SYNOPSIS: Au cours d’un sommet rassemblant l’ensemble des chefs d’état latino-américains dans un hôtel isolé de la Cordillère des Andes, Hernán Blanco, le président argentin, est rattrapé par une affaire de corruption impliquant sa fille. Alors qu’il se démène pour échapper au scandale qui menace sa carrière et sa famille, il doit aussi se battre pour conclure un accord primordial pour son pays.
El Presidente est le troisième film du réalisateur argentin Santiago Mitre qui avait remporté le Grand Prix de la Semaine de la Critique pour son deuxième film Paulina en 2015. Le metteur en scène traite de sujet très contemporain dans une Amérique Latine en plein bouleversement économique et social. Le titre argentin La Cordillera (La Chaine de Montagne) est bizarrement transposé en français en El Presidente. Le président argentin en l’occurrence est Ricardo Darin, acteur s’étant fait connaitre en Europe avec l’audacieux Les Neuf Reines de Fabian Bielinsky au début des années 2000 mais surtout avec le virtuose Dans Ses Yeux en 2009 qui valut au film l’Oscar du Meilleur Film Etranger. Mitre s’engage dans un pari risqué en traitant le thriller politique teinté d’une partie mystique. La promesse ambitieuse n’est qu’à moitié tenue.
Il y a vraiment deux films dans ce El Presidente. Le seul point commun est que le réalisateur ne nous donnera qu’un seul point de vue, celui du personnage principal. Durant toute la première partie, Mitre nous montre l’envers du décor d’une négociation internationale avec toutes les personnes qui gravitent autour du président ainsi que les rencontres avec les autres dirigeants. La confrontation avec le président mexicain (excellent Daniel Gimenez Cacho) est des grands moments de bravoure du film. Alors qu’on se dirige vers le pur film politique, Mitre décide de manière audacieuse de casser le rythme du film en introduisant le personnage de Marina, la fille du Président. Traumatisée et mutique à cause des affaires qui gravitent autour de son père et de son ex-mari, Mitre décide d’en faire la face cachée de l’ultra rigoureux Président. Présenté comme ordinaire (traité même d’invisible par la presse nationale argentine), ce Présidente est peut-être plus complexe qu’il n’y parait. Afin d’appuyer cette démonstration, on introduit d’ailleurs inutilement un personnage de journaliste (Elena Anaya) qui interviewe Blanco sur son parcours politique sans faute.
Le film bascule totalement lors d’une séance d’hypnose pratiquée sur le personnage de Marina. Le maillage entre le thriller politique et le film quasi-fantastique laisse le spectateur sur le bord de la route. On a vraiment l’impression d’assister à une parenthèse qui n’apporte pas grand-chose à l’histoire ce qui rend l’ensemble pas très cohérent. Surtout, dès que Mitre reprend le fil de son histoire, on reste captivé par la performance de Darin, toujours aussi mystérieux sur ces intentions durant ce sommet. C’est durant le face-à-face lunaire avec Christian Slater que le personnage principal dévoile toutes ses cartes. Peu flatteur pour son pays, Mitre a une vision très realpolitik et finalement assez désabusée des grands décideurs de ce monde où l’abus de pouvoir et la corruption sont à tous les étages qu’on soit puissant, ordinaire ou transparent. Le metteur en scène nous livre donc une œuvre intéressante malgré ses quelques défauts structurels.
Titre Original: LA CORDILLERA
Réalisé par: Santiago Mitre
Casting : Ricardo Darín, Dolores Fonzi, Erica Rivas …
Genre: Drame
Sortie le : 03 janvier 2018
Distribué par: Memento Films Distribution
TRÈS BIEN
Catégories :Critiques Cinéma
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