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ALIENS LE RETOUR (Critique)

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5 STARS CHEF D'OEUVRE

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SYNOPSIS: Après 57 ans de dérive dans l’espace, Ellen Ripley est secourue par la corporation Weyland-Yutani. Malgré son rapport concernant l’incident survenu sur le Nostromo, elle n’est pas prise au sérieux par les militaires quant à la présence de xénomorphes sur la planète LV-426 où se posa son équipage… planète où plusieurs familles de colons ont été envoyées en mission de « terraformage ». Après la disparition de ces derniers, Ripley décide d’accompagner une escouade de marines dans leur mission de sauvetage… et d’affronter à nouveau la Bête. 

Alien est déjà presque un classique et James Cameron n’est pas encore le « King of the World » quand les producteurs Walter Hill – lui-même grand scénariste-réalisateur (48 hrs, The Warriors) et son partenaire David Giler lui confie le développement d’une suite au film de Ridley Scott. La légende veut que Cameron rédige ce script en même temps que deux autres scénarios dans son appartement dans 3 pièces différentes avec des ambiances musicales distinctes. Ces 2 autres scripts : Terminator et Rambo 2 ! Légende toujours que ce meeting avec les exécutifs de la Fox ou il aurait vendu son concept en écrivant en lettres capitales le mot ALIEN sur un paperboard puis en y ajoutant simplement un S en forme de signe $. Il écrit le film pour Sigourney Weaver qui ne veut pas entendre parler de suite mais quand elle accepte finalement sur la force du scénario la Fox refuse de payer le salaire conséquent demandé par la comédienne. Cameron est inflexible et la comédienne sera nommée à l’Oscar de la meilleure actrice pour sa performance (et touchera un salaire d’un million de billets verts contre 335 000 pour Alien.) Si l’original avait pour modèle les films de monstre des sixties, c’est le film de guerre (la tagline du film est explicite: This time it’s war) et en particulier ceux consacrés à la guerre du Viet-nam, qui inspire sa suite. Comme dans le sud-est asiatique, la puissance militaire et technologique américaine sera défaite par un adversaire jugé de prime abord primitif (« Comment ça ils ont coupé l’électricité ? Comment peuvent ils couper l’électricité ? Ce sont des animaux ! » s’époumone le private Hudson interprété par le génial Bill Paxton). Aliens partage des thématiques avec Rambo 2 : Ripley devra affronter sa peur , revenir sur les lieux de sa première confrontation avec les xénomorphes, avec comme Rambo la promesse d’y aller « pour gagner » et se verra trahie par un technocrate.

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Cameron s’écarte des hypothèses de Ridley Scott sur la nature des créatures pour imposer sa version des xenomorphes dont il il réinterprète le design (en se passant de H.R Giger le croyant dit-il, occupé). Pour lui ce ne sont pas armes biologiques ayant échappé à leur créateur mais une race insectoïde dont il complète le cycle de vie avec une reine pondeuse. Scott bien qu’il respecte Aliens qu’il juge comme étant le seul film digne de l’original reviendra avec Prometheus et dans Alien Covenant à son idée initiale. Le tournage en Angleterre est particulièrement rude, Cameron se heurte aux syndicats de techniciens anglais qui le voient comme un usurpateur puisqu’il succède à l’anglais Scott. Excédé par leurs incessantes pauses syndicales il renverse la table lors du sacro-saint tea-time cimentant une réputation d’Attila des plateaux. Il fait aussi  face à la mutinerie de son premier directeur de la photo qui est persuadé qu’il va lui succéder, il le vire et le remplace par le génial Adrian Biddle (Princess Bride , V for Vendetta). C’est enfin le comédien James Remar (48 heures) drogué incapable d’assurer le rôle de Hicks qu’il remplace par le fidèle Michael Biehn (Kyle Reese dans Terminator). Cameron et sa compagne d’alors et productrice Gale Ann Hurd (The Walking Dead) sont soudés, ils imposent leurs techniciens d’effets spéciaux, les frères Skotak pour les miniatures et Stan Winston pour les créatures.

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Mais le résultat dépasse toutes les espérances, Aliens est un incroyable roller-coaster, une expérience unique à l’époque qui n’a rien perdu de sa puissance 30 ans plus tard. Une colonie installée sur LV-426 , la planète d’où 60 ans plus tôt l’équipage du Nostromo a ramené la forme de vie qui l’a décimé, ne répond plus. Ripley doit guider un bataillon de marines coloniaux pour les secourir. La situation posée et les protagonistes présentés, le film ne lâche plus le spectateur pris comme dans les mâchoires d’un pitbull sous les pulsations du score de James Horner (qui figurera dans un nombre incalculable de bandes-annonces). Les hommes tombent les uns après les autres mais ici on n’est pas dans un Vendredi 13 et ses victimes interchangeables : au travers des scènes d’introduction les colonial marines nous deviennent vite familiers, leur camaraderie nous touche, la farouche Vasquez, la grande gueule Hudson (la valve de décompression du script de l’aveu même de JC) jusqu’à Bishop l’androïde, pardon humain artificiel. Cameron brouille les pistes en jouant de la méfiance qu’inspire à Ripley et au spectateurs le souvenir de Ash le synthétique du premier volet qui livra l’équipage à la bête. Le jeu de Lance Henriksen vétéran des films de Cameron depuis Piranha 2 fait transparaître une humanité incroyable dans ce qui est une sorte de Pinocchio high-tech. Bishop va s’avérer posséder cette humanité que l’appât du profit a fait disparaître chez Burke.

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Burke, le cadre de la compagnie Weyland-Yutani qui les accompagne (nous sommes dans les années 80 marqué par la peur que les japonais rachètent les fleurons industriels américains à l’image du studio Columbia racheté par Sony) est peut-être un des pires vilains créé par Cameron, ni le T-1000, ni la reine des Aliens ne provoquent la même révulsion que le mal ordinaire de ce company-man faussement affable qu’interprète Paul Reiser (la série Mad about you). L’action est au cœur du script sans cesse relancée, furieuse elle sert d’exutoire après des scènes incroyables, comme l’approche de l’essaim Alien qui apparaît aux marines via les bips anxiogènes de leur détecteur de mouvements. Weaver avouera avoir du mal avec les armes dont il est vrai le fétichisme suinte à l’écran au travers des design futuristes de Cameron lui même, qui refusera de les vendre ensuite à des fabricants d’armes. Cette distance de la comédienne sert son jeu, Ripley étant étrangère à ce monde militarisé. Au-delà du fracas des armes et des monstres, Aliens est avant tout porté par l’émotion, comme dans Terminator l’amour est au cœur du film ici l’amour maternel que Ripley ressent pour la petite survivante Newt (incroyable Carrie Hehn). Elle qui a été privée de sa fille morte durant son sommeil cryogénique va symboliquement revenir à la vie en la protégeant. Le film se conclue d’ailleurs sur l’image d’une famille recomposée, Ripley, Newt et Hicks en figure paternellen plongeant dans le sommeil cryogénique…(famille que brisera prématurément David Fincher dans Alien 3).

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La lutte à mort entre les deux races se fera symboliquement à travers l’affrontement de deux figures maternelles. Cette confrontation de deux mères pour la survie de leurs progénitures prend la forme d’un duel digne des comics entre Ripley dans son exosquelette et la Queen Bitch géante qui même à notre ère du CGI n’a rien perdu de sa puissance épique et de sa virtuosité grâce au génie de Cameron et ses techniciens. Personne n’aurait pensé il y a trente ans que la suite d’un tel classique, écrite et réalisée par un presque inconnu puisse à son tour marquer l’histoire du cinéma. Aucune autre suite dans la franchise ne saura renouveler l’ exploit de l’auteur de Titanic qui avec Aliens a signé la meilleure suite de tous les temps (ok ex-æquo avec Le Parrain 2 et L’Empire contre-attaque) et sans aucun doute le film d’action le plus efficace de l’Histoire du cinéma .

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Titre Original: ALIENS

Réalisé par: James Cameron

Casting : Sigourney Weaver, Bill Paxton, Lance Henriksen,

Paul Reiser, Carrie Henn, Michael Biehn…

Genre: Fantastique, Action, Epouvante-Horreur, Science fiction

Sortie le:08 octobre 1986

Distribué par: –

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