SYNOPSIS: L’histoire d’un trio amoureux et d’une amitié naissante. César aime Rosalie. César est à l’aise en société, plein d’entrain et dirige une société de ferrailleurs. Rosalie, restée très proche de sa famille, partage sa vie avec César. Et il y a aussi David, un artiste qui fut autrefois l’amant si cher au coeur de Rosalie. Les deux hommes, qui se disputent la même femme, finissent par devenir amis…
Cinéaste de l’intime et peintre d’une certaine bourgeoise française à l’orée des années 70, Claude Sautet a laissé une empreinte vive dans l’histoire de notre cinéma. Sa carrière, son œuvre devrait t-on dire, forte de 11 films, à la fois différents et complémentaires, est parsemée de quelques chefs-d’œuvre et autres grands films qui sont les témoins de leur temps, et dans lesquels, tout un chacun pouvait trouver matière à se retrouver. Le pouvoir d’identification aux personnages de la galaxie Sautet, est l’un des nombreux points forts d’un cinéaste qui trouvait sa matière dans la vie, et dont la puissance d’écriture et de directeur d’acteurs, conférait à ses films une puissance émotionnelle à nulle autre pareille. Qu’il parle de la déliquescence d’un couple, de la relation particulière d’un flic et d’une pute, d’un triangle amoureux, d’une bande de copains, d’un homme mutique, de la rédemption d’un drogué aux rapports paternels conflictuels, Sautet a toujours privilégié le drame, que des personnages lumineux pouvaient transcender de leur faconde ou de leur humour. 1972 est l’année de César et Rosalie dans lequel Sautet réinvente le triangle amoureux et offre à Romy Schneider l’un de ses plus beaux rôles, emblème de la femme moderne perdue entre le charme et le bouillonnement d’un César et la douceur et la tendresse d’un David. Sautet filme admirablement le quotidien et l’effritement du couple avec une chaleur pour ses personnages qui touche le spectateur au cœur. La justesse des dialogues de Dabadie contribue également à cette sensation d’assister à un véritable morceau de vie sur l’écran et le trio Montand-Schneider-Frey forme un bloc d’humanité d’exception.
Comme souvent, comme toujours, Claude Sautet s’est entouré d’une distribution merveilleuse qui se fond avec délectation dans des personnages élaborés, complexes, faits de fêlures intimes et garants de cette véracité si chère au cinéaste. Entre la bonhomie et la gouaille d’Yves Montand que la jalousie transforme en un quart de seconde en amant violent prêt à tout et la placidité et la mesure de Sami Frey, ce sont deux facettes d’un homme amoureux qui sont décrites ici. Les relations de chacun avec Rosalie sont elles aussi dissemblables, volcaniques, passionnées et orageuses avec César, délicates, suggestives et paisibles avec David. Avec Dabadie, Sautet établit une sorte de cartographie des sentiments d’une justesse admirable et Romy Schneider en catalyseur du désir est magnifique de sensualité et de naturel. Alternant les atermoiements de la symphonie des cœurs et les emballements amoureux dans une valse-hésitation constante, César et Rosalie est un sublime film d’où sourd une mélancolie prégnante. Vincent, François, Paul et les autres, Mado et Une histoire simple vinrent clore la parenthèse enchantée que vécut Sautet au cours des années 70 et qui lui vit imprimer sa marque de fabrique et son univers sans jamais en faire une recette et en sachant sans cesse renouvelé son discours. C’est aussi parce qu’il sut à chaque fois, en remarquable script doctor qu’il fut, s’entourer des meilleurs scénaristes et dialoguistes que son travail ne fut jamais pris en défaut de facilité. Claude Sautet est mort le 22 juillet 2000. Depuis il nous manque.
Titre Original: CÉSAR ET ROSALIE
Réalisé par: Claude Sautet
Casting: Yves Montand, Romy Schneider, Sami Frey,
Bernard Le Coq, Isabelle Huppert, Umberto Orsini…
Genre: Comédie Dramatique, Romance
Sortie le: 11 octobre 1972
Distribué par: Les Acacias
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma