Critiques

THE LEFTOVERS (Critique Saison 3) Juste la fin du Monde…

4,5 STARS TOP NIVEAU

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SYNOPSIS: Du jour au lendemain, un 14 octobre en apparence ordinaire, 2% de la population disparaît mystérieusement de la surface de la terre. Ces gens, de tout âge, se sont évanouis dans la nature, sans explication, laissant leurs proches dans l’angoisse, voire le désespoir. Trois ans plus tard, la vie a repris son cours dans la bourgarde de Mapleton, une petit ville près de New York, mais rien n’est plus comme avant. Personne n’a oublié ce qui s’est passé, ni ceux qui ont disparu. A l’approche des cérémonies de commémoration, le chef de la police locale, Kevin Garvey, est en état d’alerte maximale : des affrontements dangereux se préparent entre la population et un groupuscule comparable à une secte…

Avertissement : Sept épisodes sur huit ont été présentés à la presse

ATTENTION SPOILERS INSIDE

Pour les retardataires dans The Leftovers la disparition spontanée et inexplicable de 2% de la population mondiale, un événement baptisé le « Départ soudain » à créé une atmosphère d’incertitude et de désespoir, sans aucune explication à l’horizon la seule question pour « ceux qui restent » (les leftovers du titre) est de savoir si ils pourront ou non dépasser cette tragédie. La première saison a introduit le personnage principal Kevin Garvey (Justin Theroux), un homme qui lutte contre ses démons personnels à la suite d’événements qui ont entraîné la rupture de sa famille. Son ex-femme Laurie (Amy Brenneman) l’ayant abandonné pour se joindre aux « Guilty Remnants », une secte dont l’objectif est d’empêcher la société d’oublier ceux qui sont partis. La seconde saison avait délocalisé ses personnages vers la ville fictive du Jarden où Kevin, sa fille Jill (Margaret Qualley), sa nouvelle compagne Nora (Carrie Coon) et leur bébé adoptif Lily espéraient prendre un nouveau départ. Surnommée « Miracle » parce qu’aucun de ses habitants n’avaient disparu lors du « Départ soudain » Jarden va vite devenir un centre d’activité pour un grand nombre d’illuminés. La saison se terminait par la quasi-destruction de la ville provoquée par la secte des « Guilty Remnants » désormais dirigée par Megan « Meg » Abbott (Liv Tyler). Malgré l’échec de la deuxième saison en terme d’audiences HBO a accordé au tandem Damon Lindelof (Lost, Star Trek, Prometheus) et Tom Perrotta auteur du roman dont s’inspire la série (adapté dans la saison inaugurale, la deuxième étant complètement originale) une dernière saison de huit épisodes pour conclure une série saluée de façon unanime par la critique. Comme la précédente cette ultime saison s’ouvre sur une séquence située dans le passé, après la préhistoire c’est dans l’Amérique des pèlerins (mais rien ne permet de le déterminer exactement) qu’elle semble se dérouler, silencieuse, avant de se conclure par le déchirant thème musical de Max Richter. Nous voila ensuite projetés trois ans après les événements de la saison précédente, alors que Miracle a failli être détruite par les machinations des « Guilty remnants ». Après un flash-back qui nous montre comment s’est conclu leur intrusion, nous retrouvons Kevin désormais chef de la police de Jarden aux cotés de son beau-fils Tom (Chris Zilka), travail rendu plus délicat par l’approche dans deux semaines du septième anniversaire du « Départ soudain » que beaucoup pensent être le moment d’un nouvel épisode apocalyptique.

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Après un quasi-reboot lors de la deuxième saison et son afflux de nouveaux personnages, l’action se recentre  sur les personnages principaux même si elle les plonge dans un nouvel environnement. Dés le premier épisode on retrouve les jeux de temporalité qu’affectionne Damon Lindelof de la séquence d’ouverture à la présentation du nouveau statu-quo des protagonistes qui permet au spectateur de manière ludique de s’interroger sur leur parcours entre les deux saisons jusqu’à un dernier plan ouvrant une porte vers des mystères que la série résoudra… ou pas. Très tôt et sans doute pour couper l’herbe sous le pied des critiques qui le poursuivent depuis la fin jugée décevante (pas par l’auteur de ces lignes) de Lost, Lindelof avait annoncé que le pourquoi et le comment du « Départ soudain » ne recevraient jamais d’explication. L’ironie étant que de nombreux personnages de The Leftovers souffrent justement à l’image du spectateur de vivre dans un univers qui n’apporte aucune réponse à leurs angoisses existentielles. Dans The Leftovers le chagrin est une force omniprésente, les moment de bonheur sont vite ébranlés par les réverbérations du « Départ soudain » ainsi la relation entre Kevin et Nora  ne peut vraiment les protéger des spectres de leur passés. La série baigne dans une ambiance d’ apocalypse imminente qui est avant tout une apocalypse intime. Kevin Garvey demeure le personnage « Lindelofien » par excellence, comme le fut le Jack Shepard de Lost, un homme enfermé dans la dépression, rongé par le doute, guetté par la folie qui a consumé son père et pointe de nouveau son nez dés cet épisode de reprise. Bien plus que les énigmes  les personnages constituent le moteur de The Leftovers . Pourtant Damon Lindelof n’a rien perdu de son talent pour tisser des intrigues autour d’événements mystérieux qui s’insinuent dans la vie de ses protagonistes, son écriture étant d’une redoutable efficacité  pour créer des situations étranges.

En dehors de Legion et sans doute du prochain revival de Twin Peaks, The Leftovers propose les moments de  télévision les plus étranges cette année comme l’ouverture de It’s a Matt, Matt, Matt, Matt World  (ep.5) ou l’incroyable cadre qui lui qui sert de toile de fond. Mais la vraie force de son écriture réside dans cette faculté à bâtir des moments d’une telle vérité émotionnelle qu’ils nous touchent au plus profond. Plus d’une fois on passe du drame le plus déchirant porté par les notes de Max Richter à l’humour le plus absurde (G’Day Melbourne le quatrième épisode en est un bon exemple). Les épisodes autonomes centrés sur un seul personnage restent une des forces de la série et la saison trois ne déroge pas à cette règle avec des épisodes qui fonctionnent comme des court-métrages comme Crazy Whitefella Thinking (ep.3) qui donne la vedette à  Kevin Garvey Sr. un des personnages les plus fascinants de la série qu’incarne l’excellent Scott Glenn (L’étoffe des héros, Le silence des Agneaux). Au delà de ses qualités d’écriture The Leftovers ne serait sans doute pas une série si puissante sans le jeu de ses comédiens . En premier lieu celui à fleur de peau de Justin Theroux  qui a lui aussi « son » épisode  dans cette saison The Most Powerful Man in the World (and His Identical Twin Brother) épisode digne des grandes séries britannique comme The Prisoner qui fonctionne en miroir de l’excellent International Assassin de la saison 2 et lui donne l’occasion de donner une une performance incroyablement émotionnelle. L’ensemble de la distribution est d’une grande qualité, de la fantastique intensité qu’apporte Carrie Coon (Gone girl)  à la performance habitée de Christopher Eccleston (Doctor Who) en passant par les nuances qu’Amy Brenneman (Heat) donne au personnage de Laurie. Tous confèrent à la série une vraie résonance émotionnelle par delà les habits du fantastique. La série se distingue aussi par le soin apporté à ses « production values » qui lui donnent un cachet véritablement cinématographique, Mimi Leder (Deep impact) réalise à nouveau plusieurs épisodes dont le très spectaculaire standalone avec Scott Glenn qui soutient visuellement la comparaison avec des films de cinéma. Il faut souligner le soin apporté à sa bande sonore, cette saison des génériques de sitcom (pour une raison que nous ne dévoilerons pas mais qui va ravir les fans des années 80) côtoient Take on me de A-Ha et…Charles Aznavour. De la nature merveilleusement ambiguë des performances de ses acteurs aux nombreux niveaux de lecture qu’elle offre, tout participe à faire de The Leftovers une série unique qui gagnera sans doute en popularité avec le temps. Cette  saison est une occasion pour nous de savourer une dernière fois le fait qu’une telle série puisse exister…

leftoversS3-3-cliff-and-coTitre Original: The Leftovers

Créé par: Damon Lindelof, Tom Perrotta

Casting : Justin Theroux, Amy Brenneman, Carrie Coon, Christopher Eccleston

Genre: Drame

Format : 52 minutes

Diffusion : sur OCS City à partir du 17 avril 2017

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