SYNOPSIS: Interventions retrace le quotidien du docteur Lucas, gynéco-obstétricien et chirurgien pédiatrique, exerçant dans un hôpital public parisien. Le charismatique Anthony Delon incarne ce héros ambigu, ancien enfant de la DDASS devenu médecin renommé, à la personnalité rebelle. A ses côtés, Fanny Cottençon s’est glissée dans le rôle de la chef de service, et l’américain Michael Massee joue le peu sympathique docteur Monfort. Marius Colucci campe le médecin Prespo et de jeunes actrices talentueuses forment l’escadron professionnel du docteur Lucas. Parmi elles, la pétillante Charlotte Gaccio, qui endosse, grâce à son personnage d’aide-soignante, son premier rôle récurrent à la télévision.
La série médicale n’est pas un genre aussi rebattu en France qu’aux États-Unis. Peu d’essais et, hormis H, la sitcom avec Jamel Debouzze et Eric et Ramzy, peu de réussites. La dernière tentative du genre, L’hôpital, déjà sur TF1 en 2009, s’était soldé par un flop retentissant, de ce qui ressemblait à un ersatz de Grey’s Anatomy transposé dans nos contrées, le talent d’écriture de Shonda Rhimes en moins. Interventions, co-production entre TF1 Production et Gaumont Télévision prend le pari de raconter le quotidien d’une maternité en choisissant l’angle de la crédibilité et en s’inspirant de cas réels. Plusieurs médecins et sages-femmes ont collaboré à l’écriture afin de renforcer la plausibilité d’un projet dont la dimension humaine semble être l’une des principales caractéristiques. Porté par un Anthony Delon charismatique qui retrouve un rôle de premier plan dans une série près de dix ans après Trois Femmes … Un soir d’été, les six épisodes de 52 minutes d’ Interventions sont réalisés par Eric Summer (Interpol, Mademoiselle Joubert…). Or si ce dernier évoque une bible très décalée, dans l’esprit d’une série comme Nurse Jackie, autant dire que les premiers épisodes surprennent au contraire par leur aspect extrêmement traditionnel et qui ne parviennent pas une seconde à éviter les poncifs. La crédibilité, quand à elle, si elle n’est guère prise en défaut lors des actes médicaux à proprement parler (bien que rien ne heurte la rétine), pâtit de la justesse de certaines situations, voire de plusieurs invraisemblances (un exemple parmi d’autres: Anthony Delon torse nu dans les couloirs de l’hôpital pour qu’un bébé ressente le contact de la peau…) empêchent la série de fonctionner complètement. Et le spectateur d’y adhérer pleinement.
De plus, l’ensemble souffre d’un manque de rythme patent et les intrigues périphériques aux problèmes médicaux n’arrangent rien. On s’ennuie ferme devant Interventions, série datée et qui se voit obligé de se raccrocher sur ses deux derniers épisodes à une pseudo intrigue criminelle pour tenter de réveiller le spectateur. Cet artifice ne parvient malheureusement pas à susciter notre intérêt. Si la série bénéficie d’une production soignée et d’une mise en scène efficace à défaut d’être inspirée, elle pêche aussi par son écriture franchement aléatoire et certains dialogues frisent le ridicule. De plus, si Anthony Delon et Marius Colucci parviennent à tirer leur épingle du jeu, malgré des personnages stéréotypés, le reste de la distribution est moins convaincante ce qui n’aide pas à avoir l’empathie nécessaire. C’est dommage que l’on ne parvienne pas en France à tirer parti de nos erreurs car la série lorgne trop vers ses prestigieux alter-ego étrangers (Urgences notamment) sans assumer cette filiation. Et ce qui pourrait être totalement légitime si cela était revendiqué comme tel, ne fonctionne pas, car à trop vouloir s’affranchir de ses modèles et s’inventer un destin personnel, Interventions rate le coche et s’affirme comme une erreur de diagnostic de la part de TF1. La chaine devrait avoir du mal à défendre totalement une série qui se veut consensuelle et qui n’invente rien, et à l’heure où la fiction française ose de plus en plus se mettre en danger, ce manque de prise de risque a tout d’une fausse couche.
