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FEUD : BETTE AND JOAN (Critique Saison 1 Épisodes 1-5) Un hommage au passé qui manque de verve

SYNOPSIS: La rivalité légendaire entre les actrices Joan Crawford et Bette Davis sur le tournage de Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?

Vous ne connaissez peut-être pas Ryan Murphy de nom, mais vous avez certainement entendu parler d’un de ses projets. Depuis 2003, ce bourreau de travail n’a pas cessé de faire parler de lui, d’abord avec Nip/Tuck, puis avec Glee en 2009, American Horror Story en 2011 et Scream Queens en 2015. Dernière en date, la série Feud : Bette and Joan se penche sur la rivalité entre Bette Davis et Joan Crawford, deux icônes du septième art et grandes figures de l’âge d’or Hollywoodien. Les deux femmes n’ont collaboré que sur un seul film, What Happened to Baby Jane ?, un thriller psychologique dans la veine d’Hitchcock qui fût réalisé en 1962 par Robert Aldrich. Suivant le modèle de American Horror Story, Feud se focalise sur une histoire différente chaque année, et pour cette première saison, nous voilà donc en plein Hollywood des sixties alors que les deux actrices se livrent une lutte sans merci sous le feu des projecteurs.

C’est Susan Sarandon qui se glisse dans la peau de Bette Davis, l’une des meilleures actrices de son temps avec pas moins de onze nominations aux Oscars. Joan Crawford, plus connue quant à elle pour être une pin-up sexy et mère déplorable (sa fille adoptive Christina écrira d’ailleurs un mémoire, Mommy Dearest, sur son enfance abusive et violente, qui sera adapté à l’écran en 1981), est interprétée par Jessica Lange, avec qui Murphy avait déjà travaillé sur American Horror Story. Alfred Molina joue Robert Aldrich, le réalisateur pris entre son désir de faire un grand film et l’influence de deux stars qui ont l’habitude qu’on leur obéisse au doigt et à l’œil et Stanley Tucci enfile avec un plaisir évident le costume de Jack Warner, patron des studios du même nom et magnat tyrannique de toutes les stars qu’il produit. Catherine Zeta-Jones et Kathy Bathes viennent compléter ce casting cinq étoiles, la première dans le rôle de Olivia de Havilland (la Mélanie de Autant en Emporte le Vent et la Marianne du Robin des Bois avec Errol Flynn) et la seconde sous les traits de Joan Blondell, actrice méconnue du grand public mais dont la carrière s’étale sur quarante ans, depuis les débuts du cinéma muet jusqu’à un petit rôle dans Grease avec John Travolta. Bref, il n’y a rien à reprocher au talent devant la caméra, car tous ces acteurs scintillent de mille feux dans un environnement fabuleux, même si le visage botoxé à mort de Jessica Lange a parfois du mal à faire passer les émotions. Les décors de Florencia Martin, la direction artistique de Jamie Walker McCall, les costumes de Lou Eyrich, la cinématographie de Nelson Cragg… tous les éléments sont là pour faire revivre, sous nos yeux, le grand glamour d’un Hollywood qui a maintenant disparu.

Où est le problème, alors ? Et bien, il semblerait qu’il vienne de l’écriture. Quoique la passion que Ryan Murphy et son équipe de scénaristes ont pour leur sujet soit palpable, le script en lui-même a bien du mal à gérer l’équilibre entre exposition, conflit et nuances. Il faut présenter le Hollywood des années 60 à un public qui ne connaît pas forcément les us et coutumes de ce monde un peu à part, tout en s’assurant que l’intrigue se noue et se complexifie de façon intéressante. Il faut maintenir la rivalité entre les deux protagonistes puisque de là vient le conflit et toute la tension dramatique, mais il faut aussi éviter la facilité et tomber dans une dynamique sexiste qui présenterait les deux plus grandes actrices de leur temps comme deux têtes de linottes qui passent leur temps à se chamailler pour l’attention d’un homme. Une dynamique que, dans l’ensemble, la série parvient à éviter, mais dont elle s’approche dangereusement dans certains épisodes. C’est un sacré challenge que s’est imposé Murphy et il fait vraiment tout le possible pour éviter le piège de la caricature, ce qui est tout à son honneur. Mais dans l’ensemble, si la série réussit son hommage au passé, elle manque de cette verve qui vous donne envie de revenir de semaine en semaine pour connaître la suite de l’histoire. A réserver aux puristes du cinéma et aux passionnés du Hollywood d’antan.

Crédits: FX / Canal Plus

 

1 réponse »

  1. « A réserver aux puristes du cinéma et aux passionnés du Hollywood d’antan. »
    J’ai l’impression de n’être ni dans l’une ni dans l’autre des catégories, et j’ai tout de même adoré la série 🙂
    Mais bon, après, je manque d’objectivité, j’adore Jessica Lange (visage botoxé ou non) depuis que je l’ai (re)découverte dans American Horror Story du même Ryan Murphy. C’est une plongée intéressante sur l’âge d’or d’Hollywood pour ceux qui n’y connaissent rien justement, je trouve.

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