Critiques Cinéma

COLT 45 (Critique)

3,5 STARS TRES BIEN

colt 45 affiche

Le tweet de sortie de projo:

tweet colt 45

SYNOPSIS: Armurier et instructeur de tir à la Police Nationale, Vincent Milès est expert en tir de combat. À seulement 25 ans, ses compétences sont enviées par les élites du monde entier mais dans la plus grande incompréhension de la part de ses collègues, Vincent refuse obstinément d’intégrer une brigade de terrain. Son destin bascule le jour où il fait la connaissance de Milo Cardena, un flic trouble, qui va l’entraîner dans une incontrôlable spirale de violence, plaçant Vincent au centre d’une série d’attaques à main armée, de meurtres et d’une féroce guerre des polices opposant son parrain, le commandant Chavez de la BRB, à son mentor, le commandant Denard de la BRI. Pris au piège d’une véritable poudrière, Vincent n’aura pas d’autre choix qu’embrasser son côté obscur pour survivre…

On a déjà dit que le paysage du polar français n’était plus ce qu’il était, lorsqu’au firmament des années 70 et 80, il trouvait son apogée dans des films radicaux et décomplexés qui n’étaient pas toujours des séries B uniquement destinés au divertissement. Si quelques films parvinrent à perpétuer cet état d’esprit dans les années qui suivirent, à savoir l’efficacité d’un Robin Davis (La guerre des polices), la violence crue d’un Bob Swaim (La balance), la patte documentée d’un Tavernier (L627), l’efficacité et l’amour du genre d’un Corneau (Le choix des armes, Le cousin...) le polar finit par devenir moribond jusqu’à ce que le réalisme désenchanté d’un Olivier Marchal (36, MR73, Les Lyonnais) ou l’efficacité dans l’action d’un Fred Cavayé (A bout portant, Mea Culpa…) finissent par trouver le cœur des cinéphiles. Aujourd’hui entre deux surprises qui font office d’arbres pour cacher la forêt, le polar urbain, violent et stylisé est devenu par chez nous une denrée suffisamment rare pour ne pas être particulièrement heureux lorsqu’un film réussi et totalement inattendu pointe le bout de son nez.

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Colt 45, prototype même du film de commande qui échappe à son réalisateur est, malgré ses évidentes carences, un vrai polar, percutant, sec et violent, qui témoigne d’une maitrise insolente de l’image de la part du belge Fabrice Du Welz (Calvaire, Vinyan…). Produit par la société de Thomas Langmann, La Petite Reine, Colt 45 n’a visiblement pas plu en haut lieu et se retrouve donc balancé en catimini par son nouveau distributeur, la Warner, le film étant clairement sacrifié sur l’autel de l’indifférence et de l’absence totale de promotion. Si l’on sent bien qu’il y a eu charcutage au montage et que des ellipses apparaissent criantes pour satisfaire à une relative efficacité, il n’en demeure pas moins que Colt 45 possède d’indéniables qualités. Écrit par Fathi Beddiar, un ancien journaliste du magazine Mad Movies, spécialiste du film policier, Colt 45 reprend des thèmes souvent vus comme la guerre des polices ou la manipulation puis la vengeance mais il conserve son parti pris de noirceur sous-jacente et sa tonalité radicale de bout en bout annihilant ainsi son potentiel émotionnel mais restant droit dans ses bottes.

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Avec une véritable générosité pour filmer des scènes de fusillade qui suivent l’évolution du personnage principal en montant crescendo en intensité, Fabrice Du Welz témoigne d’un talent bien vivace, sublimé par une lumière très travaillée signée Benoît Debie. Esthétiquement marqué, bénéficiant visuellement d’une hargne et d’une violence brutes qui ne cèdent jamais à des affèteries stylisées, Colt 45 va droit à l’essentiel sans s’encombrer du superflu. Si le film s’avère si efficace grâce à ce montage au scalpel, il fait forcément l’économie de ses seconds rôles multiples et malheureusement trop peu présents quand ils ne sont pas réduits à peau de chagrin. Mais en se concentrant sur la trajectoire de son personnage central et en conservant cette ligne directrice, Colt 45 reste totalement cohérent

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En s’entourant d’un casting solide mené par des comédiens chevronnés habitués du genre, Fabrice Du Welz pouvait se permettre de confier le rôle principal à un jeune comédien qui ne pouvait que s’épanouir si bien entouré. Car, si Gérard Lanvin, Joey Starr, Simon Abkarian ou encore Alice Taglioni sont clairement dans des registres dans lesquels on les a déjà vus et si leurs interprétations n’ont rien d’innovantes, ils font le job avec une efficacité jamais prise en défaut. Tout le reste de la distribution fait aussi la part belle à de vraies gueules comme Jo Prestia ou Philippe Nahon, qui bien que dans des rôles courts ou anecdotiques ne passent pas inaperçus. Mais celui qui attire tous les regards et qui embrase littéralement l’écran en dévoilant une nature et un talent hors normes, c’est Ymanol Perset. Le jeune comédien qui bascule de l’ange au démon, est le catalyseur de ce film, dont les affres de la production ne doivent pas faire oublier qu’il est pétri de qualités. S’il semble quasi impossible de voir un jour un director’s cut de Colt 45, la carrière de Fabrice Du Welz que l’on surveillait du coin de l’œil est désormais à suivre avec beaucoup d’attention.

colt 45 affiche mini

Titre Original: COLT 45

Réalisé par: FABRICE DU WELZ

Casting: Gérard Lanvin, JoeyStarr, Ymanol Perset

Alice Taglioni, Simon Abkarian, Jo Prestia...

Genre: Thriller

Sortie le: 06 août 2014

Distribué par: Warner Bros. France

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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