SYNOPSIS: Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n’a d’autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n’est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l’attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d’un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du cosmos…
Jupiter Ascending est assurément l’un des blockbusters les plus ambitieux et guettés de l’année. Primo, le blockbuster des Wachowski, annoncé au départ en juillet dernier, sort finalement sur les écrans en février 2015, soit près de sept mois après la date initialement prévue. Officiellement annoncé par la Warner avec la garantie de pouvoir peaufiner à temps les effets numériques nombreux et d’offrir de fait un spectacle mémorable ; officieusement, certaines mauvaises langues y voyaient déjà un « sabordage » du studio qui ne croyait pas en son produit. Mais ne nous y trompons pas, il serait absurde de penser qu’une major ait dépensé plus de 150 millions de dollars dans un film-événement sans avoir un minimum réfléchi à cet investissement en amont. L’autre raison est économique certes, mais il s’agissait probablement d’une volonté de Warner de « s’éloigner » dans le calendrier des sorties de Transformers 4 et Les Gardiens de la Galaxie, cartons quasi assurés. Secundo, Jupiter Ascending est réalisé donc par Andy et Lana Wachowski (la trilogie Matrix, Speed Racer, Cloud Atlas) deux auteurs au sens le plus noble du terme : des créateurs d’univers singuliers et inspirés, truffés de motifs cinématographiques inventifs et récurrents, de thématiques variées et traitées en profondeur avec un sens inné de la dramaturgie, de personnages travaillés et étoffés à travers leurs caractérisations et leurs évolutions. Leurs films forment évidemment un tout cohérent sur tous les plans. Rappelons aussi qu’Andy et Lana Wachowski ne sont pas uniquement de formidables conteurs d’histoires, mais également de réels visionnaires sur le plan formel, repoussant les limites technologiques à chaque nouvelle mouture. Chacun de leurs films sont ainsi scrutés dès leur mise en chantier. Tertio, Jupiter Ascending met en scène un casting aux petits oignons avec les comédiens les plus prometteurs sur le marché actuel : Channing Tatum, Mila Kunis, Eddie Redmayne, Sean Bean, Douglas Booth, James d’Arcy, Bae Doona et Tuppence Middleton forment ainsi la distribution prestigieuse du long-métrage. Enfin, pour mettre en boite leur space-opéra dantesque, les Wacho’s se sont attachés les services des plus talentueux techniciens contemporains. L’excellent Michael Giacchino compose la musique, tandis que l’éclairage est signé John Toll et le montage Alexander Berner (la photographie sublime et le montage titanesque de Cloud Atlas, c’était eux).
Deux ans après le chef d’œuvre karmique Cloud Atlas, voilà donc en salles Jupiter Ascending, récit extraordinaire de Jupiter Jones, une immigrée russe qui gagne sa vie en nettoyant des toilettes et amenée à rencontrer Caine, un ancien chasseur de primes interplanétaire conçu artificiellement et venu sur Terre pour retrouver sa trace. Jupiter va alors comprendre sa destinée : son ADN peut faire d’elle le leader de l’univers. Une petite révolution visuelle, comme le fut en son temps Matrix. Voilà en gros les premiers mots qui viennent en tête en sortie de projo. Les Wacho’s s’en sont de nouveau donnés à cœur joie et sans prétention (chose rare à Hollywood pour être soulignée) pour matérialiser leurs ambitions artistiques les plus folles, sans limites et offrir un spectacle total à leur audience. Inspirés par la culture nippone, Andy et Lana Wachowski puisent leurs influences aussi bien dans leurs propres univers (Matrix surtout) que dans les contes intemporels et universels (Blanche-Neige au premier plan, mais aussi Le petit chaperon rouge, Cendrillon…) et proposent des combats dantesques sur fond d’aventure spatiale aux enjeux limpides. Jupiter Ascending éblouit la rétine à chaque plan et témoigne d’une ampleur vaste, presque sans précédent au cinéma dans ce domaine ! Sur le plan scénaristique, si l’on admet que la trame est basique au premier abord (romance entre une Terrienne et un être hybride, accomplissement d’une destinée), elle permet surtout aux Wacho’s d’enrichir et d’approfondir leurs thématiques de prédilection, tout en procédant à un renouvellement de fond important : un élu, un voyage existentiel, une société qui menace l’équilibre des héros … cela rappelle évidemment Matrix (et à fortiori l’un des segments de Cloud Atlas), mais ici dans des modalités inversées puisqu’il est question d’un combattant homme chargé de dénicher une élue femme. On suit ainsi l’émancipation d’une femme qui délaissera peu à peu sa vulnérabilité pour accepter son héritage auprès d’une puissante dynastie extra-terrestre – une fratrie composée de deux frères et d’une sœur – responsable de sa propre création. Une intrigue sans fioritures, totalement dans l’air du temps, bien que faisant référence à des récits anciens.
Le récit est linéaire, mais doté d’un crescendo narratif parallèle à l’évolution des héros et de la gradation de l’action. Ainsi, on passe d’une course-poursuite épique et vertigineuse entre le ciel et la terre de Chicago (une ville qui prend décidément cher au cinéma, cf Transformers 3) à des affrontements titanesques dans l’espace avec une grande fluidité au fur et à mesure que Jupiter gagne en courage et en détermination. Rajoutez à cela quelques délectations subversives ici et là (comme ils en pleuvaient dans Matrix et Speed Racer) – défiance d’un Empire dont le leader suprême revendique une doctrine néo-libérale, opposition des 1% des êtres qui possèdent la plupart des richesses du cosmos aux 99% pauvres restants, seulement bons à être « moissonnés » une fois parvenus à maturité – et vous obtiendrez une philosophie mûre et abondante de réflexions comme Andy et Lana ont en le secret. On reconnaît d’ailleurs indéniablement dans les éléments sus-mentionnés la patte Wachowski (rappelez-vous la critique des multinationales dans Speed Racer). On salue par ailleurs l’astucieux bascule des genres dont ils font preuve en alternant avec facilité la romance, la SF spatiale, le conte, ainsi que leur sens du découpage et du cadre.
Certes, l’histoire apparaît moins fouillée et puissante que celles de la trilogie Matrix ou de Cloud Atlas, mais la richesse visuelle est telle qu’il est impossible de bouder son plaisir face à l’écran. Si l’on en prend plein la vue, c’est aussi et surtout grâce à l’incroyable travail pictural de John Toll qui s’amuse comme un farfadet à composer des plans d’une beauté foudroyante, tandis que les Wacho’s drivent à merveille l’équipe chargée des effets visuels afin de nous couper le souffle. Que dire de la direction artistique sinon qu’elle est sublime et là encore, dotée d’une profusion de détails (décors somptueux, accessoires imaginatifs, bestiaire foufou …). Michael Giacchino compose une partition magnifique, en parfaite phase avec les images. Le bémol qui empêche Jupiter Ascending d’accéder au statut de chef d’œuvre provient peut-être de son casting avec un couple Mila Kunis / Channing Tatum un peu fade – la romance est clairement le point faible du film – et un Eddie Redmayne excentrique et manquant cruellement de charisme. Le reste du casting fonctionne plutôt bien dans l’ensemble avec une mention pour la jolie Tuppence Middleton qui tient la dragée haute à ses partenaires. Deux ans après l’épopée Cloud Atlas, les Wachowski nous embarquent aujourd’hui dans un voyage intergalactique dément et spectaculaire qui foisonne d’idées. Andy et Lana redonnent totalement ses lettres de noblesse au space-opéra.
Titre Original: JUPITER ASCENDING
Catégories :Critiques Cinéma
Je ne pensais vraiment pas pouvoir être d’accord avec ta critique mais, en fait : tout pareil. J’en ai pris plein les mirettes!
Mon dieu, le pire film que j’ai vu au cinéma cette année ! Scénario ultra plat, Kunis pas crédible du tout, je n’aime pas les maquillages, les costumes, les courses poursuites… Je ne suis jamais réellement rentré dans ce « Space Opéra » pour teenagers… Extrêmement déçu par les brothers
Pour moi,les meilleures de sa filmographie matrix et cloud atlas,on n’attendra celui-là.