Critiques Cinéma

AURORE (Critique)

SYNOPSIS: Aurore est séparée, elle vient de perdre son emploi et apprend qu’elle va être grand-mère. La société la pousse doucement vers la sortie, mais quand Aurore retrouve par hasard son amour de jeunesse, elle entre en résistance, refusant la casse à laquelle elle semble être destinée. Et si c’était maintenant qu’une nouvelle vie pouvait commencer ? 

C’est un sujet rarement traité dans le cinéma français qu’embrasse à corps perdu Blandine Lenoir dans son nouveau film Aurore. En choisissant pour héroïne une femme en pré-ménopause qui apprend qu’elle va devenir grand-mère en même temps qu’elle perd son job, on aurait pu craindre de voir le pathos arriver au galop mais pas une seule seconde, la réalisatrice ne succombe à ces travers. Bien au contraire, elle les repousse d’un revers de la main pour faire table rase et offrir à cette femme non pas des lamentations sur elle-même et son bonheur enfui mais au contraire un horizon lumineux et le début de nouvelles aventures où se mêlent étroitement la sourde angoisse de l’inconnu et l’exaltation d’aborder de nouveaux territoires. Jamais pesant, didactique ou écrasé par une fatalité dévorante, le récit du film ne cède pas aux sirènes d’un dépit sclérosant ou d’un repli sur soi fatidique. Aurore est un film lumineux d’où jaillit des éclats de vie pareils à des secousses telluriques dans la vie de cette femme que la société aimerait caser dans un moule mais qui refuse d’abandonner ses aspirations avant de s’en créer de nouvelles.

Pour jouer cette partition fraiche, fine et précise qui nous transporte d’allégresse il fallait une comédienne prête à décoller. Et c’est délestée de ce qui pouvait encore la brider, qu’Agnès Jaoui s’envole sur des sommets de légèreté. Si elle avait montré dans Comme un avion qu’elle pouvait oser assumer ses courbes, sa sensualité et sa féminité, rien à voir ici avec une quelconque nudité, mais elle confirme une nouvelle maturité faite de désinhibition et de lâcher prise dans son interprétation qui lui permet d’être en apesanteur et d’élever le film vers des cimes inattendues. Autour d’elle on retiendra une Pascale Arbillot phénoménale qui est au cœur d’au moins deux scènes instantanément cultes où elle fait preuve d’un abattage et d’un tempérament comique irrésistibles. La délicieuse Lou Roy Lecollinet (Trois souvenirs de ma jeunesse) et la douce Sarah Suco complètent une distribution féminine formidable où l’on peut également apercevoir Laure Calamy de la série Dix Pour Cent qui, si elle ne fait qu’une apparition, se paye le luxe d’y être inoubliable en conseillère du pôle emploi.

Peu d’hommes traversent ce film de femmes, mais le plus important, celui pour qui le cœur d’Aurore bat la chamade c’est cet amour de jeunesse qui a les traits et la bonhomie d’un Thibault de Montalembert (lui aussi figure de proue de Dix Pour Cent) dont le sourire éclatant et l’immense bonté transparaissent magnifiquement. Co-écrit avec Jean-Luc Gaget (complice de  Sólveig Anspach), le script transpire la bienveillance et impulse sa mécanique fluide qui fait du bien et met du baume au cœur. C’est un film au goût de miel, réparateur pour des âmes en souffrance, une de ces merveilles miraculeuses de tendresse et de sensibilité. Le film porte bien son nom: Aurore où comme chaque matin, la promesse d’un jour nouveau qui commence.

Titre Original: AURORE

Réalisé par: Blandine Lenoir

Casting : Agnès Jaoui, Pascale Arbillot, Thibault de Montalembert,

Lou Roy Lecollinet, Sarah Suco, Philippe Rebbot…

Genre: Comédie

Sortie le: 26 avril 2017

Distribué par: Diaphana Distribution

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