Très chère Famille Formidable,
Cela fait 25 ans que je vous regarde vous aimer et vous déchirer sur le petit écran, 25 ans que je me régale de vos aventures et de vos mésaventures, 25 ans que je ris et que je pleure alternativement, 25 ans que j’ai l’impression que nous sommes de la même famille. J’ai un peu de sang Beaumont qui coule dans mes veines depuis le temps, j’ai pleuré quand vous étiez tristes, j’ai hurlé de rire à vos facéties, j’ai été inquiet quand la santé ou l’intégrité physique de l’un d’entre vous était menacée, j’ai vu vos enfants et petits-enfants naitre, j’ai assisté à la disparition de certains d’entre vous, j’étais présent à leur enterrement ou quand vous alliez vous recueillir sur leurs tombes, je vous ai vus divorcer et vous remarier. J’ai visité le Portugal et j’ai passé l’été sur la plage avec vous, j’ai partagé vos tablées, vos coups de gueule et vos coups de cœur. J’ai vu les années vous apporter de la satisfaction et de l’épanouissement dans vos métiers respectifs, je vous ai vu douter, déprimer et rebondir. Je vous ai vu vous souder dans l’adversité, vous engueuler, vous mettre des bâtons dans les roues avant de vous serrer dans les bras. Je vous ai vus pris en otages, avoir peur, chercher du réconfort ou de la chaleur les uns avec les autres. J’en ai vu qui vous quittaient, d’autres qui arrivaient, certains qui s’installaient, d’autres qui ne faisaient que passer. Je vous ai vus souffrir, mentir, marcher dans les rues de Paris, déjeuner dans le jardin de la maison de Noyers, prendre la crise financière de plein fouet, être addict au jeu, vous mobiliser pour le mariage pour tous ou l’avortement.
Je vous ai vu vaincre le cancer ou perdre le combat, vous battre dans des bars après y avoir pris des cuites, préparer des festins en cuisine et les déguster dans les magnifiques restaurants que vous avez créés, je vous ai vu cultiver les vignes et boire jusqu’à l’ivresse le vin auquel vous aviez donné votre âme. Je vous ai regardé courir avant de perdre l’usage de vos jambes, être jaloux ou fou d’amour, pleurer pour une trahison ou une déception puis sourire et vous étreindre pour une réconciliation. Je vous ai vu vous trouver des racines inattendues, vous frapper entre père et fils et vous tomber dans les bras, dévastés par l’émotion. Je vous ai aimé plus que de raison depuis 25 ans et même quand vous m’avez agacé, quand vous étiez insupportable avec certaines de vos simagrées, je vous aimais quand même, à mon corps défendant, parce que vous charriez une épaisseur et une humanité qui ne pouvait que me toucher et me bouleverser.
Je voulais vous le dire car on ne sait jamais de quoi demain sera fait et qu’il faut dire aux gens qu’on aime qu’on les aime. Je tenais absolument à vous faire part de ce que j’éprouvais et à vous remercier du bonheur que vous m’avez apporté. Ce n’est pas une lettre passéiste ou de renoncement, puisque j’escompte bien qu’il y en ait encore des moments à part entre nous, de l’amour et de la tristesse, de la vie qui passe tout simplement. Je dis vous pour ne pas tous vous citer mais vous faites TOUS partie de ma vie par le biais des images et des sentiments que vous m’avez fait ressentir. Avec vous les Beaumont c’est ça. On est dans le ressenti, bon ou mauvais, mais on ressent des choses. Merci pour ça, pour les frissons, pour le plaisir, pour le bonheur. Merci pour les sourires, pour les silences, pour les larmes. Merci pour les coups, pour les angoisses, pour la plénitude. Merci d’être là quand on traverse nos vies comme des fantômes et que vous apparaissez, belle tribu sur laquelle s’appuyer, pilier de nos existences. Merci pour ces instants fugaces volés au temps et qui restent dans les replis du cœur comme un oasis où se ressourcer au moment où les incertitudes pointent le bout de leurs nez dans nos ciels.
Alors évidemment pour des personnages de fiction vous êtes quand même incroyablement vivants les Beaumont. Vous êtes incarnés totalement, magnifiquement, intensément par des comédiens plus beaux, plus grands, plus vrais que nature. Anny Duperey et Bernard Le Coq, Alexandre Thibault et Cécile Caillaud, Jennifer Lauret et Kamel Belghazi, Philippe Khorsand et Béatrice Agenin, Julie de Bona et David Sarfati, Geoffrey Sauveaux et Marie Sambourg, Fanny Krich et Laura Salvatore, j’en oublie évidemment. Vous avez les visages de ces gens qu’on croise sur nos écrans de télévision et qu’on pourrait tout aussi bien croiser en bas de chez nous, non pas qu’ils soient ordinaires, mais au contraire parce qu’ils sont l’extraordinaire reflet de nos vies. Vous avez bien de la chance d’être une si belle famille, soudée par-delà les épreuves, qui nous ressemble et nous rassemble depuis 25 ans. Et ça ne finira jamais, parce que l’amour reste toujours le ciment de nos âmes. A dans 25 ans les Beaumont parce qu’on a bien l’intention que vous soyez encore là au moins tout ce temps-là.
Votre dévoué Fred Teper
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