SYNOPSIS: Touko Laaksonen, officier héroïque de la Seconde Guerre mondiale, est de retour en Finlande. Mais la vie à Helsinki n’est pas de tout repos. La persécution contre les homosexuels est insidieuse les contraignant le plus souvent à se marier et avoir des enfants. Touko trouve alors refuge dans l’art dessinant dans le plus grand secret des hommes musclés, désinhibés et fiers d’être gays.

Connaissez-vous le point commun entre les Village People et les tenues en cuir au cœur du style de nombreux groupes de métal ? Celui qui a popularisé ces tenues dans le métal, Rob Halford, chanteur de Judas Priest et les Village People partagent la même influence, Tom of Finland. De son vrai nom Touko Laaksonen, Tom of Finland est un dessinateur érotique finlandais qui a popularisé ces hommes en uniforme, ouvriers, bucherons, policiers et motards tout de cuir vêtu, musclés et à l’imposante bosse dans le pantalon. A l’opposé des clichés qui voulaient que les homosexuels se comportent comme les femmes, Tom of Finland célèbre une homosexualité fière et virile qui l’a propulsé au rang d’icône et de porte-parole de la communauté gay, tandis que Touko Laaksonen est resté discret et inconnu dans son propre pays jusqu’à ce que sa notoriété soit trop importante pour qu’il puisse continuer à se cacher.

Le réalisateur finlandais Dome Karukoski s’est emparé de cette histoire pour réaliser Tom of Finland, qui nous raconte la vie de Touko Laaksonen depuis les derniers combats de la seconde guerre mondiale en Finlande, dans lesquels le soldat Laaksonen assouvit son amour des uniformes dans les périodes de blackout tout en combattant l’URSS, jusqu’à la reconnaissance et sa mort en 1991. Touko Laaksonen vit dans une Finlande qui punit sévèrement l’homosexualité, et il cache ses premières œuvres, se contentant de son travail d’illustrateur publicitaire aux côtés de sa sœur, qui partage la même profession. Son obsession pour le secret, pour cacher ce qu’il est, contraste fortement avec l’affirmation de l’homosexualité épanouie que sont ses dessins. Ce n’est que quand la célébrité va le rattraper qu’il découvrira ce que son œuvre représente pour de nombreux hommes à travers le monde, il découvrira alors la libération sexuelle aux États-Unis et l’absence des persécutions dans sa résidence californienne, jusqu’au déclenchement de l’épidémie de SIDA qui cause d’immense ravages dans la communauté gay. Ses dessins sont alors cloués au pilori, accusés d’avoir encouragé la propagation de la maladie, devenant symboles de « déviances ». C’est toute l’évolution de la communauté gay et de sa perception dans la société qui défile en filigrane durant le film.

L’interprétation de Pekka Strang est excellente, et le scénario rend à merveille tous les mensonges, les contradictions que Touko doit faire paraître pour que nul ne soupçonne son homosexualité. Paradoxalement la guerre était pour lui une période bien plus libre et à l’ennui et la mélancolie qui suivent la fin de la guerre s’ajoutent pour Touko les regrets d’une période où la répression envers les homosexuels en Finlande était le cadet des soucis de la police. Les dessins de Laaksonen ne sont pas cachés ni suggérés dans le film, ils sont montrés en pleine lumière, très crus, pornographiques, Karukoski refusant de masquer ce qui doit être la reconnaissance d’un auteur au-delà des cercles de la communauté gay. Cela participe d’une notoriété enfin acceptée en Finlande, où Tom of Finland est devenu une icône dont on a édité des dessins sous forme de timbre. Une comédie musicale retraçant sa vie a même été créée en janvier dernier. En 1990, Touko Laaksonen recevait un grand prix de bande dessinée finlandais pour l’ensemble de son œuvre, c’est donc en ayant enfin acquis la reconnaissance dans son pays qu’il s’éteindra l’année suivante.

Titre Original: TOM OF FINLAND

Réalisé par: Dome Karukoski