SYNOPSIS: Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaise qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, « AN ». Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher. Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable…

La dernière fois que la réalisatrice Naomi Kawase est passée sur la croisette, c’était l’an dernier à l’occasion du magnifique et bouleversant poème Still The Water, injustement reparti bredouille de la compétition. La cinéaste japonaise est de retour cette année avec An, présenté en ouverture du Certain Regard. Tokue a 70 ans passés, mais continue de vivre fièrement. Terrassée par un lourd secret, cette vieille dame un peu lunaire devient peu à peu la protégée de Sentaro, cuistot abimé par l’existence. Avec lui, elle confectionne des dorayakis, petites pâtisseries traditionnelles japonaises composées de 2 pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits (le An du titre). Les clients adorent. Avec An, Naomi Kawase livre un film surprenant, simple mais lumineux, qui brasse avec clarté des thèmes forts comme la vieillesse, l’amitié, les rencontres, tout en véhiculant des valeurs nobles telles que le dévouement, la bonté et la dignité. Cadrages rigoureux (plans serrés lors du rituel de la pâte de haricots rouges), narration intimiste (centrée sur les rapports humains), regard tendre et bienveillant sur les personnages, ton léger, parfum doux amer, envolées lyriques (toutes les scènes à l’air libre), parterre d’émotions au rendez-vous de ce plat que l’on goûterait bien volontiers.

L’histoire est riche en péripéties, la vie y est vibrante et An se figure en fin de séance comme une œuvre admirable, d’une mélancolie sans pathos et d’une justesse impressionnante. Si cela fonctionne, c’est avant tout grâce aux deux interprètes principaux, Masatoshi Nagase et Kirin Kiki, qui apportent la pudeur nécessaire et arrivent aisément à émouvoir. Leurs gestes, leurs regards, leurs interactions…ils sont tous deux d’un naturel confondant, éblouissent l’écran et rendent palpable l’attachement profond qui unit ces deux êtres. An resplendit par sa simplicité touchante, sa sensibilité, sa mise en scène tout en retenue et la qualité de jeu du duo de comédiens.

Titre Original: AN