C’est avec une joie non dissimulée que nous avons eu la chance de poser quelques questions à la ravissante Lorenza Izzo (actrice révélée entre autres par son boyfriend, le réalisateur et acteur Eli Roth, dans le film The Green Inferno) au détour d’une table ronde passionnante et rythmée, aux côtés de quelques confrères (Mondociné et CinemaClubFr). Présente à Deauville pour la promotion de The Green Inferno, projeté en séance spéciale en marge de la compétition, mais aussi pour Knock Knock, le nouveau film d’Eli Roth dans lequel elle tient un rôle important, la charmante comédienne d’origine Chilienne s’est prêtée au jeu de l’interview junket sur les sièges confortables de la villa Kiehl’s.
Dans The Green Inferno, vous jouez une des victimes des cannibales. Dans Knock Knock, vous êtes au contraire en positon de force dans la peau du bourreau de Keanu Reeves. Comment s’est passé la transition ?
Lorenza Izzo : C’était génial. Justine (son personnage dans The Green Inferno, NDLR) est en effet une victime, tandis que Genesis (rôle qu’elle tient dans Knock Knock, NDLR) a le pouvoir et contrôle les choses. Genesis manipule le personnage incarné par Keanu Reeves pour parvenir à ses fins. Pour moi, c’est excitant de voir que ces deux films où je joue deux personnages radicalement différents sortent quasiment au même moment. Justine était un rôle sympa à jouer, c’est une jeune étudiante naïve avec plein de rêves, qui voudrait changer le monde. Combien d’entre nous se sont déjà un jour senti comme elle lorsqu’on voit un clochard dans la rue ? Je pense que Justine présente de bonnes intentions dans le fond, elle ne sait juste pas dans quoi elle met les pieds. C’est un rôle intéressant à bien des égards, une sorte de nana qui passe progressivement à l’âge adulte sans trop s’en rendre compte. C’est aussi intéressant parce que je fais partie de la même génération qu’elle, celle qui est addict aux réseaux sociaux, aux smartphones et compagnie. Oh mon dieu, mon selfie sur Instagram vient d’être partagé et vu plusieurs milliers de fois, vous savez, ce genre de trucs (rires). Et puis mon opinion sur la question importe : le message social présent dans The Green Inferno m’importait. J’ai l’impression qu’à la fin, Justine a appris la leçon. Elle est devenue moins vulnérable, plus forte et finalement plus mature qu’au début. C’est une belle évolution. C’est important pour moi vous savez, je suis contente d’avoir participé à The Green Inferno, qui, au-delà de moments gores et violents, présente un vrai propos social et j’adore ce genre de films. J’ai fait quelques recherches pour mon personnage Justine, j’ai même rencontré quelques étudiants de Columbia en amont du tournage. J’ai quelques amis qui y sont inscrits, du coup, c’était simple pour moi de pouvoir en rencontrer. J’ai essayé de les observer, de connaître leurs centres d’intérêts et d’apprendre leur façon de penser.
Genesis vient dans un tout autre monde. C’est un sujet dramatique. Je parle de la maltraitance physique qu’elle a probablement subie étant plus jeune et qui explique pourquoi elle est comme ça aujourd’hui. Mais j’avoue que c’était incroyablement fun à jouer. Être une psychopathe manipulatrice qui change de personnalité toutes les deux secondes, c’est marrant à interpréter. Pour une comédienne, ce type de personnage à jouer est un défi magnifique. On doit travailler le langage du corps. C’était une opportunité extraordinaire pour moi. Bosser avec le même réalisateur sur ces deux films, c’était cool. Eli m’a poussé à explorer mes limites.
Si on va un peu plus loin, votre personnage dans Knock Knock est une fille qui séduit des pères de famille pour ensuite les faire craquer et les « révéler » en quelque sorte. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce rôle, au-delà du côté fun à jouer ?
Lorenza Izzo : J’ai approché le personnage avec beaucoup de respect. Lorsque vous êtes comédienne, vous devez absolument comprendre le personnage que vous interprétez, c’est primordial. Chaque acte doit être compréhensible pour le spectateur. Ce que j’adore dans le film, c’est qu’il ne s’excuse jamais pour ces personnages. Knock Knock ne révèle jamais le passé des deux filles, on ne sait rien d’elles. Elles pourraient juste être timbrées, sans que rien ne leur soit jamais arrivé. Ou alors, elles pourraient être mentalement torturées parce qu’elles ont vécu un certain nombre de choses, on n’en sait rien. Si ça se trouve, elles sont actrices et jouent un rôle. C’est ce que je trouve merveilleux avec ce film. Il est original et propose une vraie histoire. De nos jours, certains films, en particulier ceux à gros budget, sont trop simples : on vous présente un type, c’est le héros, il doit sauver le monde bla bla bla. Knock Knock respecte son public et ne le prend pas pour un con. Pour moi, le challenge avec un personnage comme Genesis était de la rendre réelle et humaine. Je voulais que ce soit une jeune fille, adolescente ou femme crédible. Elle change sa personnalité toutes les deux secondes pour obtenir ce qu’elle veut. En tant qu’actrice, je devais m’adapter à cela. Le plus dur était de pouvoir lui inventer un passé. Ma partenaire, Ana de Armas, est une actrice cubaine fantastique. C’était un réel plaisir de travailler avec elle sur ce point précis. On s’est rencontrés en amont du tournage pour discuter du passif de ces deux jeunes filles. Eli nous a offert la possibilité d’inventer ce qu’on voulait, tout en nous dirigeant un peu évidemment. On a imaginé que ces filles avaient traversé plein de galères ensemble lorsqu’elles étaient plus jeunes, y compris de la maltraitance physique, et qu’aujourd’hui, elles se considèrent comme appartenant à la même famille. Je crois que le fait de pousser à bout des pères de famille comme elles le font a deux objectifs : premièrement, c’est comme une sorte de thérapie pour elles, ça leur permet d’exorciser les choses affreuses qu’elles ont vécues et secundo, elles envisagent ça comme une croisade féministe, ça leur permet de donner une leçon aux hommes. « Vous pensez que vous avez le contrôle ? Ben en fait, non », c’est ça en gros qu’elles leur disent. Le film interroge la notion de culpabilité. Lorsqu’elles le laissent à la fin, on se demande si ce qui s’est passé est de leur faute, de la faute de la femme d’Evan ou celle d’Evan ? Ce sont des questions intéressantes et pour une actrice, c’est quelque chose de fort à jouer, il faut être le plus réaliste possible dans l’approche du personnage. Il faut essayer de se sensibiliser à des choses affreuses comme la pédophilie et la maltraitance avant d’incarner ce type de personnage. C’est ça le challenge. Bon après, pour ne rien vous cacher, j’ai pris un sacré plaisir à torturer Keanu Reeves (rires).
Eli Roth, c’est une bonne école pour apprendre la comédie, non ? Il écrit, produit, réalise et joue.
Je ne le remercierai jamais assez de m’avoir offert l’opportunité de débuter dans le métier. Il est tellement adorable de m’avoir offert ces deux rôles (Justine et Genesis). Justine, c’est une version vierge de moi. Et de l’autre côté, il y a Genesis la psychopathe. Des gens sont venus me voir et m’ont dit qu’ils avaient peur de moi. Et moi, je leur répondais « mais non, je suis gentille, regardez Green Inferno ». Je me sens tellement chanceuse de jouer dans des films. Ma langue maternelle est l’espagnol, je viens du Chili. Je suis fière de mon parcours. Enfin non, ce n’est pas de la fierté, mais plutôt du bonheur. Je suis contente de mon parcours. Je suis arrivée à Los Angeles avec des rêves plein la tête. Et puis, ces rêves sont devenus réalité. J’adore Eli, j’adore sa façon de travailler. C’est un vrai maître pour raconter des histoires. Il est très drôle, il comprend les dialogues. Il laisse part à l’improvisation des comédiens, tout en étant un sacré directeur d’acteurs. Dans Knock Knock, il y a plein de choses que j’ai pu faire alors que ce n’était pas écrit dans le scénario. Le beurre de cacahuète avec lequel je joue à un moment, ça vient de moi par exemple. Et puis, c’est la même équipe entre les deux films. On a bossé avec les mêmes personnes. Je trouve que la photographie de Knock Knock est spectaculaire, j’aime le ton, les couleurs, les travellings. Green Inferno débute avec un plan large à Manhattan, j’ai adoré tourner ça. J’adore travailler avec cette équipe, la caméra raconte une histoire, les acteurs aussi, Eli s’occupe de regrouper tout ça. En plus, certains techniciens sont chiliens, ça me rend très heureuse. Si je tourne un jour dans un projet qui n’est pas d’Eli, ils vont me manquer, tous ces gens vont me manquer. Quand je tourne avec eux, j’ai l’impression d’être avec ma famille. Knock Knock a été tourné à Santiago au Chili, mais on dirait que ça a été tourné à L.A. J’aimerai tourner autre chose maintenant, les gens ont facilement tendance à vous coller l’étiquette de la nouvelle « scream queen ». Cela dit, je ne vois pas Knock Knock comme un film d’horreur.
La scène du plan à trois est vraiment réussie. Elle est visuelle…
Lorenza Izzo : N’est-elle pas sexy ? J’étais tellement nerveuse. On avait des doublures, mais … je vais peut-être vous laisser terminer la question, pardon (rires).
… et forte car c’est à ce moment là que les deux filles piègent véritablement Evan. J’ai toujours entendu dire que les scènes de sexe étaient très difficiles à tourner. Est-ce que c’était le cas pour vous ? Comment ça s’est passé ?
Lorenza Izzo : Vous voulez savoir si c’est bizarre que mon petit ami me filme dans un plan à trois avec Keanu Reeves ? (rires). Plus sérieusement, c’était ma toute première scène de sexe filmée par mon copain (rires). En plus, c’est pas n’importe quoi niveau sexe, c’est un plan à trois quoi ! (rires). Je tremblais avant de tourner la scène, j’étais super nerveuse comme je vous disais, mais Keanu et Ana ont été très pros et m’ont mise en confiance. Ils ont même rigolé de me voir si nerveuse et m’ont signifié que c’était « normal ». Je leur ai répondu « mais putain, il s’agit de mon petit ami qui me filme dans un plan à trois avec un mec et une nana, en quoi c’est normal ? » (rires). Ils m’ont dit «mais tu joues un personnage, Genesis », je leur ai renvoyé « oh arrêtez avec vos conneries, à la fin de la journée, c’est quand même moi, Lorenza Izzo dans un plan à trois avec Keanu Reeves et Ana de Armas» (rires). C’est trop bizarre, c’est exactement ce que vous avez dit, c’est très difficile à tourner, l’opposé total de quelque chose de sexy. Keanu et Ana sont pros, ils ont déjà fait ça par le passé. Je me sentais en sécurité avec eux, surtout avec Ana qui me disait « allez, mets juste les seins à l’air, t’inquiète pas » (rires). J’ai répondu « ok allez faisons le », son discours a été libérateur. Ce qui est bizarre, c’est que toutes les deux secondes, y’a Eli qui te demande de bouger la tête, de changer de position, de regarder différemment. C’est VRAIMENT pas sexy, mais on a fini par se marrer quand même. Puis on a eu de la chance, Eli a trouvé des doublures incroyables. Les trucs vraiment sexuels, ce ne sont pas nous qui les avons faites.
On en a parlé toute à l’heure, Eli est réalisateur, mais pas que. Il joue, il écrit, il produit. Vous, est-ce que vous aimeriez un jour réaliser un film ?
Lorenza Izzo : J’adore votre question. J’ai travaillé avec Eli, je l’ai beaucoup observé, je l’ai vu travailler à tous les postes. Quand on s’est rencontrés, il était producteur sur Aftershock, mais il jouait aussi dedans. Donc quand on s’est rencontrés, on était tous les deux acteurs. Et je lui donnais quelques petits conseils. Puis il y a eu Green Inferno dans lequel il m’a dirigée. Et aujourd’hui Knock Knock. Bref, on a beaucoup bossé ensemble. C’est un excellent réalisateur et OUI, j’aimerai réaliser moi aussi un jour. Je crois que j’aimerais même le diriger dans un film. Je dois m’entraîner et apprendre le métier de metteur en scène, mais j’adorerais. J’adore écrire, et développer mes trucs. J’aimerai pouvoir les partager un jour. Peut-être à la télé. J’adore la télé. Spécialement HBO, Amazon. C’est des endroits où il y a des possibilités pour un réalisateur. Mon grand fantasme, c’est de diriger Eli dans un film, juste pour pouvoir lui dire « je suis ton boss ».
C’est marrant parce que Eli Roth est votre mari et Knock Knock parle justement d’un mari qui trompe sa femme, avec en arrière fond le message suivant : « ne déconnez pas avec le mariage », ça vous fait pas peur ?
Lorenza Izzo : C’est marrant oui. Après, certaines personnes trouvent dans Knock Knock le message que vous avez décrit, d’autres perçoivent le film autrement. Il existe une version alternative; enfin je veux dire une autre interprétation qui dit en gros que les filles n’existent pas, qu’Evan les a inventées. Eli a dû vous en parler. La destruction de la maison serait le fait d’Evan , qui est devenu complètement fou et a pété un plomb parce qu’il ne supporte plus sa vie. Il y a plein d’interprétations possibles. J’apprends beaucoup d’Eli. Je suis contente de travailler à ses côtés. Et aussi, je ne vais pas le cacher, il me propose du boulot (rires). Vous pouvez vite porter une étiquette dans ce métier, vous savez, on dit de vous que vous êtes « la femme de », la petite-amie d’un tel ou d’un tel. Mais ça importe peu au final. Le plus important à la fin de la journée, c’est votre boulot et si le film est bon ou pas. Pour nous, Knock Knock était une sacrée opportunité. Maintenant, on va travailler séparément. Eli va réaliser un film de requins qui s’appelle Meg, un gros film de studio. Quant à moi, je me dirige plutôt vers une comédie.
Genesis utilise les réseaux sociaux dans le film pour torturer Evan. Est-ce que vous pensez que Twitter, Instagram et toutes ces choses possèdent un tel pouvoir destructeur ?
Lorenza Izzo : Oula, oui ! C’est intéressant, vous vous rappelez sûrement du Celebrity Hack (un piratage massif de la vie intime de plusieurs célébrités avec partage de photos privées sur internet, NDLR). J’ai eu très peur que Jennifer Lawrence ne trouve plus de boulot après ça, mais elle a surmonté ça avec une telle force. Ce genre de choses arrive malheureusement aujourd’hui, il faut faire attention. Il y a tellement de ragots, de colportages de nos jours, c’est dérangeant. La vie privée, c’est quelque chose qui peut être mise en danger. La vie d’une personne peut être détruite du jour au lendemain, ça fait très peur. Dans Knock Knock, c’est un peu différent. Evan n’est pas seulement anéanti par les réseaux sociaux, on peut dire qu’il est socialement mort. Ses enfants voient ce qu’il a fait. C’est l’un des messages de notre film, il faut pouvoir poser des limites face à tout ça. Il faut faire attention avec Facebook, ne pas laisser son compte ouvert et accessible à n’importe qui. Je trouve que tout ça fait très peur. J’ai peur pour l’avenir face à l’évolution des réseaux sociaux. Quelles sont les règles ? Quelles sont les limites ? Il y beaucoup de choses bâties autour des réseaux sociaux. On trouve des mini-séries développées avec Snapchat, il y a des YouTubeurs qui sont célèbres. Knock Knock soulève ces questions et se demande où est la différence entre virtualité et réalité. Genesis fait partie de ce monde et de cette génération. Evan est plus âgé, il ne sait pas vraiment ce qu’il fait, ni ce qu’elles font d’ailleurs. C’est un contraste de génération intéressant.
Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets et vos envies, en dehors du fait que vous voulez réaliser un film ?
Lorenza Izzo : Je veux faire plein de trucs (rires). Je veux travailler avec Michael Bay. J’ai plein de rêves. Je suis contente de voir que les films dans lesquels j’ai jouée soient montrés ici à Deauville, les gens vont voir mon boulot. C’est cool d’avoir pu jouer aux côtés de Keanu Reeves. Là, j’ai plusieurs projets en cours, je ne peux malheureusement pas trop en dire plus, désolée. Je suis très superstitieuse et tant que le projet n’est pas officialisé, tant que je n’ai pas signé et qu’il n’y a pas une date de sortie, j’ai toujours peur que ça tombe à l’eau, alors je préfère ne rien dire. Je peux vous dire que j’ai joué dans une comédie romantique par contre, qui est disponible sur Netflix. Ça s’appelle Sex End, c’est avec Haley Joel Osment, qui est un acteur formidable. J’adore les comédies, c’est toujours difficile de jouer dans une comédie, mais je suis très excitée à l’idée de m’éloigner un peu des films d’horreur et de faire autre chose. J’adore les thrillers aussi. Je voudrais jouer dans James Bond, mais je ne veux pas être une James Bond girl, je veux être James Bond ! Je veux distribuer des coups de pieds à des méchants. Mais c’est difficile aujourd’hui en étant une femme. Les producteurs et exécutifs qui dirigent Hollywood sont terrifiés à l’idée d’embaucher une femme dans un film, c’est triste. Pareil pour donner le feu vert à certains projets. Ils préfèrent produire des films de superhéros, c’est ce qui marche en ce moment. Ils engagent souvent les mêmes acteurs d’ailleurs, ils ont du mal à donner leur chance à des inconnus. C’est une époque difficile, mais aussi une époque intéressante, parce qu’il y a plein d’autres choses qui se développent à côté, comme les séries télé, Netflix. Il y a de nouvelles façons de réaliser des films. C’est pour ça que j’adore le cinéma.
Vous venez de dire que vous adorez les comédies, mais est-ce que vous allez voir les films d’horreur en salles. Est-ce que vous aimez le genre ?
Lorenza Izzo : Je ne les aime pas trop en fait (rires) parce que j’ai peur de tout. Je hurle quand je suis dans le noir. J’ai peur des araignées. J’ai la frousse de tous les trucs religieux, genre les pentacles, les rituels et tout ça. Green Inferno, je peux le mater parce qu’il y a un côté fun. Knock Knock, c’est un thriller psychologique, je peux le voir aussi. Mais les films d’horreur, je peux vraiment pas, sauf ceux dans lesquels je joue parce que je sais ce qui va arriver (rires).
Propos recueillis et traduits par Robin.
Merci aux confrères présents (CinemaClub & Mondociné), mais aussi à Claire d’Okarina, à tous les membres du Public Système Cinéma, ainsi qu’au personnel de la villa Kiehl’s.
Retrouvez l’interview d’Eli Roth ici
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