SYNOPSIS: Antoine, bientôt quarantenaire, dilettante, égoïste et insatisfait ne s’est jamais réellement senti investi d’une mission pour s’occuper de ses filles, âgées de 5 et 9 ans. Infantilisé par sa femme Alice, Antoine n’arrive pas à trouver sa place dans son foyer et décide subitement de la quitter pour une histoire sans lendemain.
Lorsqu’Alice lui confie leurs filles quelques jours par surprise, Antoine va se retrouver sur un continent inconnu. Et alors qu’il était incapable d’assumer son rôle de père à l’intérieur du noyau familial, il va finir par devenir une véritable « mère juive ». Après avoir quitté sa femme par nostalgie de sa liberté d’antan, le nouvel Antoine va se retrouver confronté à une nouvelle nostalgie, celle de sa vie de famille… 

Manu Payet après nous avoir surpris dans Un début prometteur en jouant un écrivain raté, bedonnant et dépressif revient avec un personnage plus proche de ce qui a fait son succès mais en y ajoutant un petit ingrédient supplémentaire. Prenant de l’âge, il incarne dans Tout pour être heureux un quadra qui voit sa vie amoureuse basculée et l’obliger à réfléchir sur son parcours et son avenir. Si le pitch peut rappeler un nombre invraisemblable de films sur la crise de la quarantaine, sujet bateau qui n’est surpassé que par la crise de la trentaine, on trouve dans cette adaptation plusieurs éléments qui font que le film sort du lot. D’abord en faisant de son personnage principal un musicien/producteur qui doute sur son métier et son talent. Le lien entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle est assez évident et pas foncièrement original mais il donne à Antoine, le personnage de Manu Payet une identité plus forte et l’on est autant embarqué dans ses péripéties de création d’un album que par ses problèmes familiaux. Et il est agréable de voir un personnage évoluer dans un milieu pas si représenté que ça dans le cinéma français.

Évidemment cette trouvaille est grandement aidée par un Manu Payet aussi à l’aise dans les répliques qui fusent, mais ça on s’y attendait, que dans l’émotion ou la crédibilité en tant musicien. Le comédien est un féru de batterie ce qui a beaucoup aidé à cela. L’entourage d’Antoine avec ses musiciens et ce producteur de label aide également à étoffer cette crédibilité. Manu Payet retrouve Pascal Demolon dans le rôle d’Etienne, producteur un peu limite. Les deux comédiens s’étaient croisés pour Radiostars et ils retrouvent ici une complicité qui fait mouche. Bruno Clairefond en musicien qui commence à prendre de la bouteille mais qui lui n’a pas renoncé, fonctionne également très bien face à Manu Payet. Le film pousse cette plongée dans le milieu musical jusqu’au bout grâce à la chanteuse Joe Bel qui incarne Angélique, révélation musicale que veut lancer Antoine. Et c’est une agréable révélation pour le spectateur, pour peu qu’on aime la folk pop, et l’on souhaite comme Antoine qu’elle réussisse.

Et puis le film sort aussi du lot grâce à ses rôles féminins. Audrey Lamy, que les amateurs de Scènes de ménages connaissent bien, offre ici une prestation convaincante. Plus réaliste que les actrices habituellement choisies pour les comédies romantiques, elle crée un personnage dont le destin surprendra mais qu’il serait dommage de révéler. Aure Atika fait face à Manu Payet en sœur détestable mais qui révèlera d’autres facettes. Leurs scènes sont toutes aussi réjouissantes qu’efficaces. Et puis les deux petites filles d’Antoine amènent une belle fraicheur à ce casting réussi. Si l’on peut trouver un petit bémol au film, il est malheureusement assez courant dans les productions françaises de ce type qui ne bénéficient pas d’un travail visuel suffisant pour se démarquer. Quelques bonnes idées de réalisations mais un ensemble trop conventionnel pour apporter un vrai plus à la narration. Reste une comédie intelligente, avec de beaux personnages très bien incarnés qui bien qu’évoquant un sujet déjà vu, apporte de la fraicheur et une vraie bonne surprise en ce début de printemps.

Titre Original: TOUT POUR ÊTRE HEUREUX

Réalisé par: Cyril Gelblat