Critiques

War & Peace – Guerre & Paix (Critique Episodes 1×01 & 02)

4,5 STARS TOP NIVEAU

SYNOPSIS: L’adaptation du roman de Tolstoï qui raconte le règne du Tsar Alexandre Ier et le triangle amoureux entre Natasha Rostova, Pierre Bezukhov et Andrei Bolkonsky.

Andrew Davies, scénariste à qui l’on doit de nombreuses fictions télévisées historiques, est un de ces auteurs qui, s’il ne prend pas beaucoup de risques et travaille sur des projets toujours plus ou moins similaires, ne déçoit jamais son public. L’adaptation cultissime d’Orgueil et PréjugésColin Firth sort du lac en chemise ? C’est de Davies. La saga des Bridget Jones ? C’est lui également. Les Trois Mousquetaires en 2011 avec Logan Lerman et Orlando Bloom ? Toujours lui. De Jane Austen à Pasternak avec détours par Dickens et Thackeray, Davies est passé maître dans l’art d’adapter les chef-d’œuvres de la littérature pour le petit écran. Donc quand la BBC annonce son dessein de faire une minisérie de six épisodes du titanesque Guerre et Paix de Tolstoï, la chaîne fait tout naturellement appel à Davies, ainsi qu’au réalisateur Tom Harper pour un résultat spectaculaire.

Harper l’avait déjà prouvé avec Peaky Blinders, il n’a pas son pareil pour insuffler de l’héroïsme à son travail, même dans les scènes les plus intimes. Que l’on se trouve dans les salons de Saint-Pétersbourg ou sur le front autrichien où les armées russes affrontent les soldats de Napoléon, la mise en scène ne perd jamais de vue les enjeux de l’histoire, que ce soit celle que l’on écrit avec un grand ou un petit H. Entre les establishing shots faramineux qui annoncent clairement la grandeur des actions entreprises (qui auront, comme on le sait, des répercussions sur toute l’Europe) et les scènes se passant en petit comité, la réalisation virevolte allègrement avec une facilité qui laisse pantois et s’allie à merveille avec la photographie sublime de George Steel, jouant sur les lumières et les couleurs pour recréer une ambiance d’antan qui exsude une magie indéniable. On applaudit également le travail de Chris Roope, designer de production, Christiane Krumwiede, décoratrice et Edward K. Gibbon, costumier, sans qui toute cette belle lumière ne servirait de rien. Recréer la Russie du début du XIXème siècle était l’un des défis majeurs de cette production. Pari gagné pour une équipe réussit à nous transporter loin de nos petits soucis modernes dans un monde qui sent le vent du changement, du romantisme et des blinis chauds.

Quant à la distribution, il s’agit presque d’un sans faute. Paul Dano est phénoménal dans la peau de Pierre Bézoukhof, héros du roman, fils illégitime timide et mal dans sa peau, en décalage complet avec son temps. A ses côtés on retrouve l’excellente Lily James qui incarne la toute fraîche Natasha, notre héroïne que la guerre et la vie vont faire grandir très vite. On retrouve avec plaisir notre Matthieu Kassovitz national sous le chapeau de Napoléon, Jim Broadbent prêtant ses traits au Comte Roscov, père de Natasha, ainsi que la délicieuse Gillian Anderson qui joue la grande dame Ana Pavlova Scherer. Du côté des jeunes, c’est une belle galerie des visages plus ou moins connus qui viennent peupler cet univers, notamment ceux de Callum Turner (Anatole), parfait en playboy pourri jusqu’à la moelle et de Tuppence Middleton, qui a l’air d’avoir enfin repris vie après sa performance anémique dans Sense8. Petit bémol en ce qui concerne James Norton qui interprète André Bolkonsky, extrêmement endimanché dans ses habits trop raides. On attend avec impatience de voir si Natasha parviendra à le dégeler un peu.

War & Peace est avant tout une tragédie humaine sur fond de bouleversements historiques, et c’est toujours une délicate affaire que de maintenir un équilibre entre la grande Histoire et la petite. Cette adaptation relève le défi haut la main et c’est un vrai bonheur que de se laisser emporter dans un univers aux allures de boîte à musique, d’autant plus poignant qu’il est destiné à s’effondrer sous peu.

Crédits: BBC One / France 2

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