ENTRETIENS

ENTRETIEN AVEC TCHEKY KARYO : « j’aime pouvoir me renouveler et créer une illusion d’une certaine manière. »

Lors du Festival de Monte-Carlo 2015 nous avons rencontré Tcheky Karyo pour évoquer la série The Missing qui arrive sur France 3 à partir du 14 avril. Suspense de haut vol, casting éblouissant, The Missing est très addictive, et le comédien nous a parlé de son travail, de son rôle et de sa rencontre avec son partenaire, James Nesbitt. Morceaux choisis:

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Qu’est ce qui vous a attiré dans The Missing et comment définiriez vous votre personnage ?

D’abord j’étais super angoissé à l’idée de tourner 6 mois et de signer pour 3 ans, j’avais un enfant qui avait un an à l’époque, j’avais un album qui sortait, je commençais à faire des concerts donc j’ai mis 3 mois avant de me décider, j’ai même dit non et puis une fois ce temps passé je me suis dit bon sang je crois que je fais une erreur. Je gardais en mémoire la rencontre avec Tom Shankland qui est le metteur en scène de la série qui est un type formidable, un mec de 35 ans extrêmement talentueux et avec beaucoup d’épaisseur. J’ai appelé mon agent en lui disant je crois que j’ai fait une grosse bêtise, j’ai fait le deuil mais bon et trois jours après elle m’a dit écoute ils n’ont pas trouvé un acteur qui correspond à ce qu’ils veulent, ils veulent revenir vers toi. Ils sont venus le dimanche à la maison et le mardi j’étais à Bruxelles, et puis j’ai enchainé, je ne suis pas revenu à Paris pendant plus de deux mois, je me suis jeté dedans corps et âme, j’avais un challenge formidable qui était de jouer en anglais. Évidemment ce qui m’a décidé c’est le metteur en scène et la conviction que c’était quelqu’un qui allait faire de cette série quelque chose d’original. L’écriture, les deux frères, Jack et Harry Williams qui ont pour mon personnage, travaillés sur un profil qu’ils connaissent bien, puisque leur famille et eux même connaissent un privé en France de haut vol qui est très proche d’eux donc ils avaient pour ce personnage une vraie empathie et beaucoup d’amour. Ce n’est pas un flic français cliché comme on peut voir dans certaines séries anglaises, il est vraiment traité, il grandit, il prend énormément de place au fil de la série. Ça n’a pas été filmé de manière glamour, c’est rugueux par moments, il y a une vraie authenticité dans la façon d’aborder les choses. Une fois qu’on a compris qu’il s’agit d’un enlèvement, ce qui est intéressant c’est de suivre les personnages et la façon dont ils vont se développer.

Le cas traité dans la série fait penser à la disparition de Maddie McCann en 2007…

C’est un cas générique qui raisonne forcément avec cette histoire. Là on traite de l’obsession d’un père qui ne va pas lâcher le morceau, qui va même se détruire. La peine va le miner. On traite aussi du cas d’une mère qui, malgré la peine essaye de se reconstruire et d’aller au-delà et en même temps ça va la rattraper toujours. Chaque personnage est lié à une forme d’obsession aussi. Le flic que j’interprète a de l’affection pour Tony, car lui aussi est fait de ce bois-là. C’est filmé avec une belle authenticité je trouve.

Ce qui est intéressant dans la série c’est que vous évoluez au fur et à mesure des années. Comment êtes vous parvenus à trouver un bon équilibre pour l’évolution de votre personnage?

Ce qui fait aussi que je l’ai fait c’est que c’est très bien écrit donc ce n’était pas si difficile. Après il faut que tout le travail sur le physique soit fait avec subtilité, sans exubérance, pour avoir un sentiment de réel. Il faut s’y prêter, c’est juste ça.

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Parlez-nous de votre travail avec votre partenaire James Nesbitt avec lequel vous fonctionnez un peu en tandem dans le temps présent.

Ce que j’ai apprécié, c’est qu’on a travaillé plusieurs semaines et plusieurs mois en étant très corrects l’un avec l’autre. On ne se connaissait pas du tout mais nous avons très vite sympathisé. Il y avait une évidence d’alchimie qu’on peut voir à l’écran mais on se parlait très peu entre les prises. Et même, le soir lui s’isolait, moi j’avais ma vie dans Bruxelles. C’était entre « action » et « coupez »que l’on se rencontrait. Lui avait sa puissance et moi ma présence. Son personnage est souvent agressif, donc il fallait que j’accepte d’encaisser, à la fois d’être au contact et en même temps d’avoir cette distance qui fait qu’on peut l’aider et de ne pas être à fleur de peau et au premier degré. C’est intéressant d’apprendre à se dominer. En tant que personne dans la vie j’en ai besoin (Rires)

La série c’est un exercice que vous appréciez de plus en plus ?

Pendant des années je n’en faisais pas puis c’est venu parce que de plus en plus il y a des gens de cinéma qui y vont, les producteurs de télévision apprennent à donner de l’espace à la créativité, et essayent de ne pas être trop formatés.

Des rôles de flic ou voyou, vous avez une tendresse particulière pour l’un des deux ?

Je ne pense pas dans ces termes là. Avec tous mes secrets, j’aime pouvoir me renouveler et créer une illusion d’une certaine manière.

Propos recueillis par Fred Teper le 18 juin 2015 au Festival de Monte-Carlo

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