Critiques Cinéma

PLUS JAMAIS SEUL (Critique)

SYNOPSIS : Santiago du Chili. Pablo, un jeune lycéen, se découvre une passion pour le cabaret. Mais un jour il est victime d’une violente agression homophobe qui le laisse dans le coma. Bouleversé, Juan, son père, met tout en oeuvre pour trouver les coupables…

Au Chili, le 2 mars 2012, Daniel Zamudio, un jeune chilien homosexuel de 24 ans est tabassé à mort par quatre hommes proches de la mouvance néonazie, il décèdera de ses blessures trois semaines plus tard. L’émoi énorme provoqué par cette affaire déclenche la promulgation en juillet 2012 de la première loi anti-discrimination chilienne, dite la loi Zamudio. Parmi les artistes préférés de ce jeune homme, le chanteur Alex Anwandter, que ce meurtre touche profondément. Il sort en 2017 son premier long-métrage, inspiré de cette histoire. Le jeune Pablo et son père Juan mènent des vies qui semblent parallèles, ils ne se croisent plus, le père dans la routine de son travail auquel il consacre tout pendant que son fils profite avec bonheur de ce que la vie lui offre. Nous suivons Pablo comme une célébration de la joie, de l’insouciance. Et puis le drame, l’agression sauvage et meurtrière, un destin brisé à jamais.

Pablo dans le coma, le film change. Ce n’est pas une description de la vie homosexuelle à Santiago du Chili avec ses joies et ses peines, c’est un film sur l’injustice, la famille, l’abandon et la douleur qui s’ouvre à nous. Sur la misère. Sur la révolte d’un père qui s’extrait soudain de son statut de machine automate, mannequin parmi les mannequins qu’il fabrique, pour enfin combattre, souffrir, vivre son amour paternel et sa douleur.

Paradoxalement le coma de Pablo qui le paralyse libère Juan. Alors il commet le sacrifice ultime, brise sa vie pour lui, détruit tout ce qu’il a construit durant ses années d’abnégation silencieuse, par amour, et accepte de ne plus le revoir si cela peut le sauver. Plus jamais seul ne parle pas de vengeance, ce qui serait trop facile et trop évident au cinéma, il dépasse la haine et devient un film sur l’amour. Les passions de Pablo, les sentiments de sa meilleure amie, l’amour de son père. Le film réussit à dépasser son thème et l’évènement qui l’a inspiré et à ne pas proposer un de ces énièmes films, certes sympathiques, sur la cause LGBT mais qui n’apportent pas grand-chose, et donne à son message un caractère universel, bien plus touchant et intéressant. En dépassant la communauté qu’il défend, notamment en faisant du père hétérosexuel le héros, il rend le message bien plus percutant et subtil à la fois et susceptible de ne pas prêcher que des convaincus. Rien à redire du côté de la réalisation, excepté quelques scènes peut-être un peu trop sombres. Pour un premier film, de plus venant d’un pays peu connu pour son industrie du cinéma (excepté Pablo Larrain), Alex Anwandter réalise un très beau coup.

Titre Original: NUNCA VAS A ESTAR SOLO

Réalisé par: Alex Anwandter

Casting : Sergio Hernandez, Andrew Bargsted, Jaime Leva,

Antonia Zegers, Benjamin Westfall, Edgardo Bruna…

Genre: Drame, Action

Date de sortie : 03 mai 2017

Distribué par: Epicentre Films

EXCELLENT

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