SYNOPSIS: Passionné par son métier, Julien voyage énormément à l’étranger. Ce manque de présence a fait exploser son couple quelques années auparavant. Lors d’une escale en France, il découvre sur son répondeur un message de son ex femme en larmes : leur petit garçon de sept ans a disparu lors d’un bivouac en montagne avec sa classe. Julien se précipite à sa recherche et rien ne pourra l’arrêter.
Soyons francs, Christian Carion, le réalisateur de Joyeux Noël et de En Mai fais ce qu’il te plait n’était pas le technicien que l’on attendait le plus avec un projet comme Mon Garçon. Difficile de l’imaginer en effet au premier abord s’illustrer dans le thriller de haut vol même si sa propension à passer d’un genre à l’autre aurait pu être un signe annonciateur. D’autant plus qu’avec L’Affaire Farewell, déjà avec Guillaume Canet, il avait abordé l’espionnage et, passée la surprise initiale, le voir aux commandes d’un film de genre n’est finalement pas si antinomique que ça. En reformant pour la troisième fois le duo qu’il forme avec son comédien, il a ajouté quand même une spécificité à l’entreprise qui lui confère toute sa singularité. En effet, Guillaume Canet s’est lancé dans ce film sans en savoir autre chose que la ligne directrice et en acceptant de se faire guider tout au long du tournage (d’une durée de six jours), jusqu’à devoir improviser devant les évènements impromptus que l’intrigue plaçait sur sa route. Projet casse-gueule s’il en est où l’acteur doit faire une confiance totale à son metteur en scène tout en se montrant capable de s’adapter et en conservant un minimum de sang froid pour pouvoir jouer les émotions diverses et variées que son personnage ressent. S’immerger totalement dans l’histoire jusqu’à être habité par les péripéties, réagir aux surprises qui pavent son chemin, renoncer à la facilité et au confort desquels il est sans doute coutumier, Guillaume Canet ne s’est pas rendu la tâche aisée avec ce dispositif fragile dont on se demandait s’il allait pouvoir résister à son postulat de départ.
Deux solutions étaient envisageables: Soit on parvenait à être immergé d’emblée dans le récit et l’entreprise était réussie, soit les coutures s’avéraient trop apparentes et artificielles et on restait à la porte d’un procédé artificiel et abscons. Si le scepticisme était de rigueur et que l’on envisageait difficilement une réussite totale, avouons que l’ensemble fonctionne parfaitement, tant et si bien que Mon Garçon est prenant de bout en bout et qu’il nous emmène sur des montagnes russes émotionnelles dont on ne ressort pas indemne. Si le film de genre en général et le thriller en particulier innerve le film, c’est aussi l’histoire d’une famille qui fait office de miroir au spectateur et qui favorise la capacité d’immersion. Traversé d’une tension qui ne retombe qu’à de très rares reprises, Mon Garçon avance sur un fil ténu mais parfaitement mené, renforcé par l’utilisation d’une caméra à l’épaule alerte qui nous fait partager les mésaventures haletantes vécues par le personnage principal. Si le récit de la disparition d’enfant ne sort pas des sentiers battus et rebattus depuis quelques années au cinéma ou à la télévision, le mécanisme est si malin et efficace qu’il nous tient en haleine du début à la fin.
Si tout fonctionne très bien, il n’en reste pas moins que le film a quelques faiblesses dues notamment au carcan de l’exercice de style dans lequel il se retrouve parfois pris. La fin notamment nous fait craindre un basculement irrémédiable vers le grand guignol mais le réalisateur a l’ingéniosité d’écourter les festivités, évitant au film de se retrouver avec des séquences inutiles et artificielles. Si par moments on sent Mélanie Laurent et Olivier de Benoist, par ailleurs assez justes, un peu moins à l’aise dans le ton et l’urgence que Guillaume Canet, le film ne pâtit pourtant pas de ces quelques notes discordantes. Christian Carion fait preuve d’une mise en scène efficace, embellie par la grâce d’une photo vraiment très belle que les paysages enneigés embellissent encore. La confiance entre Carion et Canet est le moteur de Mon Garçon et donne l’impulsion nécessaire pour que le film trouve sa respiration et sa voix singulière. Guillaume Canet s’y montre extrêmement convaincant en père courage et s’avère capable de nuances émotionnelles étourdissantes. Il navigue avec dextérité sur le spectre de la peur, du désespoir et de l’envie de ne pas renoncer, nous faisant ressentir sa douleur et sa hargne. Il livre une performance physique et sensitive impressionnante et fait de Mon Garçon, un film surprenant, à la fois tendu et naturaliste, qui se frotte à un genre dont on croyait avoir tout vu mais qui nous en remontre encore parfois. Les professionnels ne s’y sont pas trompés puisqu’ils lui ont remis le 14e Prix Jacques Deray du film policier.
Titre original: MON GARÇON
Réalisé par: Christian Carion
Casting: Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist…
Genre: Thriller
Sortie le: 23 janvier 2018 en DVD et Blu-Ray
Distribué par Diaphana Edition Video
TRÈS BIEN
Catégories :Critique Blu-Ray