Notre week-end vintage

Notre week-end vintage (Séries)

Régulièrement la rédaction séries des Chroniques de Cliffhanger & Co se réunit et fait chauffer le moteur du magnétoscope en direction de nos séries ou épisodes préférés d’un passé plus ou moins lointain et l’on vous fait partager nos week-end vintage…

Firefly épisode 4 : Shindig par Marine Sialelli

FIREFLY

Presque tous les fans du monde s’accorderont pour vous dire que Firefly est l’une des meilleures séries que Joss Whedon ait jamais créées, et qu’il est complètement injuste qu’elle ait été annulée après seulement 14 épisodes. On pourrait défendre le point de vue opposé et déclarer que c’est justement parce que la série a été annulée si vite qu’elle n’a jamais eu le temps de perdre son souffle et de décevoir les spectateurs, mais quelle que soit votre position vis-à-vis du destin de Firefly, le fait est que la série est devenu un phénomène culte, référence nerd par excellence, et quintessence du style Whedon. Les aventures du capitaine Malcolm Reynolds et de sa bande de marginaux, survivants d’une guerre d’indépendance qu’ils ont perdue et protecteurs de deux fugitifs recherchés par les autorités ont tout pour vous séduire : humour, charme, action, une bonne dose de coups de théâtres et une distribution en or. Mais plutôt que d’autopsier tous les mérites de la série (on en aurait assez pour une dissertation de Master), penchons-nous plutôt sur le quatrième épisode, mash-up ingénieux des codes et des genres.

Intitulé Shindig (p’tite fête), l’épisode fut écrit par l’incomparable Jane Espenson. A moins d’être un fan enragé de scénaristes télé qui se spécialisent dans la science-fiction et la fantasy, vous n’avez sans doute jamais entendu parler d’elle. Et pourtant. Depuis vingt ans, Espenson a écrit pour les plus grandes séries du genre : commençant sa carrière en 1994 avec Monty, elle écrit pour Buffy, Newport Beach, Gilmore Girls, Battlestar Galactica, Once Upon A Time, Warehouse 13, Game of Thrones et le prochain Star Wars : Detour. Elle est partout, et pour cause ; c’est l’une des meilleures plumes de science-fiction du moment. En ce qui concerne le mélange des genres (un mécanisme cher au cœur du créateur de Buffy, soit dit en passant), personne n’arrive à la cheville de Jane Espenson et son talent se manifeste dans toute sa gloire avec Shindig, qui combine allègrement le voyage intergalactique avec le roman d’observation sociale façon Jane Austen.

Malcom Reyolds, donc, capitaine du vaisseau Serenity, arrive avec sa bande de bras cassés sur la planète Perséphone où Inara, la compagne (l’équivalent futuriste d’une call girl de haut rang) qui voyage avec eux choisit son nouveau client, le très riche et très prétentieux Atherton. Malcolm de son côté, doit convaincre Sir Warwick Harrow, un client potentiel, de laisser l’équipe du Serenity transporter une très précieuse et mystérieuse cargaison. Pour ce, il se fait inviter à une soirée très huppée où, surprise surprise, il retrouve Inara et son cavalier. Les choses se passent mal entre ces messieurs et naturellement, Malcolm provoque Atherton en duel, bon vieux procédé de lavage d’honneur, qui se fera à l’ancienne, c’est-à-dire à l’épée et en présence de témoins. Seul problème, si Malcom ne se débrouille pas trop mal avec ses poings ou son pistolet, il n’a jamais tenu d’épée de sa vie.

Faire passer une histoire de duel sortie tout droit d’un roman poussiéreux du XIXème siècle dans une série de science-fiction où les gens voyagent dans l’espace comme nous voyageons en train, il fallait le faire. La science-fiction est, par définition, un genre qui se penche d’abord sur les avancées scientifique et technologique, et où le principe de base est d’imaginer un monde avant-gardiste, situé dans un futur tellement lointain qu’il en devient presque magique. Le fait donc, de superposer à ceci de vieux codes qui s’associent davantage aux aventures de D’Artagnan qu’à celles de Han Solo, est un trait de génie. D’une part, parce que les possibilité comiques sont sans fin, et qu’il est bien difficile de ne pas sourire devant l’absurdité de la situation. D’autre part parce que c’est un décision qui souligne un trait profondément humain : celui de se tourner vers le passé lorsqu’on est à la recherche de la voie à suivre. En se concentrant sur la rivalité pour ainsi dire spontanée de Malcolm et Atherton qui se battent pour la même femme, l’épisode fait rire, prend un petit air de nostalgie, et adresse enfin l’aspect ambigu de la relation entre Malcolm et Inara (il l’insulte à tour de bras mais ne supporte pas qu’un autre homme fasse la même chose, c’est la façon qu’on les garçons de faire la cour aux filles à l’école primaire). Faire avancer la grande histoire sur plusieurs fronts avec une seule intrigue, c’est là la marque d’un scénariste de haute qualité. Et puis, Shindig, c’est aussi l’occasion d’admirer l’incroyable robe de Kaylee, qui, tout comme Cendrillon, est si heureuse d’aller au bal, qu’on aurait bien du mal à bouder son plaisir.

La quatrième dimension saison 1, épisode 24: Long live Walter Jameson par Fred Wildgunslinger

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La quatrième dimension (The twilight zone) est une série phare des années 60 passée à la postérité, notamment dans le domaine de la science-fiction. Diffusé le 18 mars 1960, le 24e épisode de la première saison, Long live Walter Jameson, réalisé par Anton Leader, met en scène un professeur d’histoire à l’université, campé par Kevin McCarthy. Cet homme s’apprête à épouser la fille d’un de ses collègues, quand il se voit démasqué, poussé dans ses derniers retranchements et contraint de lui dévoiler son terrible secret : il est immortel et a traversé les siècles sans changer d’apparence.

Caractéristique de la plupart des bons épisodes de la série, Long live Walter Jameson a ceci de particulier qu’il va droit au but et revêt une efficacité redoutable. L’interprétation solide de Kevin McCarthy (vu par la suite dans L’aventure intérieure et dans une multitude de séries dont Arabesque, dans laquelle il avait un rôle récurrent) nous permet de croire immédiatement à ce personnage surprenant et rend l’histoire captivante. Sans être un chef d’œuvre de science-fiction, cet épisode est écrit avec subtilité et justesse, créant un suspense remarquable.

On notera que le film de 2007 The last man on earth de Richard Schenkman aborde un sujet similaire, en mettant en scène un professeur d’université, qui à l’occasion d’une soirée organisée en l’honneur de son départ, leur confesse être immortel et avoir traversé les âges, sans que l’on ne sache avant la conclusion si le héros s’adonne à une farce ou non.

Amicalement Vôtre Episode1: Premier Contact (Overture) par Fred Teper

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Deux hommes que rien ne présageait à se croiser jusqu’à ce qu’un juge à la retraite en décide autrement et voilà qu’Amicalement Vôtre démarre et intègre en une fraction de secondes le club tant convoité des séries cultes. Si les 24 aventures du duo ont évidemment contribuées à lui conférer ce statut envié, c’est bien ce Premier Contact (ou Overture en VO) qui pose brillamment les bases de ce cocktail irrésistible et qui va permettre à la série de prendre toute sa (dé)mesure. Si Amicalement Vôtre est une œuvre qui a traversé les années, elle le doit sans conteste à la caractérisation parfaite qui est faite de ses personnages principaux lors de ce premier épisode. Danny Wilde et Brett Sinclair, un self Made Man américain qui s’est issu des bas-fonds new-yorkais par sa seule volonté et un jeune Lord anglais oisif, deux hommes gâchant leur potentiel dans une vie frivole et dilettante. Dès le début c’est sur les prémisses d’une confrontation que le terreau de la relation entre les deux hommes va se construire. Dès que leurs voitures de luxe se croisent sur cette route de la Côte d’Azur, ils vont se jauger d’un coup d’œil avant que leur instinct de compétition ne les pousse à se livrer à une course effrénée le long d’une étroite corniche rythmée par une improbable mélodie.

Toute la première partie de l’épisode les voit se livrer à un duel qui, en plus de mettre en évidence leurs différences, décrit parfaitement certains de leurs traits de caractère. Le générique, avec cette mélodie inoubliable de John Barry entrecoupé de ces images sépia puis de ces coupures de presse qui décrivent les faits d’arme de l’un et l’autre des protagonistes mettait déjà en perspective l’opposition qui va faire le sel de leur rencontre. Mais une fois cette course de voitures achevée, voici que les deux hommes se retrouvent au bar de l’hôtel et se querellent pour une raison futile (la recette d’un cocktail, le Creole Crème, que l’un préfère avec deux olives afin de « les voir s’entrechoquer mollement » tandis que l’autre n’en souhaite qu’une) et qui les voit se battre comme des chiffonniers. S’ensuit le chantage exercé par le Juge Fulton (40 jours et surtout 40 nuits de prison pour les dégâts causés au bar de l’hôtel ou exercer leurs talents au service de la justice). La mission qu’ils vont accepter contraints et forcés va s’avérer anecdotique au regard de l’amitié naissante bien qu’encore embryonnaire qui va se nouer entre eux. Humour, désinvolture, élégance, action, le tout dans des décors qui respirent le luxe autour de la jet-set, des paysages somptueux, ce Premier Contact nous plonge avec bonheur dans les aventures de deux des playboys les plus mythiques de l’histoire de la télévision. Et si Tony Curtis et Roger Moore sont les interprètes idéaux de ce duo génial, il ne faut jamais oublier qu’en France, la série doit une grande part de sa popularité au travail exceptionnel de doublage réalisé par Michel Roux et Claude Bertrand, qui, dès ce premier épisode, ont mis en place les graines qui font non seulement les grandes séries mais surtout leur permettent de rester présentes dans l’imaginaire des téléspectateurs où elles s’y nichent pour toujours.

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