Critiques Cinéma

DE GUERRE LASSE (Critique)

3,5 STARS TRES BIEN

de guerre lasse affiche

Le tweet de sortie de projo:

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SYNOPSIS: Alex, fils d’un caïd pied-noir marseillais, s’est engagé dans la Légion pour échapper à un règlement de compte avec la mafia Corse… 4 ans plus tard, Alex déserte et revient sur Marseille pour retrouver Katia, son amour de jeunesse. Mais en ville les rapports de force ont changé : son père s’est retiré des affaires, laissant les Corses et les gangs des Quartiers Nord se partager le contrôle de la ville.La détermination d’Alex va bouleverser cet équilibre fragile au risque de mettre sa famille en danger…

Après le très discret Sans Moi en 2007 le réalisateur Olivier Panchot s’attaque avec De Guerre Lasse au film de genre. Intention extrêmement louable, surtout lorsque l’on sait que ce type de films est tombé en désuétude malgré l’acharnement de certains auteurs plus que respectables comme Olivier Marchal par exemple à le maintenir en vie. De manière frontale, en mettant en scène le retour sur Marseille d’Alex, interprété par l’excellent Jalil Lespert, le fils d’un ancien caïd local, Olivier Panchot va orchestrer avec le retour de cet homme toute une histoire aux ramifications diverses et variées, qui aura pour effet d’entraîner une série d’évènements dont personne au final ne sortira indemne. De guerre lasse est un film noir, dur et âpre, qui laisse s’installer les silences avant que la violence ne vienne éclater avec furie à plusieurs reprises, le tout sur fond de secret de famille.

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Plus qu’un véritable polar, le film devient très vite une tragédie familiale de grande ampleur qui convoque à la fois la communauté pied-noir, la Mafia Corse et fait des références explicites à la Guerre d’Algérie, et à l’anonymat injuste et terrible dont bénéficient ceux qui sont revenus des combats qu’ils ont livrés en Afghanistan.  Sous-jacentes, les rivalités entre les clans, les luttes de pouvoir sur fond de vengeance, entraînent le film sur le terrain du film de gangsters, mais la véritable intention du cinéaste est de parler de la famille et des secrets enfouis ainsi que de l’impact que ces révélations peuvent entraîner. Du coup, le spectateur est d’emblée plongé dans un univers dans lequel chacun joue son va-tout et où les noirceurs de l’âme humaine se confrontent et se télescopent.

DE GUERRE LASSE 2Le cinéaste y filme la ville de Marseille, très loin des images d’Epinal que l’on peut en avoir. C’est sombre et extrêmement glauque par moments par le biais d’une photographie qui dénie un côté de la ville plus ensoleillée. Que ce soit les quartiers Nord où les oppositions sont très marquées ou des lieux plus touristiques, la ville de Marseille devient un véritable personnage du film, concourant à exacerber le côté noir du long métrage. L’ambiance de la ville y est retranscrite à merveille par le concours d’images léchées et superbement cadrées, ce qui n’est pas des plus courants dans ce type de production et ces décors naturels confèrent au film un réalisme encore plus prégnant. Privilégiant à la fois la force des images et l’âpreté des dialogues à une action tonitruante (ce qui n’exclue pas quelques scènes de violence cinglante), Olivier Panchot suit sans jamais dévier de sa route, une ligne directrice très claire.

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Olivier Panchot ne cache pas son admiration pour James Gray et s’il est très loin d’atteindre la puissance émotionnelle du réalisateur de La nuit nous appartient, ses intentions et références sont claires, d’autant plus lorsque les secrets de famille se dévoilent peu à peu. Tragédie familiale, film noir, âpreté dans l’interprétation et la réalisation, De Guerre Lasse laisse peu de place à une respiration apaisée. De Tchéky Karyo, parfait en patriarche qui a renoncé au crime par amour en passant par Jalil Lespert, plein de fureur rentrée qu’il laisse éclater parcimonieusement, en passant par la grâce de la magnifique Sabrina Ouazani, la dignité de Hiam Abbass ou la justesse de jeu de l’impeccable Mhamed Arezki (à des années lumière de son rôle dans la série Les Bleus), De Guerre Lasse, excepté un rythme parfois un peu lent, est une vraie réussite. On est d’autant plus curieux de voir quel sens va désormais emprunter la carrière de Olivier Panchot.

de guerre lasse affiche miniTitre Original: DE GUERRE LASSE

Réalisé par: OLIVIER PANCHOT

Casting: Jalil Lespert, Tchéky Karyo, Sabrina Ouazani,

Mhamed Arezki, Hiam Abbass, Jean-Marie Winling…

Genre: Drame

Sortie le: 7 Mai 2014

Distribué par : SND

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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