découvrir ce film précédé d’échos dithyrambiques et d’une promotion accrocheuse. La première bonne nouvelle est que le film ne cède pas à cette tendance d’une comédie potache formatée avec ses gags attendus, ses sous-entendus en dessous de la ceinture et sa vulgarité récurrente. Robin Sykes et Antoine Raimbault ont concocté un scénario efficace avec de très jolies idées sur la transmission, la famille et la solidarité et l’on pressent dès les premiers instants que le film va nous émouvoir. Non pas que l’on voit les ficelles apparentes d’une histoire par trop basique mais on ressent comme inéluctable la trajectoire qui va se dessiner dès le premier regard absent de Thierry Lhermitte. Ce n’est d’ailleurs pas du tout gênant car tout cela est fait avec suffisamment de doigté pour que l’on n’éprouve pas la sensation que l’on veuille nous forcer à avaler des couleuvres. D’où vient alors la sensation pendant une bonne moitié du film de semi-déception en ce que l’on n’y trouve pas réellement ce que l’on venait y chercher? La Finale pêche à prendre trop de temps pour exposer sa situation de départ et si elles nous amusent dans les premiers temps, les pérégrinations familiales et surtout les difficultés de JB pour se rendre à Paris pour jouer sa finale finissent par sembler quelque peu répétitives et lassantes.

Le duo entre Bensetti et Lhermitte fonctionne pourtant impeccablement bien, leur complicité éclatante ne faisant aucun doute dès le départ et c’est l’équilibre entre humour et émotion qui permet au film d’avancer sur un fil ténu sans jamais verser réellement ni d’un côté, ni de l’autre. Outre la justesse de jeu il faut noter que La Finale reste tout du long fidèle à ses ambitions de départ ce qui est assez miraculeux mais si le film pâtit d’un manque réel de surprise il est tout de même notable qu’il traite d’un sujet extrêmement délicat (la maladie d’Alzheimer) en réussissant à ne pas tomber dans le pathos ni en faisant rire aux dépens de son personnage. Les situations sont crédibles, les dialogues bien écrits et dits avec sincérité et le film fonctionne notamment grâce au réalisme qu’il distille et qui n’est jamais pris en défaut. La maladie si elle est l’occasion de moments décalés et amusants n’est pas traitée par dessus la jambe et les crises plus graves que des simples troubles de la mémoire sont l’occasion de scènes très fortes qui dissonent avec l’ambiance feel good qui préside à l’ensemble.

Très bien écrit, La Finale laisse pourtant de côté les personnages secondaires qui deviennent vite accessoires (malgré tout le talent d’Emilie Caen et Lyes Salem) pour se concentrer sur ses deux rôles pivots. Rayane Bensetti qu’on sent très investi est réellement impeccable, à la fois plein de fraicheur et de spontanéité pour petit à petit gagner encore en subtilité dans son jeu et apparaitre très attachant. On savait Thierry Lhermitte grand comédien même si ses occasions de le prouver sont un peu plus rares depuis quelques années. Si il était excellent par exemple dans La Nouvelle vie de Paul Sneijder dans un rôle loin d’être facile, il réalise sans doute ici sa meilleure prestation depuis longtemps. Vecteur d’une immense émotion, capable de passer d’un œil rieur à un regard totalement hagard, d’une dureté et d’un franc parler à une attitude perdue et désarmée il livre une performance incroyable qui n’est pas pour rien dans la réussite du film. D’autant plus dommage au final que le très sympathique La Finale mette tant de temps pour s’extirper de situations répétitives pour surfer sur les sommets d’émotion qui forment son ADN et empêchent le bon film qu’il est de devenir un grand film.

Titre Original: LA FINALE

Réalisé par: Robin Sykes

Casting : Thierry Lhermitte, Rayane Bensetti, Émilie Caen…

Genre: Comédie

Sortie le : 21 mars 2018

Distribué par: UGC Distribution

BIEN

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