Critiques Cinéma

I ORIGINS (Critique)

3,5 STARS TRES BIEN

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SYNOPSIS: Sur le point de faire une découverte scientifique, un médecin part en Inde à la recherche d’une jeune fille qui pourrait confirmer ou infirmer sa théorie. Le film retrace le voyage incroyable qui va relier des individus totalement différents, et prouver que la science et les sentiments ne sont pas deux univers séparés…

Avec son premier  film, Another Earth, sorti en 2011, Mike Cahill avait fait une entrée remarquée dans la galaxie de ces jeunes réalisateurs scénaristes qui, se plaçant  dans la mouvance du cinéma indépendant américain, ont apporte un nouveau souffle à la science fiction. Celle-ci est utilisée comme la toile de fond d’histoires dans lesquelles priment le parcours intime de personnages qui reprennent souvent  les archétypes de ceux  que l’on  croise dans le  cinéma indépendant. Son second film, I Origins, ne déroge pas à cette règle. C’est avant tout une histoire de passion et d’obsession où la foi dans la science se confronte à la spiritualité et la foi religieuse, bousculant les certitudes scientifiques de ses personnages. Le paradigme selon lequel la foi servirait de refuge à des personnes voulant échapper à  une forme de réalité est ici inversé. A travers ce récit, Mike Cahill nous amène  à  nous demander si l’hérésie ne serait pas plutôt de penser que nous avons en nous toutes les réponses, que les progrès de la science répondront à toutes nos questions, que la foi en quelque chose d’irrationnel n’apporterait que de fausses réponses. On ne pourra pas lui faire le reproche de manquer d’ambition…
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Ian (Michael Pitt) est un chercheur, totalement  investi dans ses recherches, un agnostique militant, qui est dans une quête  de rationalité et voit aussi dans ses travaux un moyen d’apporter une réponse scientifique à  un mystère auquel seule la foi en une intervention divine semble répondre. Cette foi en la science est aussi une carapace qui sera fissurée par deux grands bouleversements intimes: la rencontre de l’âme sœur et la paternité. Le film se construit ainsi en deux parties (trop) distinctes, séparées par une ellipse de plusieurs années, comme c’était déjà  le cas dans Another Earth, à ceci près que l’équilibre de ces deux parties pose ici plus de problèmes. La première  partie est très  convaincante malgrè son formatage « film indé » qui peut le rendre indigeste par moment, notamment dans son utilisation des gros plans et de sa b.o branchouille. Lorsqu’il parle d’amour ou plutôt de l’alchimie d’une rencontre, Mike Cahill est inspiré et inspirant. Certes, on peut trouver à redire sur la crédibilité/probabilité de cette rencontre entre un savant au look d’étudiant solitaire et Sofi (la sublime Astrid Bergès-Frisbey) une mannequin portant une cagoule qui ne laisse voir que ses magnifiques yeux, qui va littéralement se jeter sur lui pour faire l’amour avant de s’enfuir. Pour autant, l’alchimie entre eux est évidente et transperce l’écran. Pour peu qu’on ait un jour  eu la chance de vivre une histoire aussi passionnée, on ne peut que se laisser prendre  au jeu et séduire par la subtilité et l’extrême  sensibilité dont fait preuve Mike Cahill.

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Il faut souligner qu’il est bien aidé  par son duo d’acteurs et en particulier de Michael Pitt. Il émane  de lui  une fragilité à  la fois dans sa personnalité  et dans son jeu qui peut être très dérangeante suivant les personnages qu’il est censé incarner. Très peu expressif, c’est sur sa fragilité,  cette fêlure, qu’ils construit ses interprétations. Cela fait ici écho avec la personnalité de ce chercheur au look d’étudiant, plongé dans ses recherches  et ses certitudes mais dont le romantisme et la sensibilité vont surgir grâce à Sofi. Elle est aussi rêveuse, croyante et solaire que lui est cartésien, agnostique et introverti. Mais le même feu brûle en eux et la rencontre de ces deux âmes enflamme le film comme Ian. La deuxième partie, est elle beaucoup moins convaincante, Mike Cahill étant visiblement moins inspiré lorsqu’il parle de spiritualité et peinant à remettre son récit sur les bons rails pour trouver une cohérence avec la première partie. Il développe cette idée que les yeux sont le miroir de l’âme et confronte ainsi directement Ian à des questions auxquelles la science  n’a pas de réponse. Ce sont ses outils scientifiques qui mettront à jour un fait à  priori scientifiquement impossible, ce qui l’entrainera dans une (en)quête loin de ses certitudes, de son pays, en Inde, terre de spiritualité s’il en est. Si le cœur du film et du propos de Cahill est là, le charme s’est un peu évaporé et l’intérêt s’est dilué dans ce récit qui n’évite pas quelques poncifs et flirte avec une philosophie hipster agaçante. De même, la mise en scène  de Cahill s’alourdit d’effets inutiles, donnant à l’ensemble  un côte agy/arty factice, là où la première  partie du film était admirable de subtilité. Ses sorties de route n’empêchent toutefois pas le film de retomber finalement sur ses pieds, retrouvant même pour sa conclusion, un peu de la magie et de l’émotion qu’il avait paru perdre en chemin. Habité par la foi presque enfantine de Mike Cahill en son histoire, surfant sur la très belle impression laissée par sa première partie et réussissant de belle manière sa conclusion, mais aussi inégal, un peu bancal et parfois simpliste, I Origins est loin d’être un grand film mais en fait suffisamment pour qu’on ait envie de lui pardonner ses défauts et de l’aimer.

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Titre Original: I ORIGINS

Réalisé par: Mike Cahill

Casting : Michael Pitt, Astrid Berges-Frisbey, Brit Marling,

Steven Yeun, Archie Panjabi, Cara Seymour…

Genre: Drame, Science fiction

Sortie en dvd et blu-ray: 07 septembre 2016

Distribué par: Koba Films

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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