MARY (Critique)

Par Fred Teper le septembre 13, 2017 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS: Un homme se bat pour obtenir la garde de sa nièce, qui témoigne d’un don hors du commun pour les mathématiques.

On ne saura jamais réellement si Marc Webb s’est perdu en allant réaliser The Amazing Spider-Man 1 et 2 ou si il souhaitait se mettre à l’épreuve d’une superproduction et se prouver qu’il en avait l’étoffe. Car au-delà de ce que l’on peut penser des deux films, ce sont leurs résultats commerciaux plus que leur réussite formelle qui en ont été sujet à caution. L’aura du metteur en scène elle, a peu pâlit, toujours escortée par la réussite éblouissante qu’était son premier long métrage, (500) jours ensemble et une intuition nous faisait dire que son retour vers le cinéma indépendant était de bonne augure. Au visionnage de Mary son nouveau film, notre intuition se confirme. Marc Webb est de retour avec une douceur, une humanité et une sincérité qui faisait déjà le prix de (500) jours ensemble. Mary c’est la conjonction entre la délicatesse, l’émotion et la chaleur humaine, le genre de films qui vous étreint l’âme et le cœur dans un même élan. Une histoire bien écrite et bien menée, une réalisation efficace sans effets ostentatoires et une distribution plus que convaincante, rien d’original ou qui révolutionne quoi que ce soit, mais ça n’en a jamais la prétention.

Quand bien même le récit est cousu de fil blanc, Mary est séduisant de bout en bout, tantôt enthousiasmant par sa bonne humeur, tantôt bouleversant par la description de l’intensité de la relation qui lie Mary à son oncle Franck. Si l’amour qui les rassemble transpire de l’écran, c’est parce que la peinture de cette gamine attachante comme pas deux est absolument saisissante de vérité. L’élément perturbateur du récit, c’est que Mary est surdouée et que malgré toute son humanité, elle a un mal fou à s’ouvrir aux autres et dans la perspective d’offrir à Mary une vie « normale » Franck va devoir faire des choix qui vont mettre leur relations et leurs sentiments à l’épreuve.

Si le film a dans son ADN tout ce qui fait un bon, voire un excellent feel good movie, c’est également un drame poignant, qui vous serrera le cœur et vous fera couler quelques larmes si vous n’êtes pas insensible. C’est ce mélange extrêmement réussi de sentiments contradictoires que le film parvient à faire passer avec virtuosité qui en fait le prix. La mise en scène de Webb, purement illustrative, là où dans (500) jours ensemble il faisait montre de toutes ses qualités de clippeur, est appuyée par une photographie très belle et très chaude qui contribue à ce sentiment de bien être que l’on ressent. Chaque composant du film contribue à sa réussite, que ce soit la relation entre Franck et Mary évidemment, celle entre Mary, Franck et leur voisine et amie Roberta (Octavia Spenser) et même la partie romantique entre Franck et Bonnie (Jenny Slate) qui aurait pu être artificielle mais qui est particulièrement chaleureuse. L’opposition avec la mère de Franck (formidable Lindsay Duncan) fonctionne elle aussi parfaitement et les bonnes idées s’enchainent avec fluidité, offrant au film un rythme très appréciable. Porté par un excellent Chris Evans bien plus proche de ses rôles dans Before we Go ou Comment Séduire une amie que de celui de Steve Rogers dans Avengers et consorts, Mary doit une grosse part de son charisme à la petite McKenna Grace (qui joue la fille de Kiefer Sutherland dans Designated Survivor). La jeune comédienne, pétrie de talent et de grâce gère le spectre de ses émotions avec le talent d’un vieux briscard. Devant la relation entre Mary et Franck, on ne peut s’empêcher de penser au duo que formait Dustin Hoffmann avec le petit Justin Henry dans Kramer contre Kramer (Robert Benton, 1979) dont la complicité et la tendresse réciproque nous émeut toujours autant près de 40 ans après sa sortie. Avec Mary, Marc Webb revient à un cinéma plus humain et plus classique et signe un miracle de sensibilité avec une tornade nommée Mckenna Grace.