Critiques Cinéma

L’ANNEE DU DRAGON (Critique)

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SYNOPSIS: Le capitaine Stanley White, un vétéran du Vietnam au tempérament bien trempé, est l’un des flics les plus respectés de New York. Il est muté dans le quartier de Chinatown suite à l’assassinat du représentant de la communauté chinoise. White est persuadé de l’existence d’une mafia qui régit l’ordre du quartier et alimente le trafic de drogue. Il se lance dans une véritable croisade contre les dirigeants de cette soi-disant triade, elle-même rongée de l’intérieur. Malgré les mises en garde de ses supérieurs hiérarchiques et les menaces de la communauté chinoise, Stanley White se lance dans cette bataille envers et contre tous…

Banni quatre ans d’Hollywood après l’échec retentissant de sa fresque La Porte du Paradis qui avait causé la faillite du vénérable studio United Artists, Michael Cimino se voit offrir par le mogul Dino DeLaurentiis l’adaptation du roman policier L’Année du Dragon. Il accepte de réaliser à condition de participer à l’écriture du scénario confiée à Oliver Stone. Celui-ci est au faite de sa gloire de scénariste ayant enchaîné ceux de Scarface ,Midnight Express ou Conan le barbare (déja pour DeLaurentiis). Aussi étonnant que cela puisse paraître, à l’époque Stone se traîne une réputation de raciste et de quasi fasciste pour sa description des minorités, la violence et le sexisme de ses scripts et ce thriller qui met au prise un policier violent et raciste Stanley White (Mickey Rourke) qui veut nettoyer Chinatown des triades va soulever un véritable tollé.

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Le film s’ouvre à New York, ou le calme et pittoresque quartier de Chinatown est secoué par l’assassinat du patron local des Triades. Dans le sillage de sa mort le quartier devient la cible d’une éruption de violence semble t-il le fait de gangs de jeunes incontrôlés .En fait toutes ces attaques sont l’œuvre d’une campagne, savamment orchestré par Joey Tai (John Lone), jeune loup des Triades qui veut se débarrasser de la vieille garde et devenir le maître de Chinatown. Malheureusement pour Joey, il n’est pas le seul à vouloir briser les règles établies de sa communauté. Le capitaine Stanley White (Mickey Rourke), le policier le plus décoré de New York, raciste, vétéran traumatisé du Vietnam , se lance dans une croisade contre les triades au mépris des accords officieux entre la police et les dirigeants communautaires . Le conflit entre les deux hommes est inévitable…

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Les critiques qui accusèrent Cimino et Stone de racisme anti-asiatique se sont trompés d’abord parce que la façon dont est dépeint la communauté chinoise n’est pas différente de la façon dont d’autres communautés (la communauté italo-américaine par exemple) sont décrites dans le cinéma policier. De plus le réalisateur comme il raconte dans les suppléments du Blu-Ray s’est plongé dans la culture asiatique et ne s’est pas contenté de montrer le coté obscur de cette communauté mais a essayé d’expliquer que les Chinois eux-mêmes sont les plus grandes victimes de leurs mafias du fait de leur auto-isolement. Il va même plus loin montrant que cet isolement qui a donné tant de pouvoir aux organisations criminelles est le résultat direct du racisme dont a souffert cette communauté humiliée et privée de sa part de rêve américain, n’ayant d’autres choix que de se tourner vers leurs traditions aussi mauvaises fussent elles. A la manière des polars des années 1970 et de French Connection en particulier, le héros et le méchant sont présentés comme de parfaits contraires, leur apparence reflétant leur opposition de caractère. Le « bon » flic est un raciste, qui trompe sa femme , non seulement prêt à se sacrifier, mais aussi à sacrifier ses amis, sa famille et ses collègues, dans sa guerre personnelle. C’est l’une des meilleures performances de la carrière de Mickey Rourke qui donne une vraie fêlure à son flic incorruptible. Le scènes avec sa femme Connie sont poignantes. Le bad-guy, joué par John Lone (Le dernier Empereur , The Shadow) est lui beau, cultivé, charismatique, se souciant réellement de sa communauté , présenté comme capable d’actes de compassion.

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Cimino conclut avec ce film une trilogie des communautés aux USA , déjà Deer Hunter retraçait les destins de membres de la communauté polonaise à laquelle White, vétéran du Viet-Nam appartient lui aussi bien qu’il ait américanisé son nom. Son racisme est en partie hérité de la guerre mais vient aussi d’une colère d’un idéal américain qu’il voit se désagréger rongé par le communautarisme. C’est cet idéal qu’il semble chercher dans ce drapeau qu’il contemple au détour d’une scène se coupant d’une conversation en cours. On regrettera que le scénario ait édulcoré son personnage à travers sa relation avec Tracy Tzu, journaliste asiatique dont le père a réussi lui à s’intégrer dans l’American way of life et au contact de laquelle Stanley pour une raison indéterminée, remet en question ses préjugés racistes Mais Cimino fort d’un budget , aujourd’hui inimaginable pour un film policier, donne à son film l’ampleur d’une fresque avec des scènes de foule massives ,d’immenses décors fourmillant de détails (dans son commentaire Cimino est fier d’avoir trompé Stanley Kubrick natif de New York qui n’a pas su distinguer des scènes de rues tournées en studio) que parcourt une caméra fluide. Le film est éclairé par l’immense Alex Thompson (Legend, Excalibur, Alien 3, La forteresse Noire). A l’occasion d’une scène de négociations avec des rebelles producteurs de drogue, Cimino va poser ses caméras au nord de la Thaïlande à la frontière de la Birmanie lui insufflant l’esprit épique des films de David Lean. Le réalisateur partage le gout de la violence d‘Oliver Stone et nous offre des gunfights sanglants dont le plus fameux un carnage dans un restaurant chinois le place dans le lignée de Sam Peckinpah. L’Année du Dragon polar hard-boiled auquel Cimino donne l’ampleur d’une fresque porté par un Rourke a son meilleur est un grand film qui a vieilli comme un bon vin. Cette nouvelle édition somptueuse lui rend enfin justice.

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Le film est disponible en Blu-Ray Ultra Collector à partir du 9 mars 2016

CONTIENT

– LE FILM (NOUVELLE RESTAURATION HD)

– LES SUPPLÉMENTS (EN HD)

     . PRÉFACE DE JEAN-BAPTISTE THORET

     . AU CŒUR DU DRAGON (27 mn)

Dans cet entretien audio, Michael Cimino revient sur le tournage de L’Année du dragon, ses choix artistiques, ses réussites comme ses regrets.

     . BANDE-ANNONCE

– L’ORDRE ET LE CHAOS : « L’ANNÉE DU DRAGON » DE MICHAEL CIMINO

  • UN LIVRE DE 208 PAGES (INCLUS 50 PHOTOS INÉDITES) •

En réalisant L’Année du dragon, Michael Cimino – qui n’a eu de cesse d’analyser son pays et les ambiguïtés du melting-pot – livre une nouvelle « métaphore de l’Amérique ». L’Ordre et le chaos propose de découvrir le scénario écrit à quatre mains par Oliver Stone et Michael Cimino (et librement adapté du livre éponyme de Robert Daley), des analyses et entretiens avec Michael Cimino, Mickey Rourke et Robert Daley parus dans la presse française de l’époque, les notes de production originales, le tout agrémenté de 50 photos inédites issues des archives de Warner Bros et de MGM. Un livre indispensable pour décrypter toute la complexité de ce film éblouissant.

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Titre Original: YEAR OF THE DRAGON

Réalisé par:  Michael Cimino

Casting : Mickey ROURKE, John LONE, Ariane KOIZUMI,

Leonard TERMO, Jilly RIZZO, Tony LIP…

Genre: Policier, Action, Drame

Sortie le: 13 Novembre 1985

Distribué par: –

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