Critiques Cinéma

MAPS TO THE STARS (Critique)

CANNES 2014 AFFICHE MINI

selection officielle

EN COMPETITION

 3,5 STARS TRES BIEN

maps to the stars affiche

Le tweet de sortie de projo:

tweet maps to the stars

SYNOPSIS: A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide  à se réaliser en tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.

David Cronenberg, c’est avant tout la sexualité, l’étude du cerveau humain, le corps comme terrain d’expérimentation, la médecine, la psychanalyse, la contamination machinal-organique, l’amour pour les monstres, la métamorphose, le pouvoir alliénant des médias et des outils de communication. Bref, beaucoup de choses. De Chromosome 3 à La Mouche, en passant par Videodrome, Faux-Semblants, Crash ou encore eXistenZ, le cinéaste canadien s’est constitué une filmographie dorée, faite d’œuvres uniques, singulières, transgressives, déstabilisantes mais cohérentes, naviguant régulièrement entre horreur et science-fiction. Décrié pour son virage thématique, réalisé courant 2005 avec la sortie du pourtant génial A History of Violence – très sombre et inquiétant – David Cronenberg a baissé dans l’estime des critiques. Les Promesses de l’Ombre, Cosmopolis et dernièrement A Dangerous Method n’ont rien arrangé si bien que Maps to the Stars, son nouveau film adapté d’un roman, joue dans ce contexte un rôle quasi rédemptoire. Très attendu, ce long-métrage est présenté en compétition officielle au festival de Cannes 2014.

maps to the stars 1Après avoir dépeint le déclin d’un riche homme d’affaires dans Cosmopolis, Cronenberg s’attaque aujourd’hui à Hollywood. Plus exactement, il dresse un portrait peu reluisant des habitants de l’usine à rêves et de ceux qui aimeraient en faire partie. À cet effet, ça s’ouvre plutôt bien, le réalisateur fait feu de tout bois dans les 15 premières minutes avec le sarcasme qu’on lui connaît, en tirant sur tout ce qui bouge – et même sur lui, dont des auto-références avec la présence de Pattinson dans une limousine ou de Jung, cité par Cusack – à coups de name-dropping, de clins d’œil bien placés et d’expositions de personnages détestables (un enfant star capricieux ayant dégringolé à l’adolescence façon Macaulay Culkin, pris dans une spirale infernale de provoc et d’autodestruction, un chauffeur de limousines ambitieux, une quinquagénaire qui aimerait bien s’offrir un vertigineux come-back, un gourou télé barjo). À ce rythme, on y croit. Dans cette cacophonie, arrive une jeune femme blonde interprétée par la brillante Mia Wasikowska, le visage partiellement brûlé, la haine dans le regard. Aucun doute, elle vient régler ses comptes, et même si cela doit à nouveau passer par un brasier. La désillusion la plus totale, l’ambition de Cronenberg clairement affichée à travers cette entrée (l’affiche du film corrobore d’ailleurs cette pensée).

maps to the stars 2Sauf que l’intelligente présentation à laquelle on a assisté ne sert jamais réellement le récit ensuite. Et David Cronenberg peine à habiter son film de personnages intéressants. Ils se réduisent souvent à des pantins, aux fonctions très basiques et faisant office de remplissage. Cela étant dit, une autre lecture du film – le star-system est habité de personnalités vides et insignifiantes – prend dès lors tout son sens. À l’instar de The Player – film de Robert Altman cité par Thierry Frémaux lors de l’annonce de la sélection, on comprend désormais pourquoi – David Cronenberg s’amuse ainsi des travers hollywoodiens, livre un jeu de massacres où rien ni personne n’est épargné. L’auteur n’a pas froid aux yeux, versant parfois un poil trop dans la caricature, jusqu’à atteindre un paroxysme, en offrant aux spectateurs son lot de scènes chocs. Il pousse à fond tous les curseurs du vice : avidité, manipulation, avarice, arrogance, égocentrisme, sadisme, histoires familiales tordues, et à ce titre, son Maps to the Stars se décline en une sorte de film choral tragi-comique où il dénonce avec une férocité implacable le Hollywood cynique et sans pitié. On aime ou on déteste. Pas de juste milieu, mais simplement une route toute tracée vers l’enfer et le chaos. Maps to the Stars nihiliste et désespéré ? Il faut croire que oui.

maps to the stars 3Du côté technique, on pourrait parler longuement de la mise en scène assez clinique et envoûtante, même si parfois en retrait pour laisser exister les monstres (la patte Cronenbergienne est bien là, il faut juste chercher) mais il faut impérativement saluer en premier lieu l’ensemble du casting, qui remplit à merveille le cahier des charges. À commencer par Julianne Moore, excellente en actrice vieillissante assoiffée de reconnaissance, prête à tout pour y parvenir, quitte à oublier le sens moral des choses (un rôle assez similaire à celui de Robin Wright dans Le Congrès, bien que radicalement opposé dans la façon d’exister). Elle est écrasée par le fantôme d’une mère plus culte qu’elle et n’a d’autres choix que de manipuler, mentir, trahir pour parvenir à ses fins. Fatalité quand tu nous tiens. La révélation masculine est indéniablement Evan Bird, qui campe le Macaulay Culkin de Maps to the Stars. L’acteur fait preuve d’une maturité saisissante pour son âge et d’un savoir-faire de haute voltige dans la gestion du rôle, pourtant pas évident à négocier. Enfin, Mia Wasikowska est parfaite en jeune schizo en proie aux tourments de sa vie passée. Qu’est-elle réellement ? Que veut-elle ? Comment peut-elle exister dans ce monde si vachard ? David Cronenberg est de retour à Cannes, après avoir raflé le prix du Jury en 1996 pour Crash, avec Maps to the Stars, en lice pour la Palme d’Or. La complexité est peu visible au départ, mais n’ayez crainte de goûter à cette farce hollywoodienne, jamais avariée.

maps to the stars affiche miniTitre Original: MAPS TO THE STARS

Réalisé par: DAVID CRONENBERG

Casting: Julianne Moore, Evan Bird, Mia Wasikowska,

Robert Pattinson, John Cusack, Olivia Williams…

Genre: Drame

Sortie le: 21 mai 2014

Distribué par : Le Pacte

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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