SYNOPSIS: Philippe Mars, ingénieur informaticien divorcé, essaye tant bien que mal de mener une vie tranquille, entre un fils collégien devenu subitement végétarien, une fille lycéenne obsédée par la réussite, une sœur artiste peintre aux œuvres terriblement impudiques et une ex-femme qui bosse à la télé… L’irruption accidentelle de Jérôme, un collègue légèrement perturbé, achève de transformer son existence en chaos. Mais dans un monde qui a perdu la raison, la folie est-elle vraiment si mauvaise conseillère ?

François Damiens est un acteur atypique. Révélé au monde par ses caméras cachées très fantasques, il s’est ensuite essayé à d’autres type de rôles et on l’a vu notamment en fin d’année dernière, très impressionnant dans Les Cowboys de Thomas Bidegain. Ici, Dominik Moll, le réalisateur de Harry, un ami qui vous veut du bien choisit le comédien pour incarner la normalité. Ce choix, le réalisateur l’explique, vient du fait que l’on ressent au travers du comédien une folie contenue. Pourtant, avec son co-scénariste Gilles Marchand, ils ne pensaient pas à des acteurs précis quand ils écrivaient le film mais le choix et l’évidence du duo de comédiens (Vincent Macaigne fait face à François Damiens) s’est imposé. Créant un nouveau duo après ceux de Harry, un ami qui vous veut du bien et Lemming, Dominik Moll confronte à nouveau un personnage à la vie bien rangée, ici Philippe Mars, avec un élément perturbateur. Sauf que dans Harry, l’élément perturbateur incarné par Sergi Lopez évoluait au fur et à mesure du long métrage. Ici Vincent Macaigne, un dingue plus ou moins doux, reste fidèle à sa folie tout le long. Et c’est le personnage de Damiens qui va petit à petit assumer sa part de folie.

Du coup le film hésite entre une comédie à la Veber où un Pignon vient chambouler l’habitude d’un personnage et la comédie plus grinçante comme dans les précédents films du réalisateur où l’on hésite sur les motivations du trublion. En laissant son film aller plus du côté de la comédie de type Veber, Dominik Moll perd de son identité au profit d’un film plus classique et à qui manque les ressorts et rouages jubilatoires des comédies cultes des années 80/90 comme La chèvre. Les deux acteurs principaux portent le film quasiment entièrement sur eux et le duo fonctionne bien. Vincent Macaigne raconte qu’il improvisait pas mal sur le plateau, notamment sur le rythme de ses répliques et que François Damiens s’est très bien prêté au jeu. Les seconds rôles s’en sortent plutôt bien, une mention particulière aux deux adolescents crédibles dans leur excès. Petit bémol sur les rôles féminins assez peu pertinentes dans ce qu’elles ont à défendre. Dominik Moll choisi d’ajouter à sa comédie une teinte de surréalisme avec les rêves de Philippe Mars et la vision de ses parents. On peut se demander si le dosage est juste car les scènes sont souvent agréables mais finissent par être anecdotiques (à l’exception d’une seule mais la dévoiler serait gâcher la fin du film.)

Car finalement le plus gros reproche à faire à ce nouveau film de Dominik Moll est l’absence de personnalité. Visuellement assez quelconque, le film voulant traiter beaucoup de sujets à la fois reste très superficiel. Difficile de savoir si le cinéaste souhaite nous parler de la folie dans une société ou beaucoup de choses perdent de leur sens, ou s’il veut nous parler de transmission, du rapport parents/enfants. On ne sait jamais trop sur quel pied danser et comme aucun sujet ne semble plus creuser que les autres on ressort du film et on l’oublie assez vite. C’est dommage car tout le potentiel pour un traitement vraiment plus sombre ou vraiment plus fou était là. Mais c’est comme si l’hésitation devant le choix de l’identité du film avait rendu celui-ci plat. Reste une comédie plutôt sympa mais qui se fera vite oubliée et c’est dommage notamment lorsque l’on connait les précédents films de son réalisateur.

Titre Original: DES NOUVELLES DE LA PLANÈTE MARS

Réalisé par: Dominik Moll