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INSECURE (Critique Saison 1) Inélégant au possible et absolument génial

4 STARS EXCELLENT

insecure

SYNOPSIS: Les expériences quotidiennes savoureuses et parfois surréalistes d’une Afro-Américaine à l’aube de la trentaine et de sa meilleure amie délurée…

AVERTISSEMENT: Seuls 6 épisodes ont été présentés à la presse.

On vous présente Issa Rae, actrice, productrice et scénariste, qui mériterait bien qu’on l’adoube elle aussi du titre de « voix de sa génération ». Fatiguée de ces auditions qui ne la mènent nulle part, Rae créée en 2011 sa propre web série intitulée The Misadventures of Awkward Black Girl (un titre quasi intraduisible en français), petite comédie sans prétention qui a l’avantage d’attirer les regards de ces messieurs et dames de la télévision et qui vaut à Rae de se faire remarquer. Suivent alors un petit rôle dans le clip de Happy de Pharrell Williams, un bref détour sur le plateau de tournage d’Orange Is The New Black et un deal avec HBO pour adapter Awkward Black Girl pour la télé. Il faut donc repenser le concept, restructurer le script, forger du conflit, du développement et donner davantage d’épaisseur aux personnages, ce qui veut dire plusieurs mois de travail acharné, jusqu’à ce que, enfin, Awkward Black Girl se transforme en Insecure.

Pari réussi pour HBO qui semble avoir eu du flair et mis la main sur une pépite. Rae étincelle dans le rôle d’Issa, jeune presque trentenaire qui cherche à concilier les frustrations de son job où elle est la seule femme noire, Lawrence (Jay Ellis), son petit ami apathique qui passe son temps sur le canapé et les aspirations artistiques qu’elle a mis de côté en sortant de l’adolescence. En comparaison, sa meilleure copine Molly (Yvonne Orji) semble avoir la vie parfaite : un appartement du tonnerre, un poste d’avocate dans l’une des plus grande firme de Los Angeles, un physique à tomber par terre et une suite d’aventures amoureuses plus désastreuses les unes que les autres. Les deux femmes s’arrangent comme elles peuvent avec la banalité coutumière de leurs vies respectives et se réfugient dans une amitié qui résiste à toutes les tempêtes. C’est honnête, trivial, ordinaire, parfois inélégant au possible et absolument génial.

Le stéréotype de la femme Noire aux États-Unis varie du plus écœurant (l’archétype de Jézabel) au plus enviable (Michelle Obama), et par sa nature même, il ne laisse pas beaucoup de place à la nuance. C’est assez aberrant qu’en 2016, Insecure soit l’une des rares, si ce n’est la seule série à présenter une protagoniste Afro-Américaine qui ne soit pas une alpha ou une victime, mais une fille lambda, pas complètement idiote mais pas complètement sûre d’elle non plus, à mi-chemin entre Crazy Eyes et Olivia Pope. Il y avait bien eu Wanda Sykes et sa série Wanda at Large en 2003, mais hélas, cela n’avait duré que neuf épisodes. On ne peut s’empêcher de sourire et de se reconnaître dans Issa, qui rappe maladroitement sur Game of Thrones dans sa salle de bain et qui fait des miracles quand elle s’investit à fond dans un projet. La série peint toute une galerie de portraits si vraisemblables qu’on a l’impression de pouvoir les rencontrer au coin de la rue. Le ton est juste, poignant et les blagues sont savamment distillées. Insecure n’a aucune autre prétention que celle d’être sincère, et il faut avouer que dans un paysage télévisé bardé de super héros et de loosers en tout genre, ça fait du bien de trouver un juste milieu.

Crédits: HBO / OCS

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