Critiques Cinéma

ROCKY BALBOA (Critique)

4 STARS EXCELLENTrocky balboa affiche

SYNOPSIS: Rocky Balboa, le légendaire boxeur, a depuis longtemps quitté le ring. De ses succès, il ne reste plus que des histoires qu’il raconte aux clients de son restaurant. La mort de son épouse lui pèse chaque jour et son fils ne vient jamais le voir. Le champion d’aujourd’hui s’appelle Mason Dixon, et tout le monde s’accorde à le définir comme un tueur sans élégance ni coeur. Alors que les promoteurs lui cherchent désespérément un adversaire à sa taille, la légende de Rocky refait surface. L’idée d’opposer deux écoles, deux époques et deux titans aussi différents enflamme tout le monde. Pour Balboa, c’est l’occasion de ranimer les braises d’une passion qui ne l’a jamais quitté. L’esprit d’un champion ne meurt jamais… 

« Dépassant ses limites, affrontant des adversaires de plus en plus coriaces, boxant comme personne n’a boxé, Rocky est un héros humble et volontaire, fait de muscle et de mental. Son histoire est le plus beau des portraits de l’Amérique des dernières décennies. Au-delà de la violence des combats, la saga Rocky est surtout le parcours bouleversant d’un homme assailli par des doutes et l’inquiétude, qui lutte pour la victoire et qui est sauvé par l’amour » peut-on lire sur le boitier blu-ray compilant les 6 films Rocky. C’est exactement ça Rocky : une série de films à la sincérité indéniable et aux messages humanistes et touchants. Trente ans après le premier épisode, seize ans après un 5ème opus en demi-teinte (globalement décevant bien que doté de plusieurs qualités), le boxeur le plus célèbre du 7ème art est de retour au cinéma en 2006 pour un 6ème round, sobrement intitulé Rocky Balboa. 2006, soit la période où la carrière de Sylvester Stallone bat de l’aile. Étrillé par une succession de bides au box-office (le remake honteux Get Carter, le Rocky de la F1 Driven, et le whodunit enneigé Compte à rebours mortel) et cantonné dès lors à des rôles-caméos ingrats dans des blockbusters au ras-des-pâquerettes (Taxi 3, Spy Kids 3D), Sly apparaît en grandes difficultés, n’ayant jamais su comment négocier le virage des 90’s. Seule option « logique » s’offrant à lui : relancer la franchise qui l’a rendu immensément populaire (auprès du public et de la profession).

Écrit, réalisé et interprété par Sly, Rocky Balboa est né avant tout d’une volonté sincère de Stallone d’offrir un baroud d’honneur au célèbre boxeur. Mettant en scène les vétérans Burt Young (fidèle Paulie, acolyte du double champion du monde catégorie poids lourds) et Tony Burton (Duke, ex-entraîneur d’Apollo Creed devenu solide compagnon de Rocky), aux côtés de nouvelles têtes (Milo Ventimiglia dans la peau du rejeton névrosé de Balboa, Antonio Tarver en jeune champion arrogant Mason Dixon, et surtout la belle Geraldine Hughes, qui hérite du second rôle féminin suite au décès fictif d’Adrian), Rocky Balboa s’offre le luxe d’un casting prestigieux, même si les premiers souhaits de Stallone n’ont hélas pas été exaucés. Ce dernier voulait en effet Quentin Tarantino à la réalisation, ainsi que Jake Gyllenhaal et Vin Diesel dans les rôles respectifs de son fils et du challenger Mason Dixon. Le sort en décida autrement puisque le premier déclina simplement l’offre, tandis que les deux comédiens refusèrent pour cause d’emplois du temps trop chargés. Sportif à la mâchoire d’acier, aux assauts féroces et à la volonté de fer, Rocky Balboa n’est plus que l’ombre de lui-même dans ce sixième chapitre, un has-been devenu un mythe. Le boxeur y apparaît seul comme à ses débuts, endeuillé par la perte de son principal soutien – sa femme Adrian a été emportée par un cancer – et submergé par un sentiment de colère dont il ne sait comment se défaire – une authentique « bête » à l’intérieur. En face, le jeune loup Mason Dixon (authentique boxeur dans la vraie vie), avide de victoires et de trophées.

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Même s’il constitue le dernier opus de la saga, Rocky Balboa est l’épisode qui se rapproche sans doute le plus du premier, tant dans le contenu du récit que dans la progression narrative et la finition (le pèlerinage qu’effectue Stallone sur les traces du premier film et la conclusion du combat en sont des témoins probants). C’est probablement pour cette raison qu’on l’aime autant et que ce Rocky Balboa est régulièrement cité comme « second meilleur opus de la saga après le premier ». Scénario d’une redoutable efficacité, évitant judicieusement la redite pour s’intéresser au parcours de Balboa/Stallone avec une dimension autobiographique attendrissante et des questionnements pertinents sur le vieillissement (le personnage de Rocky, à l’instar de Stallone, a-t-il encore sa place dans le monde d’aujourd’hui ?), mise en scène incroyablement nostalgique, avec ses flashbacks émouvants, ses figures spectrales habilement filmées (Adrian et Mick) et son noir & blanc somptueux, et ses personnages vibrants (Rocky n’avait plus été aussi émouvant depuis longtemps, Dixon est probablement le meilleur « antagoniste » de la franchise depuis Apollo Creed) sont les atouts de premier plan de ce sixième opus. Avec Rocky Balboa, Sly offre donc une conclusion respectueuse et noble à la vie du sportif. Chapitre final d’une saga de légende, le long-métrage revient aux fondamentaux en convoquant les grandes valeurs humaines des films (dépassement de soi, fierté, dignité), tout en disposant d’un message clair et fort (« encaisser, et avancer quand même »). Les thèmes de la filiation et de l’héritage, si chers à Stallone, sont par ailleurs abordés avec beaucoup plus d’efficacité que dans le 5ème volet. Les enjeux sont posés rapidement et développés en deux trois tirades à peine. A cet égard, Milo Ventimiglia compose d’ailleurs un Robert Balboa Jr désarmant et touchant, avec son horrible conviction d’être condamné à vivre dans l’ombre de son père.

A un autre niveau, Rocky Balboa fait mouche en comparant le combat de boxe au parcours de vie d’un homme, semé d’embûches, de tracas, de doutes et de réussites. Le film est ainsi parcouru de scènes déchirantes – celle notamment où Paulie et Rocky balancent chacun à leur manière leur point de vue sur le passé et les années de gloire du double champion du monde poids lourds – et de petits instants de vie bouleversants. Cerise sur le gâteau : le combat du climax, shooté nerveusement et fort en symboles (l’ancien contre le moderne). Rocky mute, renaît, libère la bête qui est en lui, transperce de nouveau les cœurs. L’émotion est intacte, comme au premier jour et c’est désormais avec une terrible impatience qu’on s’apprête à découvrir en salles Creed – L’héritage de Rocky Balboa, spin-off qui devrait offrir de nouvelles perspectives au personnage.

rocky balboa affiche

Titre Original: ROCKY BALBOA

Réalisé par: John G. Avildsen

Casting :  Sylvester Stallone, Burt Young, Antonio Tarver,

Tony Burton, Geraldine Hughes, Milo Ventimiglia  …

Genre: Drame, Action

Sortie le:  24 janvier 2007

Distribué par: Twentieth Century Fox France

4 STARS EXCELLENTEXCELLENT

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