Critiques Cinéma

PIRATES DES CARAÏBES – LE SECRET DU COFFRE MAUDIT (Critique)

SYNOPSIS: Dans ce nouvel opus de l’aventure Pirates des Caraïbes, le toujours aussi excentrique pirate Jack Sparrow est confronté subitement à son passé. Treize ans auparavant, Jack signait un pacte avec Davey Jones, le maître des sept mers, dont l’esprit maléfique n’a d’égal que son apparence tentaculaire. En échange de son âme, ce dernier lui promettait le commandement du mythique Black Pearl… Aujourd’hui, Jones vient donc récupérer sa dette. Mais donner son âme à Jones est sans issue, il n’y a pas de rédemption possible, c’est devenir comme tous les membres de son équipage maudit, un fantôme au physique aussi repoussant que terrifiant. Pour éviter ce sort funeste auquel Jack ne tient pas vraiment, il n’a qu’une solution : retrouver le coffre maudit de Jones où sont cachés les âmes emprisonnées… 

Apparemment, Disney & co ne s’attendaient pas vraiment à ce que Pirates des Caraïbes premier du nom pète la baraque. Le Secret du Coffre Maudit, deuxième opus d’une désormais saga pensée (après coup) en trois actes, est l’exemple type de la suite – attendue – à laquelle personne ne s’attendait. C’était encore à peu près à l’époque où quand on disait d’un truc qu’il était fini, il était effectivement assez terminé, dans l’idée. Mais ça, c’était avant. Depuis, sur la planète Hollywood, on sait que le mot fin signifie en réalité à suivre, et que les morts ne le sont jamais définitivement. D’où le malheureux Pirates des Caraïbes 4, par exemple… Oups ! Spoiler alert sur les prochaines critiques… En attendant, on ne va pas bouder notre plaisir avec cet inattendu second volet des aventures de Jack Sparrow & cie. Un volet étonnamment plus sombre que le précédent, qui nous racontait déjà une bien belle histoire de fantômes. Là, clairement, on est dans la surenchère. De monstres, de pirates, de coups de Trafalgar, d’embrouilles en veux-tu en voilà, de bateaux, de points de vue, de rebondissements WTF. L’équivalent (soft) d’un épisode 9 de Game of Thrones. Ô joie !


Le film ouvre sur une scène d’intro d’une beauté mélodramatique à couper le souffle. De la pluie, un buffet qui prend l’eau, un nouvel envoyé de Sa Majesté qui fait d’emblée sa petite p*te (Tom Hollander), et le plaisir de retrouvailles humides avec le couple maudit Will Turner (Orlando Bloom) / Elizabeth Swann (Keira Knightley). Le programme des réjouissances est annoncé : la tension sera bel et bien de la noce, et les trouble-fête vont être légion. Si les alliances et oppositions multiples dans le premier volet donnaient parfois le tournis, ici, on ne sait définitivement plus à quel saint se vouer. D’autant que le capitaine Sparrow (Johnny Depp) semble lui aussi avoir perdu le cap. Pourchassé par un terrible créancier du nom de Davy Jones (Bill Nighy), il paraît avoir renoncé à l’horizon, et menace de mener équipage et alliés à leur perte. Et si l’on ajoute à ça que les alliés eux-mêmes poursuivent des intérêts très divergents, on obtient rapidement un joyeux micmac. Bref, c’est la débandade sur les océans. Un savoureux jeu du chat et de la souris s’engage alors, déployant l’action en divers endroits très exotiques (et très inquiétants) des Caraïbes, et l’intrigue sur plusieurs tableaux. Le trio emblématique s’en trouve éclaté, engagés chacun dans des quêtes personnelles plutôt très chahutées dont on ne retiendra qu’une chose : la séparation ne leur réussit pas. Les deux histoires majeures dans cet épisode transitoire portent sur la filiation pas facile de Will Turner, qui va faire face à son passé, et sur le cœur brisé de Davy Jones, despote baroque ayant soumis les océans. Rien à voir avec la malédiction qui frappait Barbossa et toute sa clique. Là, c’est du sérieux, du vraiment pas gloups. Et ça confère à l’ensemble du film une aura un peu chagrine, très dramatique et un peu moins « tout public ». C’est vraiment très sombre, par moments, d’autant que le Code en vigueur sur le Hollandais Volant n’est pas le même qu’à la surface. Pour sûr, on s’éclate moins que sur le Black Pearl. Alors que le premier volet faisait souffler un vent de renouveau sur le film d’aventure avec sa soif de liberté, celui-ci renvoie à tous les niveaux à une très forte idée d’aliénation.


C’est peut-être l’effet d’accumulation assez hallucinant dans le film qui lui confère une aura plus mitigée. Pourtant, si l’effet d’annonce est un poil longuet il est vrai, l’ultime tiers du film est un régal de tous les instants. Il faut dire ce qui est : on s’éclate. Surtout quand ça castagne enfin, avec une multiplication vertigineuse de « retournements-minute », dont la mythique séquence de la plage – lorsque tout un chacun retourne sa veste à la vitesse de l’éclair, à la recherche du fameux coffre – est l’illustration magistrale. Une presque parodie sur la dispute du pouvoir, vaudevillesque à souhait. C’est cette constante instabilité dans le récit, ce goût pour les surprises scénaristiques en cascade qui fait de ce volet intermédiaire un film majeur au cœur de la saga. On ne pourra jamais arguer qu’il surpasse son prédécesseur, en cela que le premier film frôlait la perfection du genre, mais son exploration de l’imprévisibilité – des personnages, des événements et de leurs conséquences – reste remarquable. Ça ne l’empêchera pas, néanmoins, de céder un peu aux sirènes de l’auto-contentement, avec une certaine paresse dans le renouvellement des effets de gags notamment, auxquels ont fini par s’habituer et (pire) à s’attendre. Finalement, c’est dans l’aspect plus sombre et dramatique de cette pluri-histoire que l’on se trouve encore cueillis, jusqu’à un dénouement intense, dans lequel le petit jeu de dupes mené tout au long du film atteint son paroxysme, avec un effet d’annonce doux-amer pour l’ultime volet. Avec Pirates de Caraïbes : Le Secret du Coffre Maudit, on se sent un peu comme si l’on renouait avec l’équipage de La Croisière S’amuse. On les connaît, on les aime, on est bien avec eux, mais l’on sent poindre, vaguement, une once de lassitude à l’approche du dernier volet. Quelque chose comme une mélancolie un peu funeste qui nous préparerait, l’air de rien, à couper prochainement le cordon. Un désagréable avant-goût de séparation, en somme.

Titre Original: PIRATES OF THE CARRIBEAN  – DEAD MAN’S CHEST

Réalisé par: Gore Verbinski

Casting : Johnny Depp, Orlando Bloom, Keira Knightley…

Genre: Aventure, Action, Fantastique

Date de sortie : 02 août 2006

Distribué par: Buena Vista International

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