Au commencement...

Au commencement… (Séries) London Spy 1×01 & 02

3 STARS BIEN

london_spy AU COMMENCEMENT

SYNOPSIS: Prévenant et romantique, Danny, un jeune homme mal dans sa peau, tombe amoureux de l’énigmatique et antisocial Alex. Lorsque ce dernier disparaît, Danny s’emploie à le retrouver. Les découvertes qu’il fera ne manqueront pas de l’amener de surprise en surprise.

ATTENTION SPOILERS INSIDE

Tom Rob Smith, créateur de la minisérie London Spy pour la BBC2 est d’abord un romancier et ça se sent. Ses personnages sont admirablement humains et son intrigue se déroule avec la langueur d’un roman à feuilleton, marque d’un auteur qui a l’habitude de pouvoir s’étaler sur une centaine de pages pour arriver aux points cruciaux de son histoire. Cette indolence scénaristique s’allie à la réalisation de Jakob Verbruggen (House of Cards, The Fall) et son quasi-proverbial rythme adagio pour un résultat qui tient davantage du film indépendant que du thriller d’espionnage haletant façon James Bond.

En dépit de son titre, London Spy est surtout une histoire d’amour. Notre héros Danny est un mec lambda tout à fait ordinaire, qui rencontre Alex (Edward Holcroft) sur les bords de la Tamise au lendemain d’une soirée arrosée et neigeuse (si vous voyez c’que j’veux dire). L’attraction est immédiate et il faut peu de temps aux deux hommes pour devenir amants. Danny présente Alex à son ami Scottie (Jim Broadbent) et pense avoir enfin trouvé l’amour, le vrai, celui pour lequel on écrit des poèmes et des symphonies, jusqu’au jour où Alex disparaît. Danny le retrouve, asphyxié dans son appartement, apparemment le résultat de jeux érotiques qui auraient mal tourné, ce qui fait naturellement de Danny le suspect le plus plausible. Mais l’orphelin taciturne que notre héros connaissait sous le nom d’Alex cachait en fait Alistair, agent du MI6, aux activités plus que mystérieuses et la recherche de la vérité entraîne Danny dans une longue et sinueuse descente aux enfers.

Parlons franchement, London Spy ne plaira certainement pas à tout le monde. Les épisodes sont d’une lenteur voulue, qui, si elle ravira les fans de Sofia Coppola et Terrence Malick, pourra également vous donner des envies de meurtres. Si vous êtes du genre délicat, on vous prévient tout de suite que les scènes de sexes sont plutôt graphiques et le meurtre d’Alex pas tellement ragoûtant. D’un autre côté, l’esthétique romantique est à double tranchant, car si elle ne détourne pas les yeux du gore, elle offre également une photographie magnifique qui rappelle les paysages pluvieux de Turner (merci Laurie Rose). Les dialogues sont quelque peu décevants, mais le casting rattrape le tout, avec un ensemble d’acteurs qui crèvent l’écran (mention spéciale à Charlotte Rampling et Jim Broadbent, parfaits tous les deux) et un couple central à l’alchimie indéniable. Car oui, London Spy est surtout une histoire d’amour entre deux hommes, sur fond de branches secrètes du gouvernement certes, mais les thèmes du sexe et de l’intimité, deux concepts qui ne vont pas forcément main dans la main, sont vraiment au centre de l’intrigue.

Le Royaume-Uni a fait très fort cette année avec une toute nouvelle cuvée de miniséries qui, si elles ne sont pas forcément des succès d’audience, ont le mérite de témoigner d’une vraie prise de risque de la part des chaînes, et London Spy s’inscrit parfaitement dans cette vision. Question narration, on est loin de la progression linéaire du point A au point B et le scénario erre bien plus dans le « moment » que dans le mouvement, ce qui ne manquera pas de diviser les puristes. On notera tout de même que le sujet, tiré d’un fait réel ayant fait les délices des tabloïds anglais en 2010, est traité avec beaucoup de délicatesse et de romantisme, ce qui n’est pas forcément péjoratif en soi, mais qui demande au spectateur un certain genre de sensibilité et se résume en fait, à une question de goût. Et comme dit le proverbe, « des goûts et couleurs, il ne faut pas discuter. »

Crédits: BBC2

 

 

 

 

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