Le tweet d’après visionnage:
SYNOPSIS: New York, 1974. Chris, la cinquantaine, est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison pour un règlement de compte meurtrier. Devant la prison, Frank, son jeune frère, un flic prometteur, est là, à contrecœur. Ce ne sont pas seulement des choix de « carrières » qui ont séparé Chris et Frank, mais bien des choix de vies et une rivalité depuis l’enfance. Leur père Léon, qui les a élevés seul, a toujours eu pour Chris une préférence affichée, malgré les casses, la prison… Pourtant, Frank espère que son frère a changé et veut lui donner sa chance : il le loge, lui trouve un travail, l’aide à renouer avec ses enfants et son ex-femme, Monica. Malgré ces tentatives, Chris est vite rattrapé par son passé et replonge. Pour Frank, c’est la dernière des trahisons, il ne fera plus rien pour Chris. Mais c’est déjà trop tard et le destin des deux frères restera lié à jamais.
Guillaume Canet est un réalisateur passionnant. En l’espace de quatre films dont deux gros succès publics (Ne le dis à personne et Les petits mouchoirs), il a commencé non seulement par bâtir une œuvre à la fois ambitieuse et populaire, mais il excelle aussi à faire de vraies propositions de cinéma, diversement appréciées par une presse toujours encline à lui tirer dessus à boulets rouges. S’il n’est pas non plus un martyr, le metteur en scène a souffert de l’accueil désastreux de Blood Ties au dernier Festival de Cannes où le film a essuyé une véritable curie, l’obligeant à remettre son ouvrage sur le métier et à accoucher d’un nouveau montage qui sera celui visible en salles. On comprend ce qui a pu attirer Guillaume Canet dans un projet comme celui-ci, lui qui faisait déjà partie comme comédien de l’aventure du film original (Les liens du sang – Jacques Maillot – 2008)! La perspective d’un gros film américain mâtiné de l’ambiance des polars seventies dont le réalisateur est friand, avec un casting ultra hype et l’aide pour la réécriture du script d’un maître en la matière, James Gray (The Yards, La nuit nous appartient…) pour qui les arcanes familiales et l’ampleur des tragédies qu’elles génèrent n’ont aucun secret. Tout était propice à un vrai thriller nerveux, qui servirait de révélateur aux relations complexes qu’entretiennent les personnages.
Le film partait donc sur des bases plus que solides, aussi la déception à l’arrivée n’en est que plus amère. Car si l’ensemble est extrêmement convaincant dans sa reconstitution, dans la peinture d’un univers noir et âpre et dans la caractérisation d’une galerie de personnages assez fascinants, le remontage du film n’aura pas permis de l’expurger de son rythme lancinant, voire carrément anesthésiant et de ce mal fou à enclencher la première. Contemplatif et passif, Blood Ties ne parvient ni à être épique, ni à susciter l’émotion et chaque possible montée en puissance est comme arrêtée en plein élan, si ce n’est sur une dernière demi-heure qui réunit enfin la conjonction de tous les paramètres nécessaires à une fresque de haute volée. Le film fait les frais de trop vouloir suivre un récit à la sobriété appuyée, ce qui du coup nuit à son développement dramatique. C’est d’autant plus dommage que le talent de mise en scène de Guillaume Canet est toujours là, bien présent mais que, peut-être ployant sous le poids d’un gros film américain à l’envergure déstabilisante, il ne se soit un peu emballé.
Ce gros bémol sur le rythme empêche une adhésion totale, alors que le film est pourtant pétri de bonnes intentions et d’un amour du cinéma et du genre dans lequel il s’ancre, qui transparait littéralement de l’écran. Un manque patent d’ampleur dans des séquences qui restent très en deçà de leur potentiel émotionnel finit par inhiber le récit et par lui conférer un aspect quelque peu redondant. Il convient malgré tout d’insister également sur les points positifs de l’entreprise. Déjà la fierté pour Guillaume Canet d’avoir traversé l’Atlantique et d’avoir mené à bien son projet alors que tout dans le système du cinéma américain, hormis le rêve qui lui est associé, aurait pu le conduire à abandonner et le faire rentrer en France où tous les honneurs lui étaient promis. Et cette réalisation qui, bien que souffrant de ce rythme sinusoïdal, abrite parfois en son sein des embryons d’élégance et de panache qui ne demandaient qu’à s’épanouir.
Au delà de toutes ces réserves, Blood Ties finit par nous emporter dans son sillage dans une dernière demi-heure où l’intrigue se resserre et où le destin des personnages se noue. Grâce aux acteurs exceptionnels que Canet a eu l’heureuse idée de prendre, son film a par instants l’éclat d’un diamant brut. Clive Owen puissant et massif déploie un jeu impressionnant, entre intériorité et autorité. Face à lui, Billy Crudup signe une performance intense et inattendue. Ils sont chapeautés par le regard bienveillant d’un James Caan touchant et doivent faire face à la furie d’un Matthias Schoenaerts, animal et sauvage. Les femmes ne sont pas en reste, elles ont de vrais beaux rôles à défendre comme Mila Kunis ou Zoe Saldana ou encore à l’image d’une Marion Cotillard qui réalise une prestation de haute volée. Au final, Blood Ties manque de tranchant et d’envolées qui nous prennent aux tripes et c’est bien dommage, car lorsque Guillaume Canet suit au plus près ces destins contrariés, son film laisse entrevoir l’œuvre magnifique qu’elle n’est que sporadiquement.
DÉTAIL DES SUPPLÉMENTS
Making Of (27 mn)
Scènes coupées avec le commentaire audio optionnel de Guillaume Canet (21 mn)
Titre original: BLOOD TIES
Réalisé par: Guillaume Canet
Casting: Clive Owen, Billy Crudup, Marion Cotillard,
Zoe Saldana, Mila Kunis, James Caan, Matthias Schoenaerts…
Genre: Thriller
Disponible en DVD et Blu-ray le 09/04/2014 chez TF1 Vidéo
MOYEN
Catégories :Critique Blu-Ray, Sorties Vidéo
c’est bien le rythme neurasthénique dont tu parles qui me fait peur… à voir, peut être… j’hésite… hm…