SYNOPSIS: Fin 1918, les Allemands abandonnent Marville après l’avoir piégée en y cachant une bombe. Un soldat britannique, Charles Plumpick, est chargé de localiser la machine infernale et de la désamorcer. Il découvre une cité désertée par ses habitants, à l’exception des pensionnaires de l’asile de fous. Ceux-ci l’accueillent à bras ouverts, il devient alors leur « Roi de coeur ». Plumpick se laisse séduire par ses nouveaux compagnons, qui ont pour noms Général Géranium, Duc de Trèfle ou Monsieur Marcel, mais n’en oublie pas sa mission pour autant.

Comme le spectateur, Plumpick est happé par l’énergie de cette ville et charmé par cette galerie de personnages hauts en couleurs, aveugles au drame qui est en train de se nouer. Pour ne citer qu’eux, Pierre Brasseur, Michel Serrault, Micheline Presle et Jean-Claude Brialy étaient déjà tous des acteurs reconnus et c’est à la fois un immense plaisir et une chance rare que de les voir tous réunis, partager cette scène comme une petite troupe d’un théâtre itinérant. Michel Serrault est irrésistible en coiffeur efféminé, Jean-Claude Brialy plein de charme et d’esprit en duc de Trèfle, flamboyant cocu à l’optimisme indéfectible, Micheline Presle attachante et jamais vulgaire en prostituée maternante au grand cœur et Pierre Brasseur toujours aussi imposant. Le personnage interprété par Alan Bates rappelle par certains aspects l’un de ses rôles les plus célèbres, celui de Basile dans Zorba le Grec (Michael Cacoyannis, 1964), qui devait lui aussi composer avec l’exubérance et l’excentricité de son compagnon de route. Il est l’élément rationnel dans cette fantaisie débridée, l’insider de Philippe de Broca qui permet au spectateur d’accepter les codes de cette fable antimilitariste. A travers la fantaisie se distille en effet un propos reposant sur une inversion des valeurs où les « fous » donnent une leçon de vie en communauté à ceux qui, bien qu’ayant toute leur raison, se sont lancés dans une guerre qui fera des dizaines de millions de victimes. Lorsque De Broca pose sa caméra c’est pour saisir des instants d’une grande douceur, notamment dans les scènes entre le roi de cœur et celle qui lui est promise, « Coquelicot », interprétée avec un charme fou par Geneviève Bujold, alors au début de sa carrière qui se poursuivit notamment chez Brian de Palma (Obsession,1976) et Clint Eatswood (La Corde Raide, 1984).
Cette fable qui englobe une charge dont la portée politique explique en partie le statut de film culte qu’elle a acquis aux USA alors en pleine guerre du Vietnam, n’a pas pour elle qu’une folle énergie communicative. La photographie de Pierre Lhomme (L’armée des ombres, La maman et la putain, Camille Claudel, …) offre une palette de couleurs chatoyantes qui tranchent avec les teintes grises de cette ville abandonnée et injectent de la vie et de l’insouciance dans un cadre de film de guerre. La musique de Georges Delerue, l’un des plus grands compositeurs français, qui remporta un oscar pour Little Romance (Georges Roy Hill, 1979) et travailla avec Oliver Stone (Platoon, Salvador), Mike Nichols (Le mystère Silkwood, Le jour du dauphin), Fred Zinneman (Julia) et Bernardo Bertolucci (Le Conformiste), termine de rendre inoubliables ces 100 minutes passées dans un « monde » dont la folie et la douceur nous font presque oublier l’horreur de cette guerre et croire en un monde meilleur.
Titre Original: LE ROI DE CŒUR
Réalisé par: Philippe De Broca
Casting : Alan Bates, Pierre Brasseur, Jean-Claude Brialy,
Geneviève Bujold, Micheline Presle, Michel Serrault…
Genre: Comédie dramatique, Guerre
Sortie le: 25 janvier 2017
Distribué par: Swashbuckler Films
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma