James Bond, vous connaissez ? Un agent secret british, de la baston, des méchants atypiques, des gadgets, et une saga qui dure depuis plus de 50 ans. Matthew Vaughn, vous connaissez aussi, ou du moins ses films : le trop méconnu Layer Cake (avec, tiens donc, un certain Daniel Craig), l’excellent Stardust, et surtout deux adaptations de comics au cinéma, l’inégal Kisk-Ass et le fantastique X-Men : le Commencement. Prenez les deux, ajoutez-y comme liant Mark Millar, scénariste de comics légendaire (il a écrit les Kick-Ass d’origine, ainsi que la fresque Civil War, objet de la prochaine étape des Avengers au cinéma), un humour franc du collier, et vous obtiendrez Kingsman : Services Secrets, adaptation du comics éponyme de Millar, qui donne un sérieux coup de jeune (ou de vieux c’est selon) à James Bond. Pendant deux heures, on se laisse embarquer avec un plaisir qui monte crescendo, dans cette histoire de jeune banlieusard anglais recruté par un agent secret so-british (Colin Firth, absolument jubilatoire de classe et d’énergie) pour, comme d’hab, sauver le monde. Humour, action, scénario en béton, rythme haletant qui ne faiblit jamais, casting 4 étoiles.. que demander de plus lorsque l’on va se divertir au cinéma ?

Vaughn convoque des piliers du cinéma anglais : Colin Firth donc, dans son premier rôle d’action pure, au centre de scènes de combats homériques, Michael Caine en chef de l’agence des Kingsman, toujours aussi distingué ou encore Mark Strong impeccable en petit génie des gadgets et de l’informatique, s’en donnent à cœur joie, épaulés par le très prometteur Taron Egerton, aussi à l’aise en rebelle venu des quartiers populaires anglais qu’en costume trois-pièces. Face à tout ce beau monde, un Samuel L. Jackson d’anthologie en méchant haut en couleurs, affublé d’un particularisme savoureux dont on laissera la surprise. Et les femmes dans tout ça? Sofia Boutella qui coupe littéralement ses proies en deux et Sophie Cookson qui est le pendant du personnage de Taron Egerton se partagent la tâche de féminiser un univers particulièrement masculin. La mise en scène de Vaughn, fluide et sans temps mort, met en valeur des séquences d’actions réussies, portées par un scénario solide et plus profond qu’il ne peut y paraître au premier abord. Kingsman : Services Secrets, en plus d’en laisser plein les mirettes, ose un humour trash certes pas toujours très fin, mais qui fait mouche à chaque fois. Surtout, le film attaque de front toutes ses références, James Bond en-tête, pour mieux s’en détacher en redéfinissant ses propres règles et sa propre identité, jeune, rythmée, équilibrée et, in fine, unique en son genre. Le début, on l’espère, d’une franchise dont on a très envie de voir la suite ! Un grand cru 2015 !