SYNOPSIS: Dublin, années 80. La pop, le rock, le métal, la new wave passent en boucle sur les lecteurs K7, vibrent dans les écouteurs des walkmans et le rendez-vous hebdomadaire devant « Top of the Pops » est incontournable.
Conor, un lycéen dont les parents sont au bord du divorce, est obligé à contrecœur de rejoindre les bancs de l’école publique dont les règles d’éducation diffèrent de celles de l’école privée qu’il avait l’habitude de fréquenter.
Il se retrouve au milieu d’élèves turbulents qui le malmènent et de professeurs exigeants qui lui font rapidement comprendre qu’en tant que petit nouveau, il va devoir filer doux. Afin de s’échapper de cet univers violent, il n’a qu’un objectif : impressionner la plus jolie fille du quartier, la mystérieuse Raphina. Il décide alors de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers dans lequel il ne connait rien ni personne, à part les vinyles de sa chambre d’adolescent. Afin de la conquérir, il lui propose de jouer dans son futur clip.
John Carney avait crée la surprise en 2007 avec le film Once, une œuvre romantico-musicale très belle et à la bande-son magistrale. A noter que les personnages de Phil et Mike Miller s’amusaient la saison dernière à reprendre en chœur Falling Slowly, le titre le plus marquant de ce film dans la série The last man on earth. Passé par Hollywood en 2013 pour Begin Again (traduit en bon français par New York Melody), Carney récidivait dans le film aux forts accents musicaux, en intégrant cette fois-ci à son casting des acteurs de premier plan : Keira Knightley, Mark Ruffalo ou encore le chanteur de Maroon 5, Adam Levine (présent sur une chanson de la bande-originale de Sing Street). Le film était bon, la bande-son sympathique mais pas aussi brillante que celle de Once. Il était alors presque étonnant de voir Carney revenir à un film beaucoup plus modeste, au ton plus indépendant et en Irlande, théâtre de ses précédents longs-métrages.
La première originalité de Sing Street, hormis son cadre Irlandais (aura-t-on droit au titre français Dublin Melody ?), est que le film se déroule pendant les années 80, fabuleux prétexte permettant à Carney (né en 1972) d’ériger la musique pop-rock de cette époque en standard. Carney fait le choix de s’entourer d’un casting très peu en vue, si l’on excepte Aidan Gillen (Littlefinger de Game of thrones). Après le chanteur Irlandais Glen Hansard (Once et présent ici en qualité de musicien sur la bande-son du film), c’est au tour du jeune Ferdia Walsh-Peelo de s’illustrer ici à la fois au chant et grâce à son jeu, aux côtés de Lucy Boynton (vue quant à elle dans plusieurs séries britanniques).
Sing street réussit le pari un peu fou de mélanger joyeusement les thèmes tenant à cœur au réalisateur : une histoire romantique, des apprentis chanteurs talentueux et idéalistes, suffisamment rêveurs pour rêver de quitter l’Irlande pour le mirage Londonien. Le tout emballé par une bande-son audacieuse et entraînante. Sous ses airs de petit film indépendant et fauché, Sing Street a en réalité tout d’un grand film poétique, romantique et incarné. La sauce années 80 prend immédiatement, les décors et les costumes étant suffisamment bien choisis ou étudiés pour permettre à l’illusion de fonctionner. Comme il l’avait fait pour Once, film duquel se rapproche le plus ce Sing Street dans la filmographie de son créateur, Carney opte pour une réalisation sobre, sans artifice, au service des interprètes. Endossant le double rôle de réalisateur et de scénariste, Carney parvient une nouvelle fois à faire de la musique un personnage à part entière de son histoire, livrant une bande-son magnifique. Impossible de ne pas penser qu’au moins un des titres originaux issus de cette bande originale aurait pu être un hit pop, c’est dire la qualité des morceaux, composés pour certains par John Carney lui-même.
Sing Street est un film qui vous restera en tête, comme certains des titres que vous entendrez en le regardant. C’est aussi un film optimiste, marquant là une légère évolution dans le cinéma de John Carney, qui a sans doute adapté son propos à la jeunesse de ses héros, rêveurs et pour lesquels tout reste encore possible. Sing Street est sans doute comme une Madeleine de Proust pour son réalisateur, qui n’hésite pas à incorporer nombre de références cinématographiques et musicales liées à cette époque. Si ce procédé peut parfois se révéler trop visible ou maladroit, il n’en est rien ici, où chaque élément semble parfaitement à sa place. Le personnage du frère aîné du héros, Brendan, permettant même de se livrer à quelques analyses de la musique de l’époque et de son évolution, notamment avec l’arrivée des clips et des chaînes musicales. Nous ne pouvons donc que vous conseiller vivement de vous plonger dans l’univers poétique et musical de ce film étonnant, poignant et remarquable. On regrettera simplement la distribution chaotique du film en France, prévu pour le 26 octobre seulement, alors que les États-Unis ont bénéficié d’une sortie, certes limitée, le 15 avril et que les Anglais ont pu le voir en salles dès le 20 mai. A noter que le film a par ailleurs fait le tour des festivals, en étant programmé à Sundance, Nashville, Dublin, Toronto, Sydney ou encore Deauville.
Titre Original: SING STREET
Réalisé par: John Carney
Casting : Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Aidan Gillen,
Maria Doyle Kennedy, Jack Reynor, Kelly Thornton…
Genre: Comédie dramatique, Musical
Sortie le: 26 octobre 2016
Distribué par: Mars Films
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Catégories :Critiques Cinéma