SYNOPSIS: Au XIVème siècle, sous le règne d’Edouard II, alors que des révoltes font rage au nord du Pays de Galles, un chevalier du nom de Wilkin Brattle, abîmé par les ravages de la guerre, voit sa vie prendre un nouveau tournant, quand un messager divin lui demande de rendre son épée. Ivre de vengeance après un énième drame, il se glisse dans la peau d’un bourreau, guidé dans sa quête de vérité par Annora, une mystérieuse guérisseuse aux motivations obscures. Il doit également faire face à Milus Corbett, un chambellan fourbe et ambitieux, qui n’hésite pas à le manipuler.
On l’attendait de pied ferme, le dernier projet de Kurt Sutter. Le créateur de Sons of Anarchy s’est lancé cette fois dans le monde cruel du XIVème siècle, où anges et guérisseurs côtoient guerriers assoiffés de sang et politiciens matois. The Bastard Executioner se déroule en effet à cette période charnière de l’histoire du Pays de Galles, ayant débouché sur le serment des Gallois de ne jamais plier à la loi d’un monarque anglais. Raison pour laquelle, d’ailleurs, l’héritier de la couronne d’Angleterre est appelé le Prince de Galles. Mais trêve de leçons historiques. Pour Sutter, cette nouvelle aventure fait figure d’histoire de famille, puisqu’il y retrouve non seulement le toujours très pointilleux Paul Fontaine, son éditeur de Sons of Anarchy, et le metteur en scène Paris Barclay, mais également les acteurs Katey Sagal et Timothy V. Murphy. Un projet entre copains en quelque sorte, assorti d’une liberté de créer presque illimitée puisque FX a laissé carte blanche à son scénariste star (Sons of Anarchy étant le plus gros succès que la chaîne ait jamais connu).
On vous prévient tout de suite : si vous n’êtes pas fan de giclées d’hémoglobine, passez votre chemin, cette série n’est pas pour vous. Dès les premières images, The Bastard Executioner s’aligne, comparaison inévitable, avec l’esthétique Game of Thrones. Violence inouïe, costumes médiévaux, femmes nues qui apparaissent, rosaire à la main sur le champ de bataille, et puis bien sûr, un héros bâtard, né hors mariage de ses parents (Jon Snow, es-tu là ?). Si l’influence de GoT est indéniable, on y trouve aussi, n’en déplaise au créateur, certaines similitudes avec la telenovela argentine Padre Coraje, dont le protagoniste, caché sous sa capuche de bandit, assume lui aussi une nouvelle identité pour protéger un village des riches et des puissants. Intrigue comparable donc, puisque notre héros, humble soldat de sa majesté devenu fermier à la suite d’un vœu, se joint aux hommes du village qui attaquent les collecteurs d’impôts. En digne fils (spirituel) de Jeanne d’Arc, il est sujet à des visions et vit sous la protection mystérieuse d’une guérisseuse étrangère. Mais suite au meurtre de sa femme enceinte, il décide d’exhumer son épée et part en quête de vengeance.
Si le pitch de départ avait tout pour séduire, le pilote en lui-même est assez peu engageant. Batailles, mystères, et une indéniable fascination pour le macabre sont contrebalancés par des décors en carton-pâte, de gros problèmes de rythme et des acteurs plutôt fades. On notera la présence ultra-charismatique de Stephen Moyer, exception de taille dans un casting qui paraît s’ennuyer. L’ex-vampire de True Blood infuse à ses scènes-clé un machiavélisme et une ambition dévorante qui en font immédiatement le personnage le plus intéressant de l’histoire. Et c’est très dommage, d’ailleurs, que le spectateur ne soit intéressé que par une seule personne dans cet univers-là. La faute au rythme trop lent, bien trop indulgent en termes de longs regards lointains et de ralentis mélodramatiques. Sur un pilote d’une heure et demie, on passe presque les trois quarts du temps à regarder des gens souffrir, mais sans ressentir vraiment de compassion. Il y a un côté désensibilisé, presque blasé dans la façon dont les images sont traitées. Au point que les scènes les plus choquantes ne provoquent guère plus qu’un haussement d’épaules. La raison ? Le rythme, encore, qui se focalise trop sur l’homérisme du propos, et pas assez sur les êtres humains, ruinant une intention qui pourrait être captivante si elle était abordée avec plus de rigueur.
Au final, le premier épisode de The Bastard Executioner est peu convaincant. Si l’intrigue paraît se nouer (enfin) dans les dernières dix minutes, les problèmes de rythme en fatigueront rapidement plus d’un. Bien sûr, c’est un pilote, et l’on sait que les plus mauvais pilotes donnent parfois les meilleures séries. Ici cependant, c’est un départ compliqué. On peut croiser les doigts et espérer que le reste de la première saison sera de meilleure qualité, mais en attendant, si vous tenez vraiment à un grand moment d’évasion fantastique, on vous conseillera plutôt de revoir Game of Thrones.
Crédits: FX
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