SYNOPSIS: Nouvelle-Zélande, 1870. Te Wheke, un éclaireur des troupes coloniales, retrouve sa tribu massacrée par l’armée pour laquelle il travaille. Trahi et étreint par la douleur, il jure d’infliger le même châtiment – Utu – aux Pakeha (les Néo-Zélandais d’origine européenne)…

De temps en temps, il arrive que certains grands films totalement confidentiels nous apparaissent comme par magie au détour d’une conversation twitter, d’un article de cinéphile passionné ou de professionnels de la profession. Sorti en 1983, ce film néo-zélandais fut présenté au Festival de Cannes hors compétition. Ce très ambitieux western permit à la fois de traiter d’une période douloureuse pour ce petit pays mais également de sortir de l’ombre de son voisin australien. Le réalisateur Geoff Murphy réussira grâce à ce film à s’exporter à Hollywood où paradoxalement, il réalisera deux ou trois nanars cultes (Piège à Grande Vitesse, Fortress 2) avant de finir comme réalisateur de seconde équipe sur Le Seigneur des Anneaux. La très grande qualité visuelle qui se dégage du film nous remplira de regrets quant à la carrière de Murphy. Le réalisateur est repassé par la salle de montage il y a plus de deux ans afin de rendre plus cohérent son film et surtout de réintégrer des scènes violentes qui n’apparaissaient pas dans la version originale européenne.

Utu est un western sanglant, une violente chasse à l’homme sur fond de colonialisme mais avant tout une pure tragédie. Premièrement, le film nous propose un dépaysement total pendant un peu moins de deux heures entre affrontements violents, romance et trahison le tout filmé en décors naturels ce qui accentue l’immersion du spectateur ce qui n’est malheureusement plus le cas à l’heure actuelle. Le réalisateur nous gratifie  de magnifiques plans larges des plaines et des forêts nouveaux-zélandaises et il est aidé par un remarquable travail sur la lumière qui nous rappelle Le Dernier des Mohicans de  Michael Mann sorti un peu moins de dix ans plus tard. Aussi à l’aise dans les scènes d’aventures que dans les scènes plus intimistes, le metteur en scène a pu compter sur le très charismatique Anzac Wallace pour jouer son personnage principal, tout de bruit et de fureur à la fois terrifiant et épris de folie.

Afin de dénoncer le colonialisme qui a privé les maoris de leurs terres natales, Murphy décide de rien édulcorer en ayant recours à des scènes radicales d’une rare violence comme la pendaison d’un prêtre en pleine cérémonie ou le meurtre d’une jeune mariée colonisateur.  Sans verser dans le manichéisme pur (tous les anglais ne sont pas des ordures, les maoris ont travaillé avec leur colonisateur), le réalisateur également scénariste nous invite plutôt à réfléchir sur la conséquence de cette erreur historique que fut la colonisation avec en sous texte l’idée que la violence appelle la violence. Ainsi Te Wheke déclenche une vendetta mortifère à la suite de la découverte du massacre de son village. Le mari dont l’épouse a été tuée prendra lui aussi les armes pour se venger des maoris créant un effet domino infernal et infini. Dans sa manière primitive et viscérale de traiter son sujet sous forme de série B, Murphy met en parallèle l’histoire de la colonisation qui causa tant de douleurs pour les deux camps.

La fin inévitablement tragique et somptueuse, tout en retenue, permet de mesurer l’ampleur du long-métrage de Murphy qui aura réussi à traiter différents genres sans jamais nous perdre et qui surtout aura réussi à  nous émouvoir dans cette dernière partie malgré l’ambiance sinistre permanente.

DÉTAIL DES SUPPLÉMENTS :

MAKING UTU

Le making of de 1983

réalisé par Gaylene Preston (47 mn)

Bande annonce version restaurée

Titre Original: UTU

Réalisé par: Geoff Murphy

Casting : Anzac Wallace, Merata Mita, Bruno Lawrence …