SYNOPSIS: A la suite d’un quiproquo, un homme d’affaires irracible et raciste, se retrouve confronté malgré lui à un règlement de compte entre terroristes d’un pays arabe. Afin se semer ses poursuivants, il se déguise en rabbin, après avoir croisé à Orly des religieux juifs en provenance de New-YorK.
C’est sur le tard que la carrière de Louis De Funès a vraiment décollé. Après des années de vache maigre, le comédien a collectionné les hits sur près de deux décennies en s’octroyant le titre honorifique de comédien français le plus populaire. En 1973 alors qu’il est au top de sa popularité, et malgré des chiffres d’entrée en deçà de ses résultats antérieurs il retrouve Gérard Oury, son réalisateur de La Grande Vadrouille, du Corniaud et de La Folie des Grandeurs pour Les Aventures de Rabbi Jacob. Dans un contexte de tension exacerbée entre Israël et la Palestine le metteur en scène se lance dans une comédie dont il a le secret et dans laquelle il compte aussi bien délivrer un message de tolérance qu’un véritable condensé d’humour autour d’un sujet d’apparence difficile. Avec toujours Danièle Thompson à l’écriture (et Josy Eisenberg), Oury réussit la gageure de faire rire et pas qu’un peu, tout en repoussant les limites du politiquement correct en mettant au premier plan un héros raciste et borné qui va se retrouver confronté aux communautés juives et musulmanes dont il ne connait rien des us et coutumes, mais qu’il méprise par ignorance et étroitesse d’esprit. L’ouverture aux autres par le rire, voici en substance ce que permet ce film, qui est une horlogerie de précision, délivrant quantité de dialogues irrésistibles, le tout sur un rythme échevelé absolument incroyable.
Bien sûr, De Funès y réussit une prestation d’anthologie, parvenant à susciter pour ce petit bourgeois détestable une vraie empathie. Son abatage, son énergie folle, son dynamisme et ses inoubliables mimiques entrainent un public conquis dans son sillage, et les aventures et quiproquos dans lesquels se retrouve embringué Victor Pivert sont l’occasion de moments savoureux, passés depuis à la postérité des comédies françaises. Que ce soit la chute dans la cuve de chewing-gum ou la scène de la danse dans la rue, la séquence avec les motards par qui Pivert souhaite désespérément se faire arrêter ou la confrontation avec la communauté juive, le film est plein de moments devenus cultes. Et que dire des dialogues? Les bons mots s’enchainent à une cadence infernale et on ne compte plus les expressions exceptionnelles qui sont légion (« Comment ça Salomon vous êtes juif? Oui et mon oncle Jacob qui arrive de New-york, il est rabbin! Mais il est pas juif? » « C’était Farès? C’est effarant » , » c’est mon chauffir il m’a reconnu qu’est ce que je vais fire? »…) Autour de De Funès, qui, on l’a dit est formidable, les seconds rôles ne déméritent pas une seconde. De Claude Giraud qui prête ses traits à Slimane au très bon Henri Guybet qui incarne Salomon en passant par l’excellent Marcel Dalio, dans la peau du véritable Rabbi Jacob ou encore Suzy Delair, Popeck, Claude Piéplu ou la toute jeune Miou-Miou pour ne citer qu’eux, c’est toute la distribution qui porte un film hilarant dont les multiples rediffusions télévisées n’ont jamais émoussées le plaisir régulier de le redécouvrir. Comédie sans fausses notes et dont le thème est toujours aussi actuel, Les aventures de Rabbi Jacob est une nouvelle preuve que le duo De Funès-Gérard Oury était touché par deux caractéristiques indéniables: La grâce et le talent!
Titre Original: LES AVENTURES DE RABBI JACOB
Réalisé par: Gérard Oury
Casting: Louis De Funès, Claude Giraud, Suzy Delair,
Henri Guybet, Claude Piéplu, Marcel Dalio…
Genre: Comédie
Sortie le: 18 octobre 1973
Ressortie en version restaurée le : 10 juillet 2019
Distribué par: Carlotta Films
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Catégories :Critiques Cinéma