Critiques

MISSIONS (Critique Saison 1) Embarquement immédiat

SYNOPSIS: Le premier à avoir monté une mission est européen, William Meyer. Il a réuni les meilleurs astronautes et scientifiques français, italienset allemands. Après 10 mois de voyage, la veille d’atterri r sur la planète rouge, ils découvrent que leurs concurrents américains se sont déjà posés mais et ne donnent plus aucun signe de vie. Après un atterrissage catastrophique, ils découvrent qu’il ne reste que des débris du vaisseau américain… et un rescapé. Seulement, l’homme n’a jamais fait partie de cette mission. Il s’appelle Vladimir Komarov, il est russe. C’est le premier homme à avoir perdu la vie dans l’espace… en 1967

Non la France n’est pas la terre promise de la science-fiction, même si des créateurs s’y sont essayés il y a déjà longtemps. Mais en 2017 le genre est moribond dans nos contrées, tant et si bien que les termes science-fiction française semblent totalement antinomiques. Aussi lorsque l’on apprend qu’OCS se lance dans une aventure de cet acabit, et que non ce n’est pas une comédie ou une parodie, genre de toute manière phagocyté par l’indépassable Objectif Nul, et bien la première réaction est la circonspection et on fait forcément des yeux en forme de soucoupe volante de circonstance. Il faut une part de folie et d’inconscience pour se jeter dans une telle aventure et surtout pour parvenir à aller jusqu’au bout alors que c’est bien connu, ce genre n’est pas pour nous, ça coûte bien trop cher et dès l’énoncé d’un pitch intégrant des notions de SF on hésite entre le sourire gêné et la commisération. Et puis vint donc Missions. Cornaquée par l’équipe d’Empreinte Digitale (Lazy Company, Les Grands), cette première saison de 10 épisodes de 22 minutes (format peu usité pour de la SF) dont on craignait au moment de se lancer que tous les mauvais choix auxquels on s’attendait forcément seraient faits, est une vraie réussite. Cela tient sans nul doute non seulement à l’insouciance qui a présidé à la création de la série mais aussi et surtout car il s’agit d’une vraie série de créateurs passionnés et conscients de la gageure à relever. Éviter à tout prix que le téléspectateur se dise que ce qu’il regarde est fake et faire en sorte que le sentiment d’évidence que l’on ressent au visionnage d’une série de SF anglo-saxonne imprègne l’ensemble, tout en conservant une spécificité totalement française. Les trois co-créateurs, Julien Lacombe (aussi scénariste et réalisateur), Ami Cohen (scénariste) et Henri Debeurme (producteur) ont tout compris du défi qui se posait à eux, ils ont non seulement assimilés toutes les références qui sont les leurs et les ont restituées, régurgitées et ce toujours sous forme d’hommage subtil sans jamais recourir au plagiat de mauvaise augure ou à des emprunts non assumés qui ampouleraient le récit et donneraient simplement leur ration de clins d’œil à un public vaguement complice.

Or, cela n’arrive jamais, l’histoire est tenue de bout en bout, haletante et distillant ses bonnes idées, instillant sa tension, la faisant grimper crescendo avec un art maîtrisé des rebondissements, des ellipses et des morceaux de bravoure. Et surtout on y croit, on est happés, séduits tout à la fois par l’inventivité et la maestria visuelle qui ne donne jamais le sentiment de masquer de faibles moyens pour un projet de cette envergure. Car les moyens des séries d’OCS on le sait, sont très faibles (même si Missions a eu droit à un budget un tout petit peu plus important) et c’est l’intelligence sur laquelle s’appuie les créateurs de Missions, l’ingéniosité et un amour incommensurable pour le genre (d’Alien à Interstellar le spectre des films auxquels la série se réfère est extrêmement large). L’écriture est incisive, aucun dialogue n’est superflu ou ne surligne ce qui se passe à l’écran, un véritable exploit réussi avec virtuosité. Aidé par des décors utilisés au maximum de leur potentiel et par des maquettes bluffantes de réalisme tout concourt à rendre Missions haletante et passionnante, grâce également à sa brillante construction comme une vraie série, avec des enjeux narratifs qui se répondent au fil des épisodes et prenant en compte la notion de rendez-vous que revêt le récit sériel. Missions est qui plus est portée par une troupe de comédiennes et comédiens énergique et extrêmement homogène pour qui l’on éprouve un mélange d’empathie et de fascination autant pour l’évolution de leurs personnages que pour la palette de jeu qu’ils nous proposent, chacun possédant une caractérisation impeccablement distillée et évolutive au long de la saison. De Hélène Viviès à Jean-Toussaint Bernard, de Mathias Mlekuz à Côme Levin en passant par Clément Aubert et le charismatique Arben, Bajraktaraj on a droit à de très belles prestations.

Missions ose enfin défricher un genre exsangue en France avec un respect des codes imposés, des effets spéciaux artisanaux mais à la hauteur bref tout ce que l’on n’attendait pas d’une série française de SF, si tant est qu’un jour on ait pu croire que cela arriverait. Preuve en est avec cette série que l’on peut aborder tous les genres si tant est que l’on s’en donne les moyens intellectuels. L’audace ici est de parvenir à allier l’audace, l’émotion et l’humour en transcendant le genre dans lequel la série s’inscrit. Une série rare et précieuse dont la deuxième saison est d’ores et déjà commandée et qui cumule les récompenses. Ne vous en privez pas!

Crédits : OCS

 

 

 

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