MEN WOMEN & CHILDREN (Critique)

Par Fred Teper le décembre 9, 2014 • ( Poster un commentaire )

SYNOPSIS: Men, Women & Children brosse le portrait de lycéens leurs rapports, leurs modes de communication, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et leur vie amoureuse. Le film aborde ainsi plusieurs enjeux sociétaux, comme la culture des jeux vidéo, l’anorexie, l’infidélité, la course à la célébrité et la prolifération de contenus illicites sur Internet. Tandis que les personnages s’engagent dans des trajectoires, dont l’issue est parfois heureuse et parfois tragique, il est désormais évident que personne ne peut rester insensible à ce bouleversement culturel qui déferle sur nos téléphones, nos tablettes et nos ordinateurs.
Avec Ansel Elgort, la star de « Nos étoiles contraires ».

Rien de plus difficile que de parler de l’impalpable, de ces multi connexions que le monde moderne nous permet de nouer, nous faisant à la fois miroiter un anonymat et une sécurité toutes relatives. Difficile de raconter comment le virtuel a peu à peu pris la place du contact de la peau, comment des sentiments pour un homme ou une femme ont cédé le pas au fantasme incarné par la permissivité du net. Comment montrer également la peur d’un parent souhaitant éviter que son enfant ne tombe sous les fourches caudines des prédateurs qui pullulent sur la toile? Sous le vernis d’un film choral qui pointe son microscope sur un microcosme dans lequel une poignée d’individus évolue dans une réalité augmentée par leur appartenance aux réseaux sociaux les plus variés, le prolifique Jason Reitman continue d’explorer la société américaine sous son regard caustique. Après un passage par l’histoire d’amour avec le très beau Last Days of Summer, le cinéaste reprend le fil d’une filmographie cohérente et homogène. Avec une mise en scène classique et efficace, le réalisateur parvient à faire passer à la fois l’émotion et son propos est habilement démontré à l’écran par l’incrustation de sms ou de mails.

Chacun des personnages représente une facette de l’utilisation d’internet et par là même des modifications comportementales amenées par l’avènement des réseaux sociaux. D’une relation adolescente pure et sincère pervertie par les traumatismes causés par des parents protecteurs à l’usure d’un couple qui découvre les sites de rencontres pour se sentir revivre en passant par un ado adepte du porno en ligne à l’extrême à l’utilisation du net comme mise en valeur des charmes d’une ado par sa propre mère, chaque expérience met en perspective à la fois les dangers mais également l’incommunicabilité créée par la virtualité. Les limites du film est qu’il ne démontre surtout que les côtés négatifs et addictifs d’internet et que les côtés positifs sont trop passés sous silence. Du coup la chronique qui se déroule sous nos yeux prend parfois l’allure d’une charge contre la modernité. Malgré cela, le film démontre une sensibilité certaine et grâce à sa distribution très talentueuse, l’émotion affleure à de multiples reprises. Adam Sandler, Dean Norris, J.K Simmons, Dennis Haysbert, ou encore l’excellent Ansel Elgort côté hommes, Judy Greer, Rosemarie DeWitt, Jennifer Garner entre autres côté femmes, chacun a une intéressante partition à jouer même si certains clichés ne sont pas évités. Malgré ces quelques réserves, Men, Women & Children est une peinture juste et cynique de l’époque et des dangers de nos vies virtuelles sur nos réalités.