Au commencement...

Au commencement… (Séries) Baskets 1×01 & 02

2,5 STARS MOYEN

baskets au commencement

SYNOPSIS: Dans un monde régi par l’intérêt des entreprises et l’homogénisation de la société, un homme ose suivre son rêve pour devenir clown.

En 2013, Pig Newton, la compagnie de production de Louis C.K. signe un deal avec la chaîne FX (qui diffuse déjà Louie, petit bijou de série qu’on vous conseille vivement) pour développer de nouvelles séries. Premier enfant de cette collaboration qui s’annonce fructueuse, Baskets est écrit par Louis C.K. et Zach Galifinakis, qui confie le job de showrunner à Jonathan Krisel (Man Seeking Woman, Portlandia). En 2014, FX commande une première saison de dix épisodes à l’équipe créative et la production démarre officiellement début 2015.

On vous présente Chip Baskets (Zach Galifianakis), clown triste, s’il en est, qui ne parvient pas à concilier ses aspirations artistiques et professionnelles avec la dure réalité de la petite ville de Bakersfield en Californie. Bien qu’il ait étudié l’art des clowns à Paris dans la prestigieuse et fictive Académie de Clown avec un Québécois frénétique (Salvator Xuereb), Chip ne se sent pas apprécié à sa juste valeur par une société qui semble ne pas comprendre la définition du mot « clown ». Il faut dire qu’en plus le pauvre se coltine un job de clown de rodéo, une mère plutôt bourrue (Louie Anderson) qui lui préfère son frère jumeau Dale (Zach Galifianakis), et une femme indifférente (Sabine Sciubba). Chip vit dans un tel état de déprime permanent qu’il ne se rend même pas compte du seul rayon de soleil de son existence, la très apathique Martha (Martha Kelly), agent d’assurance et unique amie qu’il ait.

Zach Galifinakis n’a jamais caché son attirance pour le côté obscur de la comédie, et ne se prive pas d’explorer son thème de prédilection ici. Baskets est avant tout une série sur l’échec, qu’il soit professionnel, artistique ou personnel, et refuse obstinément de se sortir de situations épineuses par les pirouettes habituelles. Quand Chip se retrouve à vivre dans un motel et ne parvient pas à payer pour sa chambre, il ne s’arrange pas avec le propriétaire de l’hôtel et ne se retrouve pas sur scène à divertir les clients en échange du gîte et du couvert, par exemple. Ce genre de retournement narratif est exactement le genre de chose que les scénaristes veulent éviter à tout prix, et le spectateur se doit d’être témoin du long et douloureux marasme qu’est la vie de Chip Baskets. On ne s’en sort pas en claquant des talons et en appelant marraine la bonne fée à Bakersfield, non, on remet son costume tous les soirs et on attend patiemment qu’un taureau vienne vous encorner.

Visuellement, la série se prélasse quelque peu dans une esthétique fruste allant de pair avec les thèmes abordés. Jonathan Krisel, qui signe la réalisation des deux premiers épisodes, privilégie les plans larges et les coupes abruptes, un moyen intéressant de rehausser la solitude de Chip, qui se retrouve toujours, ou du moins se croit toujours seul dans la foule. C’est un équilibre délicat entre la comédie burlesque et le pathos que le réalisateur se propose d’atteindre, et si dans l’ensemble, ça fonctionne plutôt bien, c’est le genre d’humour qui ne fera pas que des adeptes. C’est une chose si complexe que de faire rire, que de tenter de faire rire de l’échec, surtout quand on est un acteur millionnaire et que le taux de chômage est aussi haut, est un pari risqué. Il faudra voir si les spectateurs mordront à l’hameçon, mais l’on prédit que la série aura du mal à trouver son public.

Crédits: FX

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