Difficile de croire que cela fait déjà six ans qu’Hannah, Marnie, Shoshanna et Jessa sont sur nos écrans. Les personnages étaient arrivés en fanfare en 2012, inventés par la plume experte et l’humour corrosif de Lena Dunham, alors âgée de vingt-six ans. La série est vivement critiquée pour ses scènes de sexe graphiques et voire carrément démoralisantes, le manque de réalisme avec lequel elle dépeint les conditions de vie des jeunes de son époque et le narcissisme assumé de sa protagoniste qui se vante d’être « la voix de sa génération ». Et pourtant, en dépit des critiques plus ou moins justifiées, le fait est que Girls présente un miroir dans lequel le public se reconnaît et s’il est vrai que les filles de la série font preuve d’une simplicité d’esprit qui trahit le milieu confortable et financièrement privilégié dont vient la créatrice, la magie qu’elles dégagent fascine le public. On ne se reconnaît pas forcément soi-même dans les portraits tirés par les actrices, mais on reconnaît clairement quelque chose. Et c’est ce quelque chose, ineffable, indéfinissable et hypnotisant qui fait de Girls le digne successeur de Sex and the City, un pedigree dont la série a parfaitement conscience et dont elle se moque gentiment à l’occasion.
Cette sixième saison donc, débute comme toutes les autres. Les filles sont prises dans le marécage gluant de la vie d’adulte, entre loyers qu’il faut payer, relations refroidies avec ceux et celles qui semblaient devoir passer leurs vies à s’épauler et le besoin de satisfaire les ambitions de chacun, qu’elles soient littéraires pour Hannah (Lena Dunham), artistiques et conjugales pour Marnie (Allison Williams), professionnelles pour Shoshanna (Zosia Mamet) ou encore non définies pour Jessa (Jemima Kirke). Les garçons du début sont toujours là, entre Ray (Alex Karpovsky) pour qui le café est toute une passion, Adam (Adam Driver) qui déambule toujours nu comme un vers et Elijah (Andrew Rannells) qui s’est fait une place dans la vie des filles. Ces messieurs soutiennent les filles lors des moments difficiles et donnent généreusement de leur personne durant les scènes érotiques qui ont fait la réputation de la série. Les personnages cependant, prennent cette année un peu de recul pour accommoder les emplois du temps surchargés des acteurs (Rannells monte régulièrement sur les planches de Broadway, Karpovsky a quatre films en post-production et Driver vit pratiquement sur les plateaux de cinéma).
La « dramédie » de Lena Dunham n’a jamais eu d’objectif précis. Il ne s’agissait pas de rire des déboires de nos quatre comparses, ni vraiment de sympathiser profondément avec elles, d’expliquer pourquoi ces filles étaient amies, pourquoi elles restaient amies en dépit des coups bas et des rifts entre elles, pas vraiment non plus d’un commentaire sur les temps qui courent, bref, rien de ce à quoi la critique et le public pensaient pouvoir s’attendre. La série, qu’on aime ou qu’on déteste, reste fidèle à elle-même, peinture ironique et détachée d’une tranche de la société qui adore se regarder le nombril, exécutée avec une grande intelligence et plus de nuances qu’on ne pourrait le croire à première vue. Peu de chances que cette dernière année sur les ondes attirent de nouveaux fans et ceux qui ont abandonné la série n’en reprendront certainement pas le cours, mais les amateurs du génie créatif qu’est Lena Dunham ne bouderont certainement pas les dernières aventures des quatre filles qui promettent d’être à peu près tout sauf reposantes.
La sixième saison de Girls démarre dimanche 12 février sur HBO et en US+24 à partir du 13 février sur OCS City
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Crédits: HBO / OCS
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