SYNOPSIS: Marie, jeune avocate, part avec son mari Fabrice et un couple d’amis, Francis et Alessandra. Ils se livrent ensemble à un jeu sentimental dangereux, d’où leurs relations ne sortiront pas indemmes…
Par ailleurs, Marie écoute, dans le cadre d’un jugement, l’histoire de trois compères, Henri, Jacques et Vincent, coupables de divers délits. Là encore, ce sont des histoires d’amour qui ont amené leurs destins à s’entrecroiser.

La force principale de Claude Lelouch est sa capacité à constamment renaitre de ses cendres. Après l’échec public abyssal de La Belle Histoire, le voici de retour avec un film choral comme il les affectionne, cela dit sur un mode plus mineur que le précédent. Autant La Belle Histoire était touffu et sombre, autant Tout ça…Pour ça! est léger et aérien comme une bulle de champagne. Du moins en apparence. Car à nouveau Lelouch fait du Lelouch pur jus. Sous couvert d’un film aux thématiques plus accessibles, il ne transige pas sur ses marottes et jongle avec les flash-backs tout en louvoyant avec un montage complexe dont la caractéristique première est pourtant de ne jamais perdre le spectateur bien qu’il n’hésite pas à mêler réalité et fantasme dans son récit. Que ce soit avec cette histoire de pieds nickelés qui collectionnent les arnaques avec une bonne humeur et un punch revigorant où avec ces deux couples empêtrés dans une relation adultérine qui va prendre de plus en plus d’envergure, Lelouch amuse, fait rire des travers de ses contemporains, mais n’oublie jamais d’aimer ses personnages et de leur servir du caviar en guise de jeu et de dialogues. Il faut dire qu’il s’est choisi un casting de premier choix, détonnant et dynamique et que la mélancolie intrinsèque de La Belle Histoire laisse ici la place à un humour décomplexé où le sexe est abordé de manière crue et où l’amitié permet d’être toujours dans le jeu même lorsque les circonstances sont dramatiques.

Mélange de ce qu’il réussit le mieux, comédie sociale anti-conformiste d’un côté, variation sur le sentiment amoureux de l’autre, Claude Lelouch semble presque en récréation avec ce film, même s’il est surtout en recréation après sa déconvenue précédente. De fait, tout ou presque fonctionne. Porté comme souvent par une bande originale aux petits oignons (thème musical ou chansons originales avec aux manettes Francis Lai, Philippe Servain ou Philippe Léotard entre autres), Tout ça… Pour ça! est un film savoureux duquel quelques scènes s’avèrent irrésistibles et s’inscrivent comme des morceaux d’anthologie. De la plaidoirie de Luchini où celui-ci entonne du Patricia Carli et du Johnny Hallyday à la scène sous la tente, à pleurer de rire, en passant par les arnaques montés par les trois grands gamins, le film bénéficie d’un rythme soutenu amplifié par les performances d’une troupe d’acteurs en pleine forme. Luchini, on l’a dit tire plus que son épingle du jeu dans une composition ébouriffante d’où son génie filtre à plusieurs reprise et ses répliques avec Francis Huster, Alessandra Martines et Marie-Sophie L sont d’une justesse et d’une drôlerie infinie. Le trio Darmon-Lindon-Gamblin est lui aussi formidable, chacun bénéficiant au moins d’une scène poignante à son actif avant que le destin ne les réunisse pour des moments jubilatoires. Jubilatoire c’est bien le mot qui caractérise ce film, qui, s’il n’a pas l’ampleur des très grands films, est une pépite effervescente de plaisir continu à recommander fissa pour une cure de feel good.

Titre Original: TOUT CA… POUR CA !